Après Ariane Ascaride et Philippine Pierre Brossolette, Marie-Christine Barrault et Hinda Abdelaoui interprètent tour à tour la figure de l'avocate et militante Gisèle Halimi dans une pièce mise en scène par Léna Paugam à la Scala.
Adaptée de la série d'entretiens que la journaliste Annick Cojean a menée avec Gisèle Halimi et publiés aux éditions Grasset en 2020, cette mise en scène déroule la vie et les combats féministes de la célèbre avocate, de la rébellion au sein de sa famille jusqu'aux bancs de l'Assemblée nationale.
Gisèle Halimi, (née Zeiza Gisèle Élise Taïeb) était une avocate et militante féministe et femme politique franco-tunisienne. Née en 1927 à La Goulette, une ville située à une dizaine de kilomètres de Tunis, dans une famille traditionnelle, rien ne la prédestinait à ce destin. Elle s'engage dès son plus jeune âge pour la justice et les causes féministes. À dix ans, elle entame, dans sa propre famille, une grève de la faim pour protester contre les tâches ménagères qu'on lui imposait à la maison, à elle et à sa sœur ! À quinze ans, elle refuse un mariage arrangé avec un marchand d'huile.
Gisèle Halimi : « N'ayez pas peur d'être féministe ! C'est un mot magnifique ! »Dans les années 1950, elle défend des militants de l'indépendance de l'Algérie, comme Djamila Boupacha, militante du FNL accusée d'avoir tenté de commettre un attentat, torturée et violée en prison par des soldats français.
Puis, Gisèle Halimi devient très célèbre en devenant la seule avocate à signer le manifeste des 343 en 1971, un texte réunissant des femmes qui déclarent avoir déjà avorté. L'avortement était alors fortement réprimé en France. Elle défend des femmes accusées d'avortement illégal lors du procès de Bobigny en 1972, dont la jeune Marie-Claire alors âgée de 16 ans et tombée enceinte à la suite d'un viol. Trois des cinq accusées seront acquittées, une quatrième écopera d'une peine de prison avec sursis. Ce procès aura un grand retentissement et contribuera à l'instauration de la loi Veil sur l'interruption de grossesse en 1974.
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Par la suite, elle fonde le mouvement Choisir la cause des femmes aux côtés de Simone de Beauvoir. Elle tiendra un rôle déterminant sur la qualification du mot « viol » ainsi qu'à la pénalisation de ce crime. Elle militera également pour l'égalité des droits des homosexuels et pour l'abolition de la peine de mort. Proche de François Mitterrand, elle sera élue députée lors des élections législatives de 1981.
Dans cette pièce, Gisèle Halimi est interprétée par deux comédiennes : Hinda Abdelaoui et Marie-Christine Barrault.
Moi, j'ai peu été militante. Je me félicitais pour tout le travail que les militantes faisaient pour nous, les femmes. Mais je me suis toujours cachée derrière le fait qu'étant actrice, je pouvais militer à ma manière à travers les rôles que je choisissais.
Marie-Christine Barrault
Invitée : Marie-Christine Barrault, comédienne. Elle joue le rôle de Gisèle Halimi.
Marie-Christine Barrault est née en 1944 à Paris. Nièce du comédien et metteur en scène Jean-Louis Barrault, elle se consacre exclusivement au théâtre jusqu'en 1968. Elle se fait ensuite connaître dans les années 70 grâce à son rôle dans le film Cousin, cousine qui lui vaut une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice. Elle joue avec de grands réalisateurs : Eric Rohmer, Yves Robert, Woody Allen, André Delvaux, Jean-Pierre Mocky, Christophe Honoré ou encore Emmanuelle Devos.
Le spectacle Gisèle Halimi, une farouche liberté est mis en scène par Léna Paugam. Il est à voir à La Scala Paris du 2 au 31 mai 2025 pus du 5 au 27 juillet à la Scala Provence à Avignon.
Programmation musicale : l'artiste Colt avec le titre « Lionnes ».