Chronique des matières premières
Chronique des matières premières

Chronique des matières premières

Céréales, minerais ou pétrole, les ressources naturelles sont au cœur de l’économie. Chaque jour, la chronique des matières premières décrypte les tendances de ces marchés souvent méconnus.

Le marché du coton sous l'influence des États-Unis et de la Chine
04 February 2025
Le marché du coton sous l'influence des États-Unis et de la Chine

La Chine, premier importateur mondial de coton, se fournit majoritairement aux États-Unis. Mais les tensions entre les deux pays pourraient rebattre les cartes et impacter les cours mondiaux.

La Chine aura-t-elle encore une raison demain d'acheter du coton américain si la guerre commerciale fait rage avec les États-Unis ? La question est posée par Mambo Commodities, un négociant en coton, dans sa dernière note de marché datée du 3 février. Si l'empire du Milieu ne peut guère se reporter sur le coton du Xinjiang pour fabriquer fils et textiles destinés à l'Occident — l'origine est entachée de soupçons de travail forcé —, le pays a un autre fournisseur de choix, qui fait partie comme lui des Brics : le Brésil.

Si la Chine achète moins de coton américain, l'impact ira bien au-delà des tensions bilatérales : le marché du coton a une référence, et une seule, le prix du coton américain. Or, si les États-Unis voient leurs exportations baisser, leur coton verra son prix aussi tiré vers le bas et entraînera dans sa chute tous les autres cotons du monde, qu'ils soient brésiliens, africains ou australiens. 

À lire aussiLe marché du coton entre forte volatilité et manque de visibilité

Quelle surface cette année aux États-Unis ?

Au cours actuel qui tourne autour de 66 cens la livre, le coton n'est déjà pas rémunérateur, à part peut-être seulement pour les Brésiliens qui ont des coûts de production très faibles. Par peur de voir les cours baisser un peu plus, les fermiers américains pourraient réagir et décider de planter moins cette année, au profit d'une autre culture.

Les premières estimations des surfaces emblavées aux États-Unis seront connues fin février et donneront une idée de l'inquiétude qui règne dans les champs, outre-Atlantique. 

À lire aussiLes défis du coton africain face à l'explosion de la production brésilienne

Des cours difficilement tenables en Afrique

Les guerres tarifaires pourraient aggraver la « déprime » sur le marché du coton, selon les experts en matières premières du Cercle Cyclope, un marché déjà miné par une demande en déclin et l'explosion de la production au Brésil devenu le premier exportateur mondial, qui ambitionne de produire cette année 5 millions de tonnes de fibres de coton. 

Une nouvelle baisse des cours serait intenable pour les sociétés cotonnières africaines  : elles achètent cette année le coton graine, qu'elles transforment en fibre, à un prix trop élevé par rapport au cours mondial de l'or blanc qui a perdu un tiers de sa valeur en un an. Le coton ouest-africain se vend, mais à un rythme toujours ralenti, qui pâtit aussi de la mauvaise santé économique de plusieurs filatures du Bangladesh, minées par les dettes. 

À lire aussiUne campagne difficile pour le coton africain plombé par ses coûts de revient

Pression européenne de plus en plus forte contre les engrais russe
03 February 2025
Pression européenne de plus en plus forte contre les engrais russe

La Commission européenne étudie la mise en place de sanctions sur les engrais azotés russes. Une proposition de texte a été publiée le 28 janvier, et doit être maintenant examinée par le Parlement européen. C'est un exercice d'équilibriste pour l'Europe, tiraillée entre la pression exercée par les fabricants d'engrais qui réclament plus de tarifs douaniers et les agriculteurs qui eux profitent des prix bas proposés par la Russie.

Les nouvelles sanctions européennes sur les engrais russes et biélorusses prévoient une augmentation graduelle des tarifs douaniers pour arriver, au bout de trois ans, à des taxes supérieures à 50%. Ce projet, qui doit encore être voté par le Parlement européen, a pour objectif de réduire la dépendance à la Russie dans le domaine vital de la sécurité alimentaire.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les exportations russes d'Urée, de NPK ou de DAP vers l'Union européenne ont plus que doublé. Un jour sur sept désormais, les besoins en nutriments du secteur agricole français sont fournis par la Russie, selon l'Union des industries de la fertilisation (Unifa).

Des coûts de production russes « imbattables »

Pour les agriculteurs qui sont soumis aux cours du marché mondial pour vendre leurs grains, les prix pratiqués par les exportateurs russes et biélorusses sont précieux, car ultra-compétitifs, en raison de coûts de production imbattables. « L'Europe peut se fournir ailleurs, pour l'Urée, par exemple, il y a l'Égypte ou l'Algérie, mais le prix sera toujours plus élevé qu'en Russie », explique un négociant. 

La préparation de nouvelles sanctions n'est donc pas une bonne nouvelle pour les grandes filières agricoles de pays tels que la France, l'Allemagne, ou encore les Pays-Bas. C'est sans doute pour tenter de ménager les agriculteurs que les mesures proposées sont graduelles.

La Pologne alerte sur les risques de dépendance

Ces sanctions répondent en revanche à une demande des fabricants européens d'engrais tels que les géants Yara, Azoty ou encore Achema, qui souffrent des prix du gaz. Ces derniers ont été contraints, ces derniers mois, de réduire leur activité, comme le rappelle Unifa. Pour le groupe de pression Fertilizers Europe, le projet européen de nouvelles taxes doit être encore plus ambitieux.

La Pologne, qui assure la présidence du Conseil de l'UE, a clairement pris position pour la mise en place de ces tarifs douaniers supplémentaires. Elle est directement concernée et dit vouloir arrêter l'afflux de produits qui « étranglent » son industrie nationale des engrais, « menacée d'effondrement », selon le vice-ministre des finances, cité par l'agence Bloomberg.

À lire aussiLes engrais russes bon marché mettent en difficulté les producteurs européens

La Syrie peine à trouver de nouveaux fournisseurs de pétrole brut
02 February 2025
La Syrie peine à trouver de nouveaux fournisseurs de pétrole brut

Les producteurs de pétrole ne se précipitent pas pour approvisionner la Syrie. Le premier appel d'offre publié par les nouvelles autorités n'a pas reçu de réponse. Un casse-tête pour le pays qui va devoir trouver d'autres solutions pour répondre à la demande en essence, gasoil et fuel.

Pour ses besoins immédiats, la Syrie cherche à importer 4,2 millions de barils de pétrole brut ainsi que 100 000 tonnes de fuel et de diesel. Des volumes qu'elle va devoir se procurer auprès d'intermédiaires locaux, puisque les majors pétrolières ont boudé les derniers appels d'offres émis par Damas. 

Selon l'agence Reuters, certaines sources au sein de ces majors auraient avancé un manque de visibilité sur la levée des sanctions, notamment celles prises par l'Europe. L'Union européenne a ainsi déclaré lundi qu'une feuille de route pour alléger les sanctions contre la Syrie était prête, mais qu'elle prévoyait une approche graduelle et le maintien d'un cadre strict.

Les majors pétrolières préfèrent attendre 

D'autres fournisseurs de pétrole auraient été dissuadés par les conditions financières : un paiement à crédit, assorti d'une obligation pour le vendeur de déposer une somme dans une banque syrienne allant de 200 à 500 000 dollars, selon les informations de Reuters. Cette « garantie de performance » permet à la Syrie de s'assurer qu'au dernier moment le pétrole qu'elle attend ne sera pas dérouté vers une autre destination.

« La pratique est courante, explique le négociant Charles Thiémélé, directeur Afrique de la société de trading pétrolier et gazier BGN SA, et les montants demandés en dépôt n'ont rien d'exceptionnel. Ils peuvent être parfois beaucoup plus élevés dans certains pays ». Mais de fait, dans ce cas précis, la vente a été jugée trop risquée, ou assez intéressante, par les compagnies pétrolières.

Plus aucune livraison d'Iran depuis novembre

Ce désintérêt pourrait mettre en difficulté la Syrie, et compromettre sa volonté de redresser son tissu économique. Les besoins du pays en produits raffinés sont évalués entre 100 000 et 200 000 barils jour. Ils étaient largement couverts avant la guerre par une production de 400 000 barils jours de brut. Mais depuis le début du conflit en 2011, la production nationale s'est effondrée, et le pays est devenu dépendant de l'Iran pour son approvisionnement. Or plus aucune cargaison iranienne de brut n'est arrivée depuis novembre dernier, selon les données de suivi maritime du cabinet franco-belge Kpler.

La Syrie doit donc à tout prix trouver de nouveaux fournisseurs. Le risque, pour le pays, est de se retrouver à sec, et de voir rapidement les prix grimper à la pompe, ce que cherche généralement à éviter un gouvernement nouvellement installé. 

À lire aussiLa Turquie propose d'aider la Syrie à reconstruire son système énergétique sur fond d'enjeux stratégiques

La faible récolte française de blé peine à se vendre hors de l'UE
30 January 2025
La faible récolte française de blé peine à se vendre hors de l'UE

La récolte française 2024 a été l'une des plus faibles de ces quarante dernières années. Et comme si cela ne suffisait pas, la céréale française peine à se vendre. Deux des gros acheteurs de blés de l'Hexagone, l'Algérie et la Chine, sont aux abonnés absents cette année.

L'agenda des expéditions de blé, dans les ports français, est désespérément vide. Une preuve concrète de la lenteur avec laquelle la récolte s'exporte depuis le début de la campagne de commercialisation, en juillet dernier. Et pourtant, la France n'a cette année que 3,8 millions de tonnes à exporter, hors de l'Union européenne, soit 60 % de moins que d'ordinaire. Mais depuis juillet, le pays n'a pas réalisé la moitié de ses objectifs.

Le premier grand absent, c'est l'Algérie, partenaire traditionnel avec lequel les relations diplomatiques sont en dents de scie. Depuis le mois d'août, à peine plus de 30 000 tonnes sont parties vers les côtes algériennes : une goutte d'eau par rapport aux 1,8 million de tonnes de l'année dernière. 

Une source du ministère français de l'Agriculture reconnaît que « l'Algérie est quasi fermée au blé français », car bien sûr le pays achète toujours des volumes de la céréale, mais il privilégie d'autres origines, telles que la Russie. « Le pays a mis un embargo sans le nommer », regrette un négociant français, qui n'arrive même plus à vendre aux algériens du blé d'une autre origine, preuve que son statut d'entreprise français est elle-même un facteur de blocage.

Peu d'espoir de voir la Chine s'intéresser au blé français

L'autre pays qui fait défaut, c'est la Chine, dont l'économie peine à redémarrer. Le pays n'a pas acheté un grain de blé français depuis l'ouverture de la campagne alors qu'il en avait importé 2,2 millions de tonnes l'année dernière. La maigre consolation pour les exportateurs de l'Hexagone, c'est que la Chine ne s'est pas tournée massivement vers d'autres origines, pour l'instant. Il n'est pas exclu en effet qu'elle décide de privilégier un blé de proximité, le blé australien dont la récolte touche à sa fin.

Au-delà des freins économiques et politiques, le blé français pâtit cette année d'une moins bonne qualité qui impacte le travail des grains dans les moulins. Cela ne l'a pas empêché de se vendre au Maroc, devenu le premier client hors UE pour cette campagne, en Afrique subsaharienne ou encore en Thaïlande. 

Concurrence argentine 

Il reste aujourd'hui cinq mois à la France pour vendre un peu plus de deux millions de tonnes de blé. Certains espéraient que la baisse du quota d'exportation des grains russes sur la deuxième partie de la campagne – soit 11 millions de tonnes maximum entre le 15 février et fin juin – libèrerait des parts de marché pour la France, mais la concurrence s'annonce rude.

« La nouvelle récolte d'Argentine est sur le marché à des prix très compétitifs, le Kazakhstan s'est aussi manifesté ces derniers jours pour annoncer une disponibilité de 4 millions de tonnes », précise Damien Vercambre du cabinet Inter-Courtage qui résume ainsi la situation : « Il y a du blé ailleurs, de bonne qualité et à des prix plus bas que le blé français ».

À lire aussiPremier fournisseur mondial de blé, la Russie recadre ses exportations

Les importations européennes de bois de bouleau russe en plein essor
29 January 2025
Les importations européennes de bois de bouleau russe en plein essor

Le commerce illégal de bois russe vers l’Europe est en plein essor depuis le début de la guerre en Ukraine, et ce, en dépit des sanctions européennes. Selon l’ONG britannique Earthsight, spécialisée dans les enquêtes sur la criminalité environnementale et sociale, l’équivalent de 20 camions remplis de bois de bouleau entreraient chaque jour sur le sol européen.

Pendant neuf mois, l’ONG britannique Earthsight a joué aux acheteurs de bois pour rencontrer traders et exportateurs et obtenir des preuves du commerce illégal de contreplaqué de bouleau. Ce bois est de plus en plus prisé en décoration intérieure, et c'est aussi le principal bois russe qui fait l'objet d'un blanchiment à grande échelle, selon la coordinatrice de l’enquête Tara Ganesh.

Au terme de ses investigations, l'ONG a pu évaluer que, chaque jour, un volume de 700 m³ de bois de bouleau russe et biélorusse arrivait dans les ports et aux frontières de l’Union européenne. On parle d’une valeur de 1,5 milliard d’euros de contreplaqué de bouleau qui aurait franchi les frontières européennes, depuis l'entrée en vigueur des sanctions sur le bois russe en juillet 2022. Ces sanctions concernent notamment le bois russe, les meubles et les pâtes à papier.

À lire aussiChute des exportations de bois russe en 2022

Bois blanchi au Kazakhstan, en Chine, en Turquie

Le bois expédié en Europe de l’Est, principalement en Pologne, mais aussi en Espagne, en Italie et au Portugal, est blanchi par des pays tiers : la Turquie, la Chine et le Kazakhstan essentiellement. Les exportations de contreplaqué depuis ces pays-là ont étonnamment bondi après l’entrée en vigueur des sanctions contre la Russie « et elles ne peuvent pas s’expliquer par une augmentation soudaine de la production locale » précise l’enquête. L'illustration parfaite est le Kazakhstan, qui n'exportait pas de contreplaqué de bouleau en Europe avant la date charnière des sanctions.

Plusieurs acteurs de ce commerce ont été filmés ou enregistrés à leur insu et ont montré qu'ils avaient conscience d’enfreindre des sanctions. Du côté des clients, certains se disent persuadés que leur bois provient du Kazakhstan ou d’Ukraine, alors qu’ils s’approvisionnent auprès d’exportateurs qui ont admis, eux, sous couvert de confidentialité, faire du commerce illégal.

Pour l’ONG, ces sociétés ont au minimum manqué de vigilance sur la probité de leur fournisseur. Et cela est encore plus problématique quand on sait qu'elles sont à la tête de gros marchés : on retrouve ainsi le premier fabricant mondial de murs d’escalade, ou encore un fournisseur de revêtement de sol pour les plus grandes chaînes d'hôtels de luxe.

Un commerce qui profite à des proches du Kremlin 

En plus d'être théoriquement soumis aux sanctions de juillet 2022, ce bois ne devrait dans tous les cas pas rentrer dans l’UE en vertu de ce qu'on appelle le Règlement sur le bois de l’Union européenne, rappelle Alain Karsenty, expert de la filière au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), règlement adopté en 2013 qui demande aux importateurs d’analyser les risques qu’ils prennent en alimentant un commerce illégal ou non conformes aux normes en vigueur. 

Ce règlement est lui-même souvent contourné, par des importateurs qui se contentent d’informations superficielles, les contrôles des autorités publiques étant très variables d’un pays à l’autre.

Cette situation profite aujourd'hui à plusieurs grandes entreprises russes. L’une d’elles est dirigée par un oligarque, Alexei Mordashov, qui figure sur la liste des sanctions de l’UE.

À lire aussiLes sanctions contre la Russie sont-elles vraiment efficaces?

Plus de contrôle en 2026 ?

À partir de 2026, le blanchiment de bois russe et biélorusse devrait être plus difficile, relève Alain Karsenty, car le Règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) impose une traçabilité jusqu'à la parcelle, ce que ne demande pas l’actuel Règlement Bois.

Mais cela ne signifie pas pour autant la fin de la fraude, du fait du manque de moyens mis à la disposition des administrations chargées du contrôle dans les États membres, voire de leur manque de volonté politique, relève l'expert qui regrette que l’UE n’accorde pas plus de place aux certifications indépendantes.

À lire aussiL'Union européenne approuve un nouveau paquet de sanctions contre la Russie

L'excédent mondial de cobalt fait plonger les prix toujours plus bas
28 January 2025
L'excédent mondial de cobalt fait plonger les prix toujours plus bas

Le cobalt, métal clé des batteries, n'était pas tombé si bas depuis 2016. Les raisons de cette baisse sont à chercher en République Démocratique du Congo, où le groupe chinois CMOC annonce une production aussi importante cette année qu'en 2024.

Une production de 110 000 à 120 000 tonnes de cobalt, c'est ce que le chinois CMOC annonce pour cette année, soit l'équivalent des volumes de 2024 (114 000 tonnes), l'année où le groupe a produit bien plus qu'il ne visait initialement, à la surprise de nombreux acteurs : l'ambition annuelle du minier avait été atteinte en neuf mois au lieu de douze, grâce à la montée en puissance de deux mines en République Démocratique du Congo, premier pays fournisseur de cobalt au monde. 

L'augmentation des volumes de minerai brut produit, en RDC, et également en Indonésie, a été fatale pour les prix, déjà en baisse depuis deux ans et demi.

Un marché sur-approvisionné 

Ces derniers jours, ils ont atteint leur plus bas depuis 2016, car en plus de cette production minière « structurellement excédentaire » pour reprendre les mots de Jim Lennon, analyste du groupe Macquarie, le marché fait face à une demande qui continue de décevoir malgré la hausse des besoins dans le secteur des batteries, et dans celui de l'électronique portable, une hausse estimée à 8% selon l'Institut du cobalt qui représente l'industrie.  

L'évolution des technologies pèse également sur les pronostics de croissance : le groupe CMOC s'est lui-même inquiété en fin d'année dernière de l'ampleur prise, en Chine, par les batteries lithium-fer-phosphate (LFP) qui ne contiennent pas de cobalt. Et de fait, pointe Argus Media, le développement de ces batteries  « a exacerbé le problème d'offre excédentaire sur le marché du cobalt ».

À lire aussiCobalt: Glencore détrôné par le chinois CMOC

Doublement de la demande d'ici à 2030

Ce qui alimente aussi l'excédent, c'est le manque de discipline des producteurs. « Le problème du cobalt est qu’il s’agit principalement d’un sous-produit du cuivre ou du nickel. Par conséquent, son offre dépend principalement de ces marchés, plutôt que du prix du cobalt lui-même », rappelle l'analyste de Macquarie.

Dans ce contexte compliqué, l'Institut du cobalt reste optimiste : l'organisation prévoit la fin de l'excédent, d'ici à 2030, grâce à un doublement des besoins dans le secteur des batteries. 

En attendant qu'un déficit apparaisse sur le marché et entraîne une remontée des prix, le risque, pour l'avenir de la filière, est que les niveaux de prix actuels découragent les nouveaux investissements, que ce soit dans l'extraction minière ou le raffinage. 

À lire aussiCobalt: la fin d’un litige entre la RDC et la société chinoise CMOC fait craindre une chute des prix

Faute de certitude sur la récolte du Brésil, les prix du café restent élevés
27 January 2025
Faute de certitude sur la récolte du Brésil, les prix du café restent élevés

Le climat et le Brésil, ce sont les deux mots qui hantent la filière café. Plus que des mots, des facteurs de stress, car les incertitudes restent encore grandes sur la prochaine récolte brésilienne. Or, c’est le Brésil qui donne le ton des prix de l’arabica.

La grande inquiétude sur la production de robusta du Vietnam a été levée à la fin de l'année dernière, et la Colombie, troisième producteur mondial, a réalisé en 2024 sa meilleure récolte depuis cinq ans, mais cela n'a pas suffi à rassurer les opérateurs. « Le marché a toujours besoin de la récolte d'arabica du Brésil pour satisfaire la demande » explique un négociant français. 

Or la sécheresse dramatique de la première moitié de 2024 chez le géant d'Amérique latine peut encore avoir des conséquences cette année sur la récolte qui aura lieu en mai-juin. Cette situation exceptionnelle a poussé d'ailleurs plusieurs maisons de négoce à faire des estimations au cours de la deuxième quinzaine du mois de décembre, mais ces évaluations -qui reposent sur un compte très précoce des cerises de café-, ont alimenté le stress plutôt que de calmer les esprits : la production 2025 d'arabica serait en baisse et comprise entre 34 et 42 millions de sacs (de 60 kilos), selon les sources. La fourchette est encore très large et donne de l'espoir à ceux qui préfèrent attendre courant février, voire fin février, pour avoir des informations de terrain plus représentatives et plus satisfaisantes.

À lire aussiLe Brésil, source de stress continue du marché mondial du café

Manque de visibilité sur les stocks

Les incertitudes de la filière sont aussi entretenues par un manque de visibilité sur les stocks : le Brésil a exporté des volumes records sur l'année 2024 (plus de 50 millions de sacs), ce qui devrait en théorie se refléter dans le niveau de stocks et contribuer à une baisse des cours. 

Mais en Europe, l'état de ces réserves est rendu public avec retard, et les dernières données montrent au mieux une stabilisation. Aux États-Unis, premiers pays consommateurs, plus aucun chiffre n'a été communiqué depuis six mois, officiellement pour des raisons techniques.

La fête du Têt limite l'offre de robusta

Pour l'heure, l'horizon reste donc très bouché et l'approche des fêtes du Nouvel An vietnamien (Têt) n'a rien arrangé : les producteurs de robusta se sont mis en retrait, ce qui limite l'offre globale sur le marché. Mais cet effet très conjoncturel devrait être gommé d'ici aux deux prochains semaines.

En attendant, les prix ont encore battu des records la semaine dernière et comme cela fait plusieurs mois qu'ils sont à un niveau élevé, l'industrie a commencé à répercuter ces hausses. Or, quand les prix grimpent trop, ils finissent par « détruire » la demande, autrement dit par décourager les acheteurs, explique un de nos interlocuteurs. Une mécanique bien connue, qui, en retour, pourrait aider à faire baisser les prix. Mais dans quel délai ? C'est une autre inconnue.

À écouter aussiLe café, un produit bientôt indisponible ?

Les stocks mondiaux de cacao inférieurs à trois mois de consommation
26 January 2025
Les stocks mondiaux de cacao inférieurs à trois mois de consommation

Les chiffres viennent d'être communiqués par l'Organisation internationale du cacao : les stocks mondiaux de cacao ont baissé. Ils sont historiquement bas et inférieurs à trois mois de consommation.

Les stocks mondiaux de fèves de cacao ont baissé de près de 600 000 tonnes en un an, selon les dernières estimations réalisées à la date du 30 septembre dernier, juste avant la nouvelle récolte qui a débuté en octobre en Afrique de l'Ouest, premier bassin mondial de production.

Ces estimations qui sont toujours communiquées avec plusieurs mois de décalage, reflètent les stocks détenus dans les entrepôts européens, ceux qui sont encore chez les exportateurs, et ceux qui sont en transit en mer. L'ensemble donne des réserves d'à peine plus d'un million de tonnes, environ deux mois et demi de consommation

Des estimations suffisamment représentatives

Il ne s'agit là que d'une photographie approximative, car tous les industriels ne jouent pas le jeu et ne communiquent pas leurs chiffres. Même chose, pour les pays producteurs, seuls trois d'entre eux ont cette fois-ci partagé leurs statistiques, mais ces données, chaque année incomplètes, restent néanmoins représentatives des stocks mondiaux et permettent à l'Organisation internationale du cacao (ICCO), qui a réuni le 23 janvier son groupe de travail d'experts sur les stocks, de suivre leur évolution d'une année à l'autre.

Plus les stocks sont bas, plus ils entretiennent la tension sur le marché, car ils offrent moins de sécurité à l'industrie en cas d'accident de production ou de rupture de la chaîne d'approvisionnement.

À écouter dans C'est pas du ventLe cacao durable: objectif réaliste ou mirage?

Des stocks qui entretiennent la hausse des prix

La question est aujourd'hui de savoir si ces stocks, historiquement bas, pourront être reconstitués par la dernière récolte : la Côte d'Ivoire fera mieux que l'année dernière, mais n'atteindra pas ses niveaux habituels de production.

Le Ghana, jusque-là deuxième producteur mondial, doit prélever sur sa récolte 350 000 tonnes, pour honorer des contrats de la dernière saison. Les signaux sont donc plutôt négatifs, sauf à considérer que la demande des consommateurs est en baisse, mais le sujet fait débat. 

Ces niveaux de stock qui viennent d'être rendus publics expliquent peut-être l'emballement des cours depuis le mois de novembre : les traders en cacao ne sont pas les derniers informés et ont probablement déjà intégré cette nouvelle donne.

À lire aussiDes alternatives au cacao pour répondre aux craintes d'approvisionnement

L'incertitude sur le marché du sucre fait baisser artificiellement les cours
23 January 2025
L'incertitude sur le marché du sucre fait baisser artificiellement les cours

Après avoir été quasi absente du marché l'année dernière, l'Inde revient dans le jeu et libère un million de tonnes de sucre à l'exportation. Cette annonce a fait baisser les cours de manière démesurée par rapport à l'état de l'offre et de la demande.

L'Inde mettra un million de tonnes de sucre sur le marché dans les prochains mois. C'est beaucoup plus que l'année dernière, mais moins que les 11 millions de tonnes d'il y a trois ans, et finalement assez peu pour un marché global du sucre sur lequel chaque année 70 millions de tonnes sont échangées.

Mais la nouvelle n'en a pas moins ébranlé le marché, et tiré les cours à la baisse : ils ont atteint leur plus bas niveau en trois ans et demi, pour le sucre blanc – soit 466 dollars la tonne, et leur plus bas depuis le mois d'août dernier pour le sucre roux – près de 18 cents la livre. Une baisse qui illustre pour Timothé Masson, secrétaire général de l'Association mondiale des planteurs de betteraves et de cannes à sucre, la forte volatilité et la tension qui règne sur le marché.

Des spéculateurs net vendeurs de 5,2 millions de tonnes

Les cours auraient en quelque sorte chuté de manière artificielle sous la pression des spéculateurs. Ces derniers se sont positionnés en masse ces derniers jours sur le marché du sucre, en achetant et vendant du sucre qu'ils n'ont pas physiquement, et en vendant même beaucoup plus que ce qu'ils ont acheté. Ils étaient, mi-janvier, net vendeurs de 5,2 millions de tonnes, du jamais-vu depuis 2019, comme s'ils anticipaient de gros volumes disponibles à l'exportation d'ici à plusieurs semaines. L'impression d'abondance qu'ils donnent est elle-même source de baisse des prix et, comme souvent, quand les cours commencent à dévisser, c'est l'engrenage.

Mais un rattrapage n'est pas à exclure, selon Timothé Masson, car aucun excédent n'est annoncé dans le secteur. Et ce, même si la force du dollar, par rapport au réal brésilien, pousse les brésiliens à exporter du sucre plutôt qu'à le transformer en éthanol vendu sur le marché domestique afin pour récupérer des billets verts.

À lire aussiLa filière française du sucre face aux importations extérieures

Des prix qui auront un impact sur les semis

« On est sur une campagne 2024-2025 à l'équilibre, voire déficitaire », explique l'expert. Les analystes de Standard and Poor's parient toujours sur un déficit de 700 000 tonnes pour la campagne 2024-2025 et de 2,6 millions de tonnes l'année prochaine.

L'impression d'avoir beaucoup de sucre sur le marché, illustrée par la baisse des prix, ne serait donc qu'une fausse perspective. Des signaux contradictoires, difficiles à interpréter et qui peuvent avoir des conséquences importantes pour les agriculteurs : c'est dans les prochains jours et les prochaines semaines que les betteraviers français, mais aussi allemands, polonais russes ou ukrainiens doivent décider, à la lumière des cours mondiaux actuels, quelle surface ils cultiveront cette année.

À lire aussiLes prix alimentaires mondiaux repartent à la hausse, tirés par le sucre

Le canola et les huiles bientôt pris dans la tourmente des nouvelles taxes Trump?
22 January 2025
Le canola et les huiles bientôt pris dans la tourmente des nouvelles taxes Trump?

Plus de 90% de l'huile de canola (colza) du Canada est exportée aux États-Unis. L'annonce de la mise en place de taxes de 25% à compter du 1er février pourrait peser sur les exportations et avoir un impact sur le marché des autres huiles.

Dans la famille des matières premières qui pourraient souffrir de l'arrivée de Donald Trump, à la présidence des États-Unis, il y a le canola, un cousin du colza, cultivé au Canada. Le marché canadien est devenu très dépendant de son voisin américain : en 2023-2024, Washington a acheté 96% de l'huile canadienne, autant dire la quasi-totalité. 

Résultat, le moindre ralentissement des exportations vers les États-Unis pourrait avoir un impact important pour le Canada, qui n'a pour l'instant plus d'autres gros clients. Durant la campagne 2020-2021, la Chine achetait en effet près de la moitié de la production canadienne d'huile de canola, mais ses importations ont fondu, en raison de soupçons de concurrence déloyale. Pékin a lancé une enquête anti-dumping qui est toujours en cours et qui a eu comme effet provisoire de ralentir les échanges.

Impact sur les cours du soja américain

Si le canola se vend moins, ses prix seront mécaniquement tirés à la baisse. Ils ont déjà accusé le coup après l'élection de Donald Trump, avant de chuter une nouvelle fois cette semaine à la bourse de Winnipeg après l'annonce formelle de l'instauration de nouvelles taxes au premier février, relève Arthur Portier, consultant pour Argus Media France.

En cas de baisse avérée des échanges entre les États-Unis et le Canada, les cours du soja américain pourraient, à l'inverse de ceux du canola, être tirés vers le haut : son huile est une alternative toute désignée aux volumes canadiens qui n'arriveront plus, même si ses caractéristiques ne sont évidemment pas les mêmes.

Une diminution des ventes aux États-Unis « ferait perdre gros aux opérateurs canadiens, commente Arthur Portier. Et ne serait pas sans conséquence sur les cours de l'ensemble du complexe oléagineux ». 

Les normes d'incorporation des biocarburants, l'autre inconnue

D'autres huiles devraient être moins impactées par la tourmente américaine, pour l'instant : celle de tournesol et celle de palme, dont les acheteurs sont surtout, à cette saison, concentrés sur le potentiel d'exportation de la Malaisie.

Ce qui va dominer dans les prochaines semaines, c'est une forte volatilité sur les marchés et une incertitude folle, résume un de nos interlocuteurs. L'évolution du prix des huiles sera en effet aussi liée aux choix énergétiques du nouveau gouvernement Trump et à sa politique en matière de biocarburant. Ces choix auront un impact inévitable sur la production agricole américaine et sa commercialisation.

À lire aussiLes matières premières suspendues aux orientations chinoises et américaines