Sélection sexuelle: les femelles mènent la danse

En période de reproduction, chez les animaux, les mâles sont d'abord des prétendants. C'est la femelle qui choisit le père de ses futurs enfants. On vous dit pourquoi.

Les canards colvert se poussent du col et arborent un cou d'un vert éclatant : la saison des amours a commencé et les mâles font du tape-à-l'œil. Les caractères sexuels secondaires se mettent en action pour attirer les femelles, car ce sont elles qui ont le dernier mot, qui sélectionnent le père de leur future descendance. Un beau plumage, de belles couleurs, c'est le signe d'une bonne santé. Le mâle est fort, il protégera le territoire, et facilitera l'accès à la nourriture, la garantie de la survie des petits. C'est la sélection sexuelle, théorisée par le naturaliste britannique Charles Darwin, inventeur d'un autre concept fondamental, la sélection naturelle.

Ça peut d'ailleurs sembler paradoxal : arborer des couleurs vives, ou une grosse queue encombrante comme celle du paon, c'est s'exposer aux prédateurs. Mais justement, se dit la femelle, s'il a pu survivre jusqu'ici, malgré ce plumage un peu bling bling, c'est qu'il est vraiment très fort, et que ses gènes valent le coup – quand il y a des gènes, il y a du plaisir.
La queue la plus longue
Lors d'une expérience menée sur un oiseau africain, les chercheurs rallongeaient artificiellement la queue de certains mâles, et les femelles, systématiquement, préféraient la plus longue. Chez les animaux, les femelles ont aussi tendance à préférer les mâles âgés – pas trop non plus, il faut qu'il soit vaillant ! L'âge et l'expérience sont là aussi les signes que le mâle a de bons gènes. Chez les animaux, pas de cougar, même chez les cougars ! Mais toute règle a ses exceptions : on s'est rendu compte qu'un oiseau, l'hirondelle, ne choisissait pas forcément le mâle le plus sexy, par définition plus volage (sans jeu de mot) et donc moins disponible pour s'occuper des petits.

Pour séduire, les mâles peuvent aussi faire des cadeaux nuptiaux, une forme de dot : un beau nid, ou de la nourriture – chez les araignées, c'est offert dans un bel emballage en soie. Chez la mante religieuse, le mâle fait même l'offrande de son propre corps.
Inégalité entre sexes
Mais pourquoi les femelles mènent-elles la danse ? Parce que ce sont elles qui font le plus d'efforts dans la reproduction. Et abord dans la production des gamètes, plus gros, qu'il faut conserver. Chez l'humain, la femme produit un million d'ovocytes dans sa vie. L'homme, 100 millions de spermatozoïdes en une seule journée… L'inégalité entre les sexes commence ici. Le mâle peut semer à tout vent. La femelle, elle, devra soigneusement sélectionner le père de ses futurs petits, eu égard à son investissement énergétique. La qualité, plutôt que la quantité.

Tandis que, sous leurs yeux, se déroulent des parades effrénées ou des combats sanglants entre prétendants, les femelles ont le dernier mot. Pendant la saison des amours, chez le fossa, un mammifère de Madagascar qui ressemble à un félin, les mâles font la queue au pied d'un arbre ; la femelle, en hauteur sur une branche, les surplombe. Et choisit.