Les baleines, anges gardiennes de la Terre
RFI
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Le documentaire Les Gardiennes de la planète, sorti mercredi au cinéma en France, est un chant d’amour esthétique et pédagogique au plus grand être vivant. Le rôle des cétacés est primordial dans l’équilibre de la planète
Ce fut d’abord une rencontre, en pleine mer. « Un jour où en repérage pour le magazine télé Ushuaïa je me suis retrouvé à nager avec des baleines, j’ai eu une rencontre et un échange de regards sous l’eau avec une baleine », raconte Jean-Albert Lièvre, le réalisateur du documentaire Les gardiennes de la planète, sorti mercredi 22 février en France. « C’était d’une telle intensité que je me suis dit, ce jour-là, qu’il faudra que je fasse un film au cinéma pour que les spectateurs puissent vivre la même expérience. » C’est réussi : Les gardiennes de la planète est un documentaire pédagogique et poétique, aux images époustouflantes d’intimité avec les cétacés. Quand la caméra frôle ces colosses pleins de grâce, le spectateur fait corps avec les baleines.
Il y eut ensuite une lecture : le long poème en prose du Britannique Heathcote Williams Whale Nation, qui célèbre la beauté et l’intelligence des baleines. Alors, en Polynésie française, au Mexique ou au Groenland, Jean-Albert Lièvre est allé filmer son propre hymne à l’amour des baleines : « J’aimerais que les gens réalisent en sortant de la salle que nous ne sommes pas la seule intelligence sur cette planète. Il en existe d’autres, et d’autres qui sont là depuis bien plus longtemps que nous. » Il y a 50 millions d’années, un mammifère terrestre est retourné dans l’eau : l’ancêtre des cétacés (qui rassemble les baleines, les dauphins ou les marsouins).
Un million de calories par jour
Dans Les gardiennes de la planète, on y voit quelques-unes des 14 espèces de baleines qui sillonnent les mers et les océans de la planète, et on les entend. « Chaque clan a son accent. Chacune de nous a un chant différent, suffisamment varié pour émettre des émotions complexes », raconte la voix off du documentaire, celle de l’acteur Jean Dujardin, qui adopte le point de vue d’une baleine. Contrairement au titre du célèbre film du commandant Cousteau, les océans « ne sont pas du tout le monde du silence », poursuit Jean-Albert Lièvre. « Très rapidement, dans l’océan, quand on descend, il n’y a plus de lumière. Toute la communication passe donc par les sons, l’orientation sonore passe aussi par les vibrations sonores. Dans l’eau, les sons se déplacent à une vitesse cinq fois plus rapide que dans l’air. Les baleines communiquent en réseau sur des distances gigantesques. »
Le son de la baleine bleue s’entend jusqu’à 1 000 kilomètres. Elle est « la plus grande créature vivante de la planète ». Elle peut peser 170 tonnes, les mâles possèdent un pénis de 2 mètres de long, leur langue est plus lourde qu’un éléphant. Une telle masse, il faut l’alimenter : les besoins énergétiques de la baleine atteignent 1 million de calories par jour. Et dans son cycle alimentaire, la baleine est essentielle à l’équilibre de la planète – si nous, humains, respirons, c’est un peu grâce aux baleines.
Massacrées pendant des siècles
Les cétacés sont essentiels au phytoplancton, les microalgues qui produisent la majorité de l’oxygène de la planète, bien plus que les plantes. « Les mammifères absorbent de l’oxygène et recrachent du CO2. Les végétaux, eux, absorbent le CO2 et recrachent de l’oxygène. Sur terre, les forêts ont des racines pour se nourrir, mais dans l’eau, le phytoplancton n’a pas de racine et il se nourrit avec les excréments des baleines », explique le réalisateur des Gardiennes de la planète.
Au service de l’humanité, les baleines ont été massacrées pendant des siècles. L’huile de baleine, par exemple, servait à éclairer les villes. Pendant la révolution industrielle, on tuait des centaines de milliers de baleines par an. Aujourd’hui, un millier de baleines sont encore la cible des pêcheurs chaque année. Cette espèce dominante, elle, n’a jamais tué personne. « Entre elles, elles sont non-violentes », précise Jean-Albert Lièvre. « On a vu des baleines sauver des phoques en s’interposant entre un orque ou un requin. Elles ont donc une conscience du bien, et c’est peut-être aussi un message des gardiennes de cette planète dont on pourrait apprendre quelque chose. » Les baleines sont nos anges gardiennes.