Le sorgho, une céréale venue d'Afrique

Le sorgho, une céréale venue d'Afrique

RFI
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Alors que le Salon de l'agriculture se termine à Paris, gros plan sur cette graminée originaire du continent africain et réputée pour ses capacités à pousser même en cas de sécheresse

Il n’y avait pas qu’Ovalie, la grosse vache égérie du Salon de l’agriculture qui se termine ce dimanche 5 mars à Paris. Après un été caniculaire et un hiver de sécheresse, une plante a le vent en poupe dans les allées du salon consacrées aux céréales : le sorgho, beaucoup moins gourmand en eau que le maïs. Cette graminée, originaire d’Afrique, aux épis ou aux panicules composés de multiples petits grains ronds, est célèbre pour sa capacité à pousser sans irrigation, d’abord grâce à ses racines très profondes. 

« Cette plante a ce qu'on appelle une couche cireuse sur la tige, qui limite l'activité des stomates et réduit ainsi la transpiration », explique Frédéric Guedj, venu au Salon de l'agriculture faire la promotion du sorgho pour le semencier Lidéa. « Par ce biais, elle va mieux résister aux sécheresses. Le sorgho continue de pousser à des températures supérieures à 30°C, alors que certaines céréales, comme le maïs, vont s'arrêter de pousser. La panicule de sorgho possède à la fois les fleurs mâles et femelles (elle s'autoféconde à 80%) ; même en cas de gros incidents climatique, elle arrivera malgré tout à produire du grain. »

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Des semences adaptées au climat français
À la fin du XIXe siècle, des publicités dans la presse toulousaine faisaient déjà la promotion du sorgho dans le sud-ouest de la France. Il s'agissait alors de graines directement venues d’Afrique. Depuis, grâce au travail de sélection des ingénieurs agronomes pour l'adapter à l'agriculture française, le sorgho a fait son entrée dans le catalogue officiel des espèces et variétés cultivées, à la fin des années 60. Aujourd'hui, plus de 100 000 hectares de sorgho sont cultivés, y compris dans le nord de la France. 

« Les sélectionneurs ont adapté le sorgho à nos climats tempérés, et surtout à nos méthodes de culture, détaille Frédéric Guedj. En Afrique, les sorghos font plus de 1,70 mètre. En France, la taille d'un sorgho grain a été réduite à 1,20 mètre pour faciliter la mécanisation et le travail des moissonneuses. » Le sorgho à fourrage, préféré lui pour ses feuilles plutôt que pour ses graines, dépasse les 2 mètres de haut. Une variété de sorgho, utilisée pour la fabrication de biocarburant, pousse jusqu'à 3 mètres.

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À boire et à manger
En France, où plus de la moitié des terres céréalières est cultivée pour l’alimentation animale, le sorgho est utilisé à 90% pour l'élevage. En Afrique, en revanche, 60% des récoltes sont destinées à l’alimentation humaine. Mais à l’origine, quand le sorgho a été domestiqué, il y a 10 000 ans, ce n’était pas pour le manger, mais pour le boire. 

« Initialement, et c'est une chose curieuse, le sorgho servait à produire une boisson alcoolisée qui ressemblait un peu à la bière, raconte Frédéric Guedj. Des archéologues ont trouvé des vestiges de brasserie en Égypte, où pousse le sorgho. » Le sorgho a fait un long voyage dans le temps et dans l'espace, du sud vers le nord. Aujourd'hui, les premiers producteurs de sorgho sont les États-Unis.