L'aposématisme, des couleurs pour faire peur
13 September 2025

L'aposématisme, des couleurs pour faire peur

C'est dans ta nature

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Des animaux affichent parfois des couleurs éclatantes dans la nature : un signal d'avertissement destiné aux prédateurs, pour les prévenir qu'ils sont toxiques ou venimeux. (Rediffusion)

Il y a dans la nature, des animaux qui se cachent, se camouflent, pour éviter d'être mangés. Et puis il y a, au contraire, ceux qui affichent clairement la couleur. Rouge, orange ou jaune, souvent associé au noir. « Ce sont les couleurs les mieux perçues par les prédateurs, explique Romain Nattier, chercheur au Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Si on regarde autour de nous, on a un environnement majoritairement dominé par du vert, du marron. Et donc ces couleurs-là, repérables par les prédateurs, tranchent avec leur environnement. L’objectif, c'est vraiment d’être vu, de faire un signe aux prédateurs pour dire : "Je suis là, tu me vois, mais tu ne vas pas me manger, car tu sais que je suis toxique". »

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Les couleurs éclatantes du papillon monarque annoncent sa toxicité, les bandes jaunes et noires du frelon son venin. Mais comment le prédateur sait-il cela ? 

« Il mange un certain insecte, il le recrache. Si cet insecte-là dispose de protections chimiques, il le recrache et il apprend petit à petit à associer ce patron de coloration dans la nature à une certaine toxicité. C’est en fait ce que nous faisons, nous, humains, surtout les enfants. Ils arrivent à attraper une guêpe ou une abeille une première fois... Ils se font piquer, et ils arrivent ensuite à associer assez naturellement un bruit ou un patron de coloration à un certain danger, et après, ils ne le font plus ! », sourit Romain Nattier.

Gagnant-gagnant

Faire peur avec des couleurs, c'est donc ce qu'on appelle l'aposématisme - qui peut aussi prendre parfois la forme d'un signal olfactif -, un phénomène particulièrement répandu chez les proies les plus nombreuses dans le monde animal, les amphibiens (salamandres, grenouilles) et les insectes (guêpes ou coccinelles). L'aposématisme, c'est gagnant-gagnant : pour la proie, qui n'est plus une proie, et pour le prédateur, qui évite ainsi un mauvais repas.

À tel point que certaines proies, pas du tout toxiques ou venimeuses, se sont mises à tricher ! « Elles ne sont absolument pas venimeuses ou toxiques et miment une autre espèce qui l’est. Par exemple, ce qu’on appelle les mouches à miel, les syrphes, des mouches qui présentent des patrons de coloration vraiment similaires aux guêpes. Mais ce sont des mouches qui ne piquent pas ! », raconte Romain Nattier.

Autre exemple fameux : le serpent faux corail, non venimeux, qui imite les bandes orange et noir du serpent corail. Et ça, c'est grâce à la sélection naturelle. « L’individu qui, par hasard, présente un certain patron de coloration associé à une certaine toxicité se fait moins manger par ses prédateurs, et donc petit à petit, en fait, ces populations-là arrivent à se reproduire davantage, et donc à reproduire ce trait-là, qui est ensuite fixé dans l’espèce », détaille Romain Nattier. Dans la nature, tous les moyens sont bons pour sauver sa peau.

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