Comment les animaux trouvent de l'eau dans les déserts
19 April 2025

Comment les animaux trouvent de l'eau dans les déserts

C'est dans ta nature

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Pour survivre dans des conditions extrêmes, marquées en particulier par le manque d'eau, la faune du désert a développé des stratégies que dévoile l'exposition Déserts au Muséum national d'Histoire naturelle à Paris.

C'est un paradoxe sur lequel s'appuie l'exposition Déserts qui se tient au Muséum national d'Histoire naturelle à Paris (jusqu'en novembre) : il y a de la vie dans les déserts. Et s'il y a de la vie, il faut de l'eau. C'est un autre paradoxe, puisque c'est précisément le manque d'eau qui définit un désert : moins de 200 millimètres de pluie par an. Dans le désert du Sahara, il tombe même moins de 20 millimètres d'eau chaque année.

Dans ces mondes aux conditions extrêmes, les animaux ont des stratégies pour survivre. L'eau, ils la trouvent d'abord dans la nourriture. C'est le cas du chameau ou du dromadaire, dont un spécimen naturalisé domine l'exposition. « L'excès de nourriture, l'excès d'énergie, va être stocké sous forme de gras, dans la bosse du dromadaire, explique notre guide, Anthony Herrel, chercheur CNRS au Muséum national d'Histoire naturelle. Le métabolisme du gras va libérer de l'eau pour l'organisme. C'est ce qu'on appelle de l'eau métabolique qui donne une ressource supplémentaire en eau. »

De l'eau dans l'air

Les rongeurs, eux, sont friands de graines. « Et dans les graines, il y a de l'eau, rappelle Anthony Herrel. De plus, les rongeurs vont stocker les graines dans un terrier où c'est beaucoup plus humide qu'à la surface. Donc, les graines vont se saturer en eau et c'est une ressource supplémentaire pour l'animal. »

De l'eau, il peut aussi y en avoir dans l'air de certains déserts, sous forme d'humidité. C'est le cas du désert du Namib, en Afrique australe, où vit un scarabée, le ténébrion du désert, l'un des insectes les plus rapides au sol pour ne pas brûler ses pattes et rester le moins longtemps exposé au soleil. « Le Namib est un désert particulier parce que le long de la côte de Namibie passe un courant d'air froid qui passe, qui évapore de l'eau, ce qui donne de la rosée le matin. Le ténébrion va se mettre en haut des dunes avec la tête en bas et sur la carapace, il y a des microstructures qui vont faire condenser l'eau, ensuite amenée vers la bouche de l'animal. Le ténébrion peut ainsi boire de l'eau qui est présente dans l'air », souligne Anthony Herrel.

Les stratégies du moloch

On s'arrête enfin devant un spécimen guère avenant, couvert d'épines menaçantes. C'est un moloch, qui a l'apparence d'un gros lézard, un habitant des déserts australiens. Ses épines lui sont utiles, et pas seulement pour effrayer ses prédateurs. « L'eau va condenser sur ses épines, mais pas suffisamment pour en vivre, explique Anthony Herrel, l'un des conseillers scientifiques de l'exposition. Mais le moloch a une deuxième stratégie, assez intéressante : il arrive à remonter l'eau présente dans le sable via un réseau de capillaires jusqu'à sa bouche. Après une pluie, il va juste se poser dans le sable mouillé et l'eau va automatiquement remonter par ce réseau de petits canaux jusqu'à la bouche de l'animal. Le moloch peut ainsi boire de l'eau qui n'est plus présente sous forme liquide. » C'est l'une des leçons du désert : quand l'eau est rare, il faut prendre sur soif.