À la clinique des hérissons

Un hérisson, pris en charge cet hiver par l’association Erinaceus, est relâché dans la nature ce dimanche 19 mars en France. Et cette semaine, le petit mammifère piquant a dû subir une visite médicale.

À l’heure où vous lirez ces lignes, Joey sera sans doute en train de découvrir son nouveau terrain de jeu, quelque part dans la campagne normande. Joey, « comme Joey Starr », est un hérisson, trouvé par un gendarme au début de l’automne, alors qu’il n’était qu’un bébé de quelques grammes à peine, confié tout l’hiver à l’association Erinaceus, le nom scientifique du hérisson d’Europe (Erinaceus europaeus).

Mais avant de retrouver la liberté, ce dimanche, à la veille du printemps, Joey doit subir une petite visite médicale, pour vérifier que tout va bien, et Joey n’est pas content. Le petit mammifère piquant souffle et grogne sur la table d’examen d’une clinique vétérinaire à Paris. « Je vais essayer de lui palper le ventre quand même… Ah, je pense qu’il est un peu énervé ! », constate la vétérinaire Mélanie Coquelle.

C’est mignon, un hérisson, mais derrière son petit museau pointu se cachent des canines redoutables. Le hérisson a aussi des griffes et bien sûr des piquants, que le hérisson hérisse, pour se protéger des prédateurs. « À la naissance, les piquants sont sous la peau. Ils vont apparaître quelques… Ouille ! » Manuel de Aguirre, le président d’Erinaceus, qui tenait Joey dans ses mains, s’interrompt de douleur – il finira la séance les mains entièrement griffées – avant de reprendre : « Les piquants vont sortir deux ou trois heures après la naissance. Les piquants, ça marche très bien ! Même les chats n’osent pas s’approcher. J’ai des vidéos d’un hérisson qui fait courir un chat parce qu’il est hérissé. Les hérissons se sentent protégés de tout, même des voitures ! »

Les voitures sont l’un des ennemis du hérisson, avec les pesticides, qui empoisonnent les insectes dont se nourrit ce petit mammifère qui mange aussi des escargots et des fruits.

L’espèce en France est protégée, mais pas menacée. S'il est utile aux jardiniers., inutile pourtant de vouloir l’apprivoiser. C’est un animal très solitaire. « Il ne supporte pas l’homme comme partenaire. Il ne supporte même pas ses congénères. Avoir un hérisson comme font beaucoup en le prélevant dans la nature pour en faire un animal de compagnie, c’est une très mauvaise chose pour lui, c’est de la maltraitance animale. »

La visite médicale de Joey touche à sa fin, et il n’est pas mécontent. « Je regardais juste la zone du pénis, de l’anus, pour vérifier que tout est propre », décrit Mélanie Coquelle. « Il a les testicules bien gros », souligne Manuel de Aguirre. « Oui », confirme dans un sourire la vétérinaire, « c’est ce que je cherchais à palper ! »« À cette époque de l’année, à la sortie de l’hibernation, l’appareil reproducteur des mâles peut peser jusqu’à 10 % de son poids », précise le président d’Erinaceus. La saison des amours commence et le doute n’est plus permis : Joey est prêt !