Aujourd'hui l'économie
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Pourquoi la France et l'Ouzbékistan ont intérêt à resserrer leurs liens économiques
12 March 2025
Pourquoi la France et l'Ouzbékistan ont intérêt à resserrer leurs liens économiques

Le président de l’Ouzbékistan, Shavkat Mirziyoyev est en visite d'État à Paris ce mercredi 12 mars 2025. Une visite, tout sauf anecdotique, car, derrière elle, se cache des enjeux économiques très importants entre les deux pays. Décryptage.

Il faut bien l’avouer, la France et l'Ouzbékistan ne sont ni pour l'un, ni pour l'autre, des partenaires commerciaux de premier plan, mais ils échangent tout de même. Paris est ainsi le seizième partenaire commercial de ce pays d'Asie centrale dont la capitale est Tachkent, restant ainsi un fournisseur secondaire très loin derrière la Chine, la Russie et le Kazakhstan qui occupent le podium. 

Les deux échangent cependant tout un tas de choses ! En 2023, la France exportait pour 621 millions d'euros. Une tendance à la hausse puisque c'est cinq fois plus qu'en 2019. L'industrie française envoie des avions, des parfums, des cosmétiques, des produits pharmaceutiques ainsi que des machines et des équipements notamment agricoles. Il en sera d'ailleurs question durant cette visite d'État. 

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Le poids de l’uranium 

Mais l'Ouzbékistan pour sa part exporte peu vers la France, pour autant 90% de ses exportations correspondent à des livraisons de composés d'uranium. Autant dire la quasi-intégralité. C'est là que ça devient intéressant pour Paris et l'Élysée n'y va pas par quatre chemins en affirmant que cette visite d'État du président ouzbek est notamment consacrée « au renforcement de la coopération sur les métaux rares et stratégiques ». L'uranium en fait évidemment partie et il est grandement utile à la souveraineté énergétique tricolore puisqu'il fait fonctionner les centrales nucléaires. Paris pourrait ainsi trouver une alternative aux exportations nigériennes, le géant français Orano ayant suspendu son activité d'extraction au Niger, Orano qui opère d'ailleurs déjà en Ouzbékistan. 

La région attire 

De l’autre côté, l'ancienne république soviétique voit en la France une alliée idéale dans sa métamorphose. Le pays connait une croissance aux alentours de 6% par an, sa démographie explose et surtout, Tachkent veut réduire sa dépendance au gaz d'une part, et à la Russie d'autre part.

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La France est ainsi une solution car elle possède le savoir-faire et les technologies pour relever ce défi avec ses champions, par exemple, pour la transition énergétique que souhaite opérer l'Ouzbékistan. EDF qui est le plus gros investisseur tricolore dans le pays, à hauteur d'un milliard d'euros, a deux projets en cours de centrales thermiques. Total Energies a ouvert une centrale solaire photovoltaïque. En tout, ce sont une cinquantaine d'entreprises qui sont implantées dans l'ancienne république soviétique.   

Mais il n'y a pas que la France qui est intéressée et qui intéresse l'Ouzbékistan. Plus largement c'est l'Asie centrale qui attire la France et les pays occidentaux. Le chancelier allemand Olaf Sholz s'y est rendu en septembre dernier pour des raisons à peu près similaires. On l'a donc bien compris, les deux pays ont beaucoup à gagner à s'entendre et cette visite d'État en est l'illustration. Nul doute que des contrats seront signés dans les prochaines heures entre la France, l'Ouzbékistan et leurs grandes entreprises nationales ! 

Les opérateurs télécom européens face au défi de la régulation
11 March 2025
Les opérateurs télécom européens face au défi de la régulation

Le Congrès international des opérateurs mobiles vient de s’achever à Barcelone. Grand-messe d’un secteur qui nous concerne tous. Mais ce qui y a notamment occupé les esprits, c'est le retard des opérateurs européens face à leurs homologues américains. Décryptage.

Les opérateurs de télécommunications mobiles européens sont en retard par rapport à leurs concurrents américains. C’est un fait, d’autant que ce retard est visible ces dernières années, notamment en matière d’innovation, d’investissement et de déploiement de nouvelles technologies comme la fibre ou la 5G. La 5G est justement un bon exemple puisqu’elle a commencé à être déployée à l'automne 2018 aux États-Unis. Pour les Européens, il aura fallu attendre deux ans pour capter de la 5G, et aujourd’hui, le continent n'est pas encore entièrement couvert.  

Deux marchés très différents 

C’est le visage du marché qui est l’une des premières explications de cette situation. Sur le continent européen, il est très éclaté, fragmenté, avec des dizaines d'opérateurs. On en compte à peu près 80, comme Orange, Vodafone ou encore Telefonica. La concurrence y est donc féroce et les prix sont en moyenne cinq fois moins élevés que les forfaits américains. Aux États-Unis, justement, le marché du réseau mobile est dominé par quelques grands acteurs internationaux. Ils se comptent sur les doigts d'une main. Citons par exemple T-Mobile, AT and T ou encore Verizon. D'après une étude publiée par le Cabinet Deloitte en février, au sein des membres de l'UE, le nombre moyen d'abonnés par opérateur est de 4,5 millions contre tenez-vous bien 95 millions aux États-Unis. C'est 21 fois plus. 

Les Européens limités 

On pourrait dès lors penser que les Européens puissent se regrouper pour faire face aux Américains. Les grands groupes l’ont d’ailleurs redemandé à la Commission européenne fin 2024. Mais il y a une subtilité, c'est d’ailleurs l'un des cœurs de leur problème, c'est que les fusions d'opérateurs mobiles sont très encadrées et régulées au sein de l'Union européenne. Il n'y a pas de champions européens à proprement parler mais des champions nationaux, sans aucun doute ! Pour faire simple, un petit opérateur national n'aura de facto pas les moyens d'investir tandis qu'un gros opérateur national lui pourrait manquer de fonds pour le faire, des fonds qu'il pourrait trouver dans sa fusion avec le petit. Un chiffre le prouve, depuis 2020, seulement deux fusions d'opérateurs ont eu lieu en Europe contre quatre en Amérique du Nord. 

S’ouvrir à d’autres marchés 

Pour faire face, les opérateurs européens ont leur stratégie pour exister, tout simplement en investissant sur d'autres marchés. Remarquant que leur taux de croissance sur le sol européen était atone voire négatif, ils vont voir ailleurs. Leurs revenus réels y ont diminué de 4,4% d'après l'agence Connect Europe. Illustration avec le Français Orange, leader européen sur le continent africain. Son activité au Moyen Orient et en Afrique constitue 16 % de son chiffre d'affaires. Une tendance toujours à la hausse parce qu'Orange est implanté dans 17 pays du continent mais aussi et surtout parce que le marché africain est l'un des plus dynamiques au monde.  

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Car finalement, derrière cette situation, il est surtout question de souveraineté des États européens, chacun souhaitant héberger son champion. Mais ça pourrait changer. Plusieurs rapports dont le rapport Draghi sur la compétitivité de l'UE préconise de consolider le marché européen des télécoms avec des fusions de groupes. Car en fait, l'ambition est bien de trouver un savant équilibre entre compétitivité et règles de compétition ! 

Les «family offices», ces inquiétants gestionnaires d'actifs pour milliardaires
10 March 2025
Les «family offices», ces inquiétants gestionnaires d'actifs pour milliardaires

Les family offices, connus en bon français comme gestionnaires de patrimoines familiaux sont de plus sollicitées. Comment fonctionnent ces structures ? Quel est leur rôle ? Pourquoi sont-elles critiquées ? Décryptage.

Ne tournons pas autour du pot : le secteur est très secret. Les family offices, ces sociétés privées de gestion de patrimoine pour des personnes très fortunées, bref, les super riches, prennent de plus en plus de place. Leur mission est double : gérer l'argent des concernés tout en le faisant fructifier et donc évidemment, les rendre encore plus riches. Pour résumer, préserver le patrimoine et rechercher de la rentabilité. Si on en parle autant, c’est parce que ces structures sont très sollicitées et deviennent très importantes. Mais aussi et surtout parce qu'il y a de plus en plus de milliardaires. Au cours de la dernière décennie, d'après la banque UBS, le nombre d'ultras riches a grimpé de plus de moitié, ce qui implique davantage de demandes de services de family offices.

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Le cabinet Deloitte recense aujourd'hui plus de 8 000 structures de ce type dans le monde gérant 3 100 milliards de dollars d'actifs. Dans cinq ans, en 2030, ce même cabinet estime à 11 000 family offices à travers la planète pour 5 400 milliards de dollars. Le secteur est en pleine expansion. 

Différents modèles 

Il existe deux types de family offices. Les « simple » qui gèrent une seule et unique famille. C'est avantageux car la gestion est ultra personnalisée avec peu ou pas de régulation. Et puis les « multi », qui gèrent plusieurs fortunes. Cela réduit les coûts et permet de peser en cas d'opération financière conjointe par exemple, mais à l'inverse, c'est moins confidentiel que les « simple » et la régulation y est plus importante. Alors, pourquoi ces fortunes ne s'offrent-elles pas les services de banquiers spécialisés ? Tout simplement parce que ces family offices sont beaucoup plus souples et bien moins régulés que les banques.  

Plus de régulation 

Si le milieu est secret, la structure juridique des family offices est complexe et encore plus floue. Ils ne sont pas soumis aux mêmes règlementations que les fonds d'investissement ou les banques et n'ont pas d'obligation de transparence sur leurs actifs. La critique est aussi récurrente concernant la concentration du pouvoir financier avec les multi offices, ce qui peut atteindre parfois plusieurs centaines de milliards de dollars et donc être un risque sur les marchés financiers. Par exemple en 2021 a éclaté l'affaire Archegos. Dans les grandes lignes, un family office a causé des milliards de dollars de pertes chez des banques comme Nomura, Goldman Sachs et le Crédit suisse. 

Mais le secteur fait l’objet de programmes de régulation. Une loi a été votée en ce sens aux États-Unis après l'affaire Archegos. Mais le texte n'est pour le moment pas entré en vigueur, et ça pourrait encore attendre puisque Donald Trump ne fait pas de la lutte contre la criminalité financière sa priorité. Par ailleurs, d'autres pays et régions comptent sur ces structures et les fortunes qu'elles gèrent pour faire tourner leur économie, comme Singapour, Dubaï, Hong-Kong et, dans une moindre mesure, la Suisse

Les inégalités bancaires toujours plus fortes pour les femmes
07 March 2025
Les inégalités bancaires toujours plus fortes pour les femmes

Ce samedi 8 mars, comme tous les ans, c’est la journée internationale des droits des femmes. Dans ce contexte, focus sur un sujet très important dans l'indépendance et l'émancipation des femmes, à savoir la détention d'un compte bancaire. Décryptage.

C’est un enjeu essentiel. Rien qu'en France, cela fera 60 ans en juillet que les femmes ont obtenu le droit de détenir un compte en banque à leur nom. Dans d’autres pays, il faut parfois toujours l'autorisation du mari pour faire cette démarche. Bref, toutes les femmes de tous les pays ne sont pas logées à la même enseigne sur ce sujet. Car gérer son propre argent en toute autonomie, c'est un puissant levier d'émancipation.

Pourtant, d'après le Fonds monétaire international, à l'échelle du globe, plus d'un milliard de femmes dans le monde n'ont toujours pas accès aux services financiers formels. Seulement deux tiers des femmes possèdent un compte bancaire, contre pratiquement quatre hommes sur cinq. Plusieurs régions sont plus concernées que d'autres, comme par exemple en Afrique subsaharienne où seulement 37% des femmes ont un compte en banque contre 48% des hommes. Une tendance qui reflète les obstacles sociaux, économiques, culturels et technologiques auxquels les femmes continuent de se heurter dans l'accès aux services financiers ! 

Des pistes pour changer les choses 

Cette situation a de multiples conséquences. La première d'entre elle, c’est la dépendance au conjoint ou aux parents. Sans compte personnel, impossible de tout simplement gérer son budget, ses revenus, sa consommation, son épargne et de contracter un crédit. Difficile aussi de se protéger financièrement en cas de séparation, de divorce ou de perte d'emploi. Il y a plusieurs explications à cette situation. D'abord, l'écart de rémunération entre femmes et hommes qui joue sur la capacité d'épargne et d'investissement. Concrètement, moins vous gagnez, moins vous avez de chance d'obtenir un prêt. Ensuite, des freins culturels existent dans certains pays pour l'accès aux services bancaires. 

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Pour faire bouger les lignes, on peut par exemple penser à l'accès à l'éducation financière. Plusieurs structures et entreprises se mobilisent sur le sujet, comme le géant français L'Oréal qui a signé une charte l'été dernier pour que les femmes aient plus facilement accès à ce type de formations et d'apprentissage dès le plus jeune âge, mais aussi encourager l'entreprenariat féminin, avec des aides et des financements dédiés. On peut aussi noter la promotion de l'égalité salariale et donc lutter contre toute forme de discrimination. Bref, pour que les femmes reprennent, ou prennent, c'est selon, le pouvoir sur l'argent ! 

Les entreprises mondiales ont versé des dividendes record en 2024: bonne ou mauvaise nouvelle?
06 March 2025
Les entreprises mondiales ont versé des dividendes record en 2024: bonne ou mauvaise nouvelle?

Les entreprises mondiales ont versé des dividendes record en 2024 : 1750 milliards de dollars. C’est colossal et cette tendance implique bon nombre de questions. Mais déjà, comment expliquer cette dynamique ? 

Pour vous faire une idée et mieux comprendre, ces dividendes mondiaux de 1750 milliards de dollars représentent l'équivalent du produit intérieur brut (PIB) d'un pays comme la Corée du Sud. Deux principales raisons à ce niveau : d’abord, les valeurs des entreprises de la tech ont bénéficié de résultats exceptionnels. Il faut souligner un tournant majeur pour trois d'entre elles puisque pour la première fois de leur histoire, les états-uniennes Meta et Alphabet, tout comme la chinoise Alibaba ont versé des dividendes à leurs actionnaires. Le secteur plait beaucoup, porté évidemment par l'intelligence artificielle. Autre explication, c'est que ce niveau de dividendes mondiaux est porté par les valeurs financières. Comprenez par là les banques et les assurances par exemple ! 

Faut-il récompenser les actionnaires ? 

Ce niveau record de dividendes mondiaux d’un montant de 1750 milliards de dollars signifie tout simplement que ce sont les actionnaires qui vont se partager cette somme. Un résultat qui prouve que l'économie mondiale, stimulée, on l'a dit notamment, par les valeurs du secteur de la tech, va plutôt bien.  

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De là à dire que c’est une bonne nouvelle, il faut relativiser, car comme souvent, pas de réponse claire, nette et précise. D'un côté, oui, c'est une bonne nouvelle, cela veut dire que les entreprises sont assez prospères et qu'elles font assez de résultats pour distribuer des dividendes. Et récompenser les actionnaires, c'est les inciter à réinvestir une partie de leur capital en action. Par ailleurs, un bon cours de bourse, c'est important pour une entreprise.

D'un autre côté, on se doit de nuancer car ces dividendes records, c'est de l'argent qui n'est pas directement réinvesti par les entreprises pour préparer leur croissance future et en plus cela contribue à entretenir les inégalités, alors qu'au même moment les filets sociaux sont de plus en plus minces parce que les finances d'un nombre grandissant d'États sont dans le rouge.  

Alors sur le fond, est-ce que récompenser un actionnaire avec plusieurs millions de dollars de dividende, c'est une bonne chose, quand un travailleur en reçoit  seulement quelques dizaines de milliers par an, la question se pose ! 

À quoi sert cet argent ? 

Dans la grande majorité des cas, il semble que ces dividendes servent plus à faire grandir le patrimoine des actionnaires, qu'à stimuler le développement des entreprises. Concrètement, une grande partie de cet argent serait d'abord investi dans la pierre pour constituer un patrimoine immobilier en achetant maison et appartement. C'est moins risqué que les actions et les produits financiers. Cela entretient une économie de rente, moins intéressante collectivement. 

Mais on peut aussi taxer ces dividendes pour les redistribuer à destination des ménages les plus modestes. C'est une option que beaucoup considèrent comme viable, mais attention, dans un monde concurrentiel et mondialisé, la marge de manœuvre est faible, car les gouvernements ont peur de la fuite des capitaux et hésitent donc à taxer davantage les revenus financiers. 

La question est donc : quelle politique mener ? Cela va être tout l'enjeu de ces prochains mois car, malgré un environnement économique incertain, notamment marqué par les tensions commerciales depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, le cabinet Janus Henderson table sur une croissance globale de 5 % pour cette année. Une hausse qui, appliquée aux dividendes, les porterait vers un nouveau record de 1 830 milliards de dollars. 

L'Europe se réarme, le secteur de la défense se frotte les mains
05 March 2025
L'Europe se réarme, le secteur de la défense se frotte les mains

L’Union européenne veut se réarmer face au désengagement américain dans le dossier ukrainien. Ce grand projet présenté par la Commission doit mobiliser près de 800 milliards d’euros pour la défense du continent. Une annonce qui fait les affaires du secteur. Décryptage. 

La tendance est claire et nette. Depuis le début de l'année, le cours boursier des industriels militaires européens ne cesse d'augmenter. Rheinmetall, le géant allemand de la défense, a vu ses actions bondir de plus de 52%. Dynamique également à la hausse pour l'Italien Leonardo : +38%, ou encore le Français Thales à hauteur de 35%. Voilà pour ne citer qu'eux. 

Et si les investisseurs ont autant confiance dans ces entreprises, c’est parce qu'elles devraient, selon toute vraisemblance, crouler sous les commandes dans les prochains mois. La Commission européenne entend mobiliser 800 milliards d'euros pour sa défense dont 150 immédiatement sous forme de prêt commun. Sont concernés la défense anti-aérienne, les missiles, les systèmes anti-drones ou encore l'artillerie. Des secteurs auxquels on pense évidemment quand on parle défense militaire, mais il y a aussi tout un tas d'entreprises auxquelles on ne pense pas qui sont essentielles à la fabrication de tels engins. Difficile de ne pas évoquer les sous-traitants, comme ceux qui fabriquent tout simplement des écrous, des boulons ou des composants électroniques. 

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Faire tourner l’industrie européenne 

Si on prend du recul, on peut sans honte se dire que cette initiative peut relancer l'industrie européenne. Car on l'a souvent démontré, elle est en difficulté. Pourtant, difficile d'être si catégorique. C'est vrai que l'activité du secteur européen est dopée par la hausse des dépenses militaires qui a suivi l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Cela devrait d’ailleurs l'être encore plus dans les prochains mois, c'est d'ailleurs ce que précise un rapport publié par le cabinet McKinsey. Mais il faut tout de même préciser que les clients de ces grands industriels, ceux qui vendent des avions, des missiles, des systèmes perfectionnés, ce sont les États. Et que les contrats signés sont des contrats de long terme de plusieurs milliards d'euros. Donc sur cet aspect, c'est de bon augure pour l'industrie militaire européenne.

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Équilibre à trouver 

Le problème, c’est qu’il va falloir trouver de l’argent. Parce qu'à budget égal, si les dépenses de défense augmentent, il va bien falloir trouver de l'argent ailleurs pour équilibrer les comptes. C'est le principe des vases communicants. L'agence de notation Fitch Ratings met d'ailleurs en garde ce phénomène, car cela va augmenter la dette des pays membres de l'UE. Or, certains comme la France sont déjà concernés par un niveau d'endettement pointé du doigt par la Commission européenne. Autre option que l'exécutif européen compte privilégier : assouplir les règles budgétaires des 27 européens pour permettre des dépenses de défense plus importantes sans toucher aux autres dépenses. Concrètement, la Commission pourrait accepter un déficit plus important. L'Europe semble ainsi changer de doctrine. Il faut à présent que les 27 parlent d'une seule et même voix pour avancer sur ce chemin voulu par Bruxelles ! 

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Comment les multinationales ont anticipé les droits de douane américains
04 March 2025
Comment les multinationales ont anticipé les droits de douane américains

Donald Trump a fini par mettre sa menace à exécution : les produits canadiens et mexicains sont taxés à 25 % à leur arrivée aux États-Unis depuis ce mardi. Pour les produits chinois, une surtaxe de 10 % est appliquée, en plus des 10 % déjà en vigueur depuis un mois. Cela concerne des milliers de milliards de dollars de biens et services. Mais avant-même l'entrée en vigueur de ces droits de douane, des entreprises du monde entier ont anticipé la mesure.

L’application de droits de douane de 25 % sur les produits canadiens et mexicains, et de 20 % désormais sur les produits chinois a immédiatement fait réagir les marchés financiers. Les bourses asiatiques étaient en baisse à l’ouverture ce mardi, tandis que le Dow Jones à New York a clôturé la journée de lundi en recul de 1,48 %.

Des entreprises ont anticipé leur relocalisation

La menace de droits de douane plane depuis la campagne de Donald Trump l’an dernier : certaines multinationales ont anticipé leur mise en œuvre et ont voulu donner des gages de bonne volonté au président-milliardaire. L’exemple le plus récent concerne le leader mondial des semi-conducteurs, le taïwanais TSMC. Donald Trump lui-même a annoncé lundi soir que la firme va investir 100 milliards de dollars supplémentaires aux États-Unis.

Le gouvernement taïwanais avait d’ailleurs pris les devants en promettant début février d’aider les patrons qui souhaiteraient relocaliser leur activité sur le sol américain. Les usines de puces électroniques se trouvent en effet souvent au Mexique ou en Chine.

Stellantis a mis sur pause une usine canadienne

Dans l'automobile, cette fois, le groupe Stellantis (qui détient les marques Chrysler ou encore Jeep) a annoncé juste après l'investiture de Donald Trump 5 milliards de dollars d'investissement aux États-Unis, et a mis sur pause l'une de ses usines au Canada.

Enfin, parmi les grands groupes américains, Apple a promis 500 milliards d’investissements sur le sol américain sur quatre ans, tandis que le géant pharmaceutique Eli Lilly – une firme américaine qui produit aussi beaucoup à l'étranger - a annoncé la semaine dernière 27 milliards d'investissements pour construire quatre usines aux États-Unis. Une annonce saluée alors par le secrétaire d'État au commerce, Howard Lutnick, qui y voit le résultat direct des menaces de Donald Trump de taxer spécifiquement les importations de médicaments.

Près de la moitié des chefs d'entreprises canadiens songeaient déjà en janvier à investir ou déplacer une partie de leur activité aux États-Unis en raison des droits de douane, d’après une étude menée par le cabinet de conseil KPMG au Canada. Selon une autre étude menée fin 2024 auprès d’entreprises du monde entier par Economist Impact (qui fait partie du même groupe que le magazine The Economist), 20 % des dirigeants prévoiraient de le faire.

Trop tôt pour évaluer l’impact du nouveau mandat de Donald Trump

Est-ce que les investissements déjà annoncés et ces études veulent dire pour autant que la méthode Trump fonctionne ? Pour ce second mandat, il est trop tôt pour le dire. Peu d'entreprises ont déjà sauté le pas. Les décisions d'investissement, surtout pour des montants aussi élevés, se prennent des mois à l'avance. Les droits de douane sont un facteur parmi d'autres. Surtout, beaucoup d’entreprises ont préféré attendre l'entrée en application avant de se décider.

À plus long terme, effet ou pas des politiques menées sous Joe Biden et lors du premier mandat de Donald Trump, l’économie américaine se porte plutôt bien ces derniers mois. Les investissements directs étrangers aux États-Unis ont battu des records en 2024. Alors qu'ils ont baissé ces dernières années en Chine, notamment en raison de la guerre commerciale entre Pékin et Washington. La production industrielle américaine, en baisse depuis près de deux ans est repassée dans le vert depuis janvier.

Pour autant, la politique de Donald Trump a créé de l'incertitude, ce qui n'est pas bon pour l'économie. Plusieurs signaux très récents inquiètent : la bourse américaine a déjà reculé le mois dernier, les créations d'emploi sont plus faibles que prévu et les consommateurs repoussent leurs achats. L’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane ce mardi pourrait encore freiner la consommation et faire repartir à la hausse l’inflation aux États-Unis.

Derrière le clash entre Trump et Zelensky: un rapprochement économique entre Washington et Moscou?
03 March 2025
Derrière le clash entre Trump et Zelensky: un rapprochement économique entre Washington et Moscou?

Deux jours après sa vive altercation avec Donald Trump à la Maison Blanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est rendu, dimanche 2 mars, à Londres pour y rencontrer ses alliés européens. Les dirigeants britannique, allemand, français, polonais, italien veulent faire front commun pour soutenir l’Ukraine, face à un président américain qui adopte de plus en plus ouvertement le langage du Kremlin. À tel point que commence à être évoqué un rapprochement économique entre Washington et Moscou.

Volodymyr Zelensky était venu à Washington pour signer avec Donald Trump un accord sur l’exploitation des minéraux ukrainiens. Après la brutale séance d’humiliation publique que lui ont infligé le président et le vice-président américain, il est parti sans céder à cette exigence de Trump. Mais le président américain était-il seulement encore intéressé par le deal ? « J’aimerais également pouvoir acheter des minéraux sur le sol russe »déclarait-il à la veille de recevoir son homologue ukrainien. « Ils ont d’excellentes terres rares, et aussi du pétrole, du gaz... Ce serait bien pour la Russie qu’on trouve un accord, ils ont des gisements de grande valeur qui sont inexploités, donc oui ça pourrait bien finir par arriver ». Soucieuse de ne pas voir les liens entre Kiev et Washington se renforcer, Moscou a fait une contre-proposition aux Américains, faisant passer le message que la Russie disposait de réserves beaucoup plus importantes que l'Ukraine en terres rares, sans préciser que ces réserves incluaient les gisements situés dans les territoires ukrainiens conquis depuis février 2022 et illégalement occupés par l'armée russe.

Trump et le rapprochement avec Moscou

Donald Trump n'y a visiblement pas été insensible. La semaine dernière, alors qu'il s'apprêtait à recevoir le président français Emmanuel Macron, il évoquait sur son réseau social « des discussions très sérieuses avec Vladimir Poutine » concernant « des accords de développements économiques majeurs ». C’est l’un des facteurs qui explique peut-être ce spectaculaire retournement d’alliances, ce basculement de l’ordre mondial auquel on est en train d’assister. Pour l'heure, ce rapprochement peine à se traduire concrètement. Bloomberg évoque de premières discussions sur l'établissement de routes commerciales en mer arctique, une manière de prendre la température de l'eau et de tester les limites du dégel des relations entre les deux puissances. 

Les entreprises occidentales face à l’incertitude russe

La situation est regardée de très près par les grandes entreprises occidentales. Beaucoup ont été forcés de quitter la Russie depuis l'invasion russe à grande échelle de l'Ukraine. C’est le cas de deux tiers des entreprises américaines. Un retour en masse n’est pas à l’ordre du jour, en tout cas pas tant que les sanctions n’auront pas été levées. C’est dans l’intérêt des Russes dont l’économie souffre plus que ne veulent bien le reconnaître les autorités. Donald Trump lui est obsédé par la Chine, pour enfoncer un coin dans l'alliance entre Moscou et Pékin il est visiblement prêt à sacrifier l'Ukraine. 

La presse américaine fait état de premiers contacts établis entre le Kremlin et les états-majors de plusieurs multinationales. Les entreprises occidentales sont hésitantes. Elles n’ont pas oublié les conditions dans lesquelles elles ont dû partir, forcées de brader leurs actifs à des entrepreneurs proches du Kremlin quand l’État russe ne les a pas tout simplement saisi. Les pertes cumulées des entreprises américaines en Russie dépassent 45 milliards de dollars d’après le Financial Times.

Certaines sont tout de même tentées, y voyant un marché à reconquérir. Au moment de partir, certaines entreprises ont fait inscrire une clause de rachat dans les contrats de vente, qui doivent en théorie leur permettre de récupérer leurs actifs russes à bon prix. Or bon nombre de ces clauses vont arriver à expiration dans les prochains mois. En cas de cessez-le-feu durable, la question pourrait aussi se poser pour les entreprises européennes. Le contexte est favorable à celles qui sont restées malgré la guerre. La banque autrichienne Raiffeisen par exemple, pointée du doigt ces trois dernières années pour son refus ostensible de quitter le pays. Depuis la victoire de Donald Trump à la présidentielle son action a pris plus de 40 %.

L'intelligence artificielle, moteur ou frein de l'activité boursière?
28 February 2025
L'intelligence artificielle, moteur ou frein de l'activité boursière?

L'intelligence artificielle a de nombreux effets sur les marchés boursiers mondiaux. Depuis plusieurs mois, ce sont les valeurs en lien avec l’IA qui font la pluie et le beau temps de ces marchés. Dernière illustration en date : la Bourse de Hong Kong qui a atteint son plus haut niveau depuis 2022, en raison précisément des titres de la tech. Décryptage.

Promis, on va essayer de comprendre ce qui se joue en restant les plus concrets possible. Prenons l’exemple de la Bourse de Hong Kong dont la valeur a augmenté de 20% depuis le début de l’année. Une hausse en seulement deux mois poussée par une envolée des valeurs technologiques car ce sont elles qui tirent pour le moment l’indice de référence hong-kongais. Cela prouve que les marchés sont très sensibles à tout ce qui touche à l'IA. L'une des explications de cette augmentation notamment c'est que le gouvernement a annoncé investir dans le développement d'un pôle d'intelligence artificielle

DeepSeek et Alibaba en grâce 

Il faut aussi préciser que les titres entretiennent cette tendance, comme par exemple DeepSeek. Le robot conversationnel chinois a bousculé le milieu il y a un peu plus d'un mois et rencontre un grand succès et témoigne d'une autonomie technologique de la Chine. Cela plait aux investisseurs. Et puis on peut aussi noter le retour en force d'Alibaba. Le groupe de e-commerce chinois continue sa remontada boursière depuis la semaine dernière. La raison est simple, c'est la réapparition de son patron Jack Ma qui en a profité pour présenter un plan d'investissement dans l'intelligence artificielle. C'est un peu le serpent qui se mord la queue. L’IA intéresse les entreprises et surtout, elle joue aussi un rôle essentiel à la dynamique du moment. 

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Une crainte toujours vive 

Pourtant, les titres liés à l'intelligence artificielle ne sont pas toujours en hausse. Par exemple, Nvidia, le fabricant de puces électroniques et de semi-conducteurs indispensables à l'intelligence artificielle s'est fait peur le mois dernier en perdant 600 milliards de dollars de valeur boursière à New York en une seule journée, avant de reprendre des couleurs. La raison, c'est la présentation de DeepSeek qu'on évoquait à l'instant. Avant la présentation des chiffres de Nvidia cette semaine, sa valeur a encore chuté car ils craignaient que l'entreprise soit en difficulté. Ses investisseurs ont donc été rassurés, cela parce que le chiffre d'affaires du groupe a augmenté de 78% par rapport à 2023, preuve de l'intérêt pour le secteur. L'activité de Nvidia continue donc d'être stimulée par les investissements constants des plus grandes entreprises technologiques dans les centres de données.   

De fait, toutes les Bourses dépendant notamment des valeurs liées de près ou de loin à l'intelligence artificielle, l'enjeu est de savoir si c'est un effet de court terme ou bien une tendance de fond qui pourrait dicter la vie boursière et financière des prochaines années ! 

États-Unis: le plan de Donald Trump pour faire venir les riches étrangers
27 February 2025
États-Unis: le plan de Donald Trump pour faire venir les riches étrangers

Le président américain a une nouvelle idée, il compte mettre en place un visa un peu spécial, un « visa d’or ». Objectif de cette manœuvre, remplacer le visa qui permet aux investisseurs étrangers d'obtenir une carte verte, à savoir un permis de séjour légal aux États-Unis. Et tout cela moyennant finance. Décryptage.

Comptez cinq millions de dollars pour obtenir la fameuse carte verte américaine qui permet de résider aux États-Unis. La carte permet aux citoyens non américains de s'installer et de travailler légalement dans le pays sans avoir besoin de visa. Aujourd'hui, pour l'obtenir, on peut investir dans des entreprises américaines, ce qui déclenche le processus d'attribution. Le locataire de la Maison Blanche souhaite tout simplement la monnayer. 

Le président américain et son administration considèrent que cette règle fait l'objet de nombreuses fraudes. Aujourd’hui, en investissant au moins 800 000 dollars, il est possible d'avoir la possibilité de résider aux États-Unis. Mais problème selon le ministre américain du Commerce, ce dispositif est sujet à trop de fraudes, et représente un moyen d'obtenir la carte verte à un bas coût. Résultat, en bon homme d'affaires, Donald Trump change la règle afin de mettre en place en quelque sorte un prix plancher pour obtenir un permis permanent de résidence et faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'État en attirant les étrangers fortunés dans le pays. 

Les riches dépensent beaucoup 

Le président américain se justifie : « des gens riches vont venir en achetant cette carte. Ils seront riches et ils réussiront, ils dépenseront beaucoup d'argent, paieront beaucoup d'impôts et emploieront beaucoup de gens »Car Donald Trump a besoin de personnes riches pour faire tourner l'économie américaine. L’agence Moody's vient de publier une étude qui le démontre. Les 10% d'Américains les plus riches représentent aujourd'hui la moitié de toutes les dépenses du pays. Cette catégorie de population est essentielle à l'économie américaine, le président Trump compte sur eux ! 

Des opportunités et des risques 

Si pour le président américain, ce système est viable, l’OCDE est plus mesurée. Dans un rapport réalisé en 2023, l'Organisation de coopération et de développement économiques estime que oui, ces riches étrangers contribuent à stimuler la croissance grâce aux investissements directs étrangers. Mais qu'il y a des limites, car s'il ne faut que cinq millions de dollars pour résider sur le sol américain, cela peut attirer les criminels ou d'autres qui sont persona non grata ailleurs ou qui cherchent à échapper à la justice ou à blanchir de l'argent. 

Néanmoins, des critiques se font déjà entendre concernant la venue possible d'oligarques russes. Donald Trump balaie tout cela d'un revers de main, il considère qu'ils pourront profiter de ce système et d'ajouter qu'il connait des oligarques russes « qui sont des gens très sympathiques ». Car on le rappelle, ces oligarques ont pour la grande majorité été sanctionnés par l'administration américaine depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie il y a de ça trois ans. En tout cas, c'est loin d'être anecdotique, Donald Trump ne s'en cache pas, il est proche des fortunés de la planète et réciproquement d'ailleurs. On parle même de broligarques, des hommes, milliardaires, qui s'immiscent petit à petit dans les sphères politiques et institutionnelles, qu'ils viennent des États-Unis ou d'ailleurs ! 

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