Aujourd'hui l'économie
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Pour mieux comprendre notre environnement, Aujourd'hui l'économie vous propose un rendez-vous quotidien pour décrypter un fait marquant de l'actualité économique. Un focus quotidien complété par une sélection d'informations économiques. Le vendredi, diffusion d’«Aujourd’hui l’économie, le Portrait», celui d’un acteur ou actrice de cette actualité, d’une entreprise grande ou petite...

La concurrence féroce du «discount» en Europe
20 November 2024
La concurrence féroce du «discount» en Europe

Les discounters sont partout en Europe et rencontrent un franc succès. Action, Normal, Hema, ces magasins qui vendent des produits de toutes sortes à petits prix investissent nos villes. En France, un foyer français sur trois fréquente au moins une fois par an ce type d'enseigne. Et malgré cette demande, le pionnier du secteur, Gifi, est en difficulté. État des lieux d'un secteur porteur qui doit se réinventer.

Pour comprendre la situation du secteur, il suffit d'une étude de cas classique, le cas de Gifi, entreprise française créée en 1981. Dans ces magasins que l'on appelle aussi des « bazars », on trouve à peu près tout pour à peu près rien, qu'il s'agisse d'accessoires du quotidien, de la décoration ou des produits pour la maison et le jardin. La marque est devenue une référence et s'est développée. Elle compte 700 magasins, emploie 6 500 personnes dans dix-sept pays, principalement en Europe, mais aussi en Côte d'Ivoire et dégage aujourd'hui un chiffre d'affaires de 1,3 milliard d'euros.

C'est le développement de Gifi qui explique ses difficultés actuelles. D'abord, dans les années 2010, Gifi s'est positionnée dans la gamme supérieure du discount avec des prix donc un tout petit peu plus élevés que ses concurrents et, en 2017, c'est le rachat de l'entreprise Tati en grande difficulté qui a plombé les comptes de Gifi.

 

Franck Rosenthal, expert en marketing du commerce

« Le secteur du hard discount se développe beaucoup mais il y a tellement d’acteurs que les parts de marché diminuent et seulement certains y gagnent »

 

Bug informatique et spirale infernale

Le coup de grâce pour Gifi, c'est au début de l'année 2024 avec un énorme bug informatique qui a mis en lumière les difficultés de l'entreprise à cause d'un changement de logiciel de gestion des stocks. Cette spirale infernale a entraîné une perte de chiffre d'affaires et donc de marges nettes, la maison mère a dû s'endetter à hauteur de 100 millions d'euros pour faire face.

Gifi est aujourd'hui en très grande difficulté et cherche un repreneur, mais la concurrence est là, féroce, et ne fait pas de cadeaux. 

Concurrence physique, avec le géant néerlandais Action, groupe ultra-développé en France avec 800 magasins. Il y en a des dizaines qui ouvrent chaque mois et qui se positionnent sur du discount brut avec des produits à très bas prix négociés avec une faible marge. C'est important, Action dépense peu en marketing tant le bouche-à-oreille est efficace. D'autres enseignes ont d'ailleurs fait leur apparition comme Normal, Hema, Noz ou encore BM.

La concurrence est aussi sur internet

Et ce n'est pas qu'en magasins que les grands du secteur se mènent une guerre des prix, internet est aussi un terrain de jeu idéal pour le secteur. Ça, le chinois Temu l'a parfaitement compris, à tel point que le site internet est devenu le quatrième site marchand visité en France. Sur cette plate-forme de e-commerce, on trouve de tout à très bas prix.

Cette situation n'est pas que franco-française. Les discounters européens vont devoir s'adapter, le marché grandit peu mais les acteurs, eux, sont de plus en plus nombreux. C'est comme pour un gâteau : sa taille ne change pas, mais les parts sont de plus en plus petites. C'est donc tout un secteur qui doit se réinventer, même s'il est très porteur, à l'heure où l'inflation a amputé le pouvoir d'achat des ménages et où les plaisirs, eux, se font à petit prix.

Investir en Afrique, quelles ambitions pour les entreprises françaises?
19 November 2024
Investir en Afrique, quelles ambitions pour les entreprises françaises?

Le sommet Ambition Africa s'ouvre ce mardi 19 novembre 2024 à Paris. Cet événement annuel important dans les relations économiques et commerciales franco-africaines a une ambition : soutenir les entreprises françaises sur le continent africain.

Investir en Afrique est un véritable enjeu pour les entreprises françaises. Aujourd'hui, ce sont 5000 d'entre elles qui sont installées sur le continent et l'an passé, elles y ont dégagé un chiffre d'affaires de 100 milliards d'euros. La France y est le deuxième investisseur après le Royaume-Uni. Les États-Unis complètent le podium, la Chine, elle, est cinquième. Pourtant, la France voit sa présence économique réduire sur le sol africain. Ses positions commerciales s'effritent. Entre 2000 et 2020, la France a vu ses parts de marché sur le continent réduire de moitié. Pour autant, les investissements directs à l'étranger des entreprises françaises a doublé sur cette même période.

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La demande africaine a explosé

Alors comment expliquer ce paradoxe ? Le marché africain s'est agrandi et est pleinement entré dans la mondialisation économique. La concurrence mondiale s'y exerce à plein. Cela est dû à l'explosion de la demande des Africains mais aussi à l'émergence de nouveaux concurrents qui répondent à cette demande. Mais il y a une particularité, les entreprises françaises dans leur grande majorité investissent en Afrique et elles opèrent sur place. En valeur, ce sont entre 60 et 65 milliards d'euros qui y sont investis chaque année.

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Où les entreprises investissent ?

Il est facile de penser que les investissements majoritaires sont principalement dans ce qu'on appelait le pré-carré de l'Afrique francophone. Mais d'après le Cian, le Conseil français des investisseurs en Afrique, les trois premiers pays où les entreprises tricolores investissent sont l'Afrique du Sud, l'Égypte et le Nigeria. Mais Paris reste encore attentif à ses relations historiques. Dernier exemple en date, au Maroc il y a même pas trois semaines, avec la signature d'un partenariat d'exception renforcé pour un montant global allant jusqu'à 10 milliards d'euros.

Certaines entreprises boudent le marché africain

Illustration d'une difficulté réelle : les banques françaises se retirent petit à petit. La dernière encore très présente sur le continent c'est la Société Générale. La SG comme on l'appelle désormais se désengage. Cette décision est motivée par la faible rentabilité de ses filiales africaines ou encore des risques très élevés. Concrètement, les banques sont beaucoup plus frileuses et ne veulent donc plus prendre ces risques précisément.

Il y a donc une nouvelle interrogation pour les entreprises françaises. Est-ce qu'elles doivent continuer à investir sur le continent avec autant d'ambition alors que les banques françaises qui sont leurs partenaires privilégiés se retirent ? Et puis il y a aussi un élément non négligeable qu'est la dégradation de la situation économique tout simplement. Les entreprises françaises souffrent d'une compétitivité exacerbée. Résultat : leurs dirigeants n'ont pas toujours l'intention d'investir en Afrique, préférant se concentrer sur des marchés qu'ils connaissent et qui leur semblent plus prioritaires. C'est d'ailleurs pour cela que les pouvoirs publics organisent des rencontres entre patrons français et africains pour renforcer ces liens économiques ! 

Face aux Brics, le G20 sert-il encore à quelque chose?
18 November 2024
Face aux Brics, le G20 sert-il encore à quelque chose?

Le sommet du G20 qui s'ouvre ce lundi à Rio au Brésil. Il s'agit là d'un rendez-vous qui réunit les plus grandes économies de la planète avec cette ambition : organiser la coopération économique mondiale. Est-ce toujours le cas ? Décryptage.

Le G20 représente 85% du PIB mondial et les trois quarts des échanges commerciaux internationaux. Pourtant, il fait face à de nombreuses crises et tensions. D'ailleurs, ce forum économique est né de crises. Sans entrer dans le détail, il voit le jour en 1999 avec la crise financière asiatique deux ans plus tôt mais ce n'est qu'en 2008 qu'on le connait tel qu'il est aujourd'hui après la crise des subprimes.

Entre-temps, la donne mondiale a changé. Certains membres du G20 ont intégré un autre groupe, lui aussi très influent : Le groupe des Brics, devenu aujourd’hui les Brics + après avoir été élargi. Y figurent l'Afrique du Sud, la Chine, l'Inde, le Brésil, la Russie. La subtilité, c'est que ces puissances pèsent aujourd'hui très lourd dans la communauté du G20.

Être membre des Brics et du G20

Les États qui sont membres de ces deux groupes ont beaucoup à gagner. D'abord, faire partie d'un tel groupe, avec l'ensemble des économies occidentales, c'est faire entendre sa voix. Avec en filigrane cette ambition, faire preuve de solidarité entre toutes ces économies qui n'ont pas toutes les mêmes priorités, des États-Unis à la Chine en passant par la Russie.

Pourtant, certaines revendications font leur chemin dans les agendas des puissances occidentales, avec un certain pragmatisme il faut tout de même le dire. Parce que les Occidentaux ne veulent pas voir le fossé se creuser avec les représentants du « Sud global », pays qui refusent la domination occidentale. La raison ? Le contexte de tensions, pour des raisons différentes, avec leurs têtes d’affiche : la Russie et la Chine.

Deux enjeux essentiels pour ce sommet du G20

Le président brésilien Lula, qui occupe la présidence tournante du G20 cette année l'affiche : il veut consacrer la force du groupe à la lutte contre la pauvreté et le renforcement de la fiscalité internationale. Cela passe par une meilleure représentation des pays en développement membres du G20 dans les institutions internationales. Mais avec aussi la volonté de mieux utiliser les moyens des banques régionales pour augmenter le volume de prêt et le niveau d'action en faveur des pays les plus vulnérables. 

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Et en ce qui concerne la fiscalité internationale, la taxation des grandes entreprises les plus rentables mais aussi sur les personnes est un gros dossier. Concrètement il s'agit là de taxer les plus riches de la planète, à hauteur de 2%, ce qui pourrait rapporter 250 milliards de dollars par an.

Deux ambitions qui ne sont pas si simples à expliquer, de par la diversité des pays et des économies membres du G20 qui n'ont pas la même priorité ni la même approche. Il y a aussi les conflits en Ukraine et au Proche-Orient qui vont peser dans les débats. Et puis dans tous les esprits aussi l'arrivée dans deux mois de Donald Trump à la Maison Blanche. Le futur président américain pourrait mettre un peu plus à mal un multilatéralisme qui risque d'afficher une nouvelle fois ses limites durant ce sommet de Rio.

La Chine se prépare à la politique économique de Donald Trump
15 November 2024
La Chine se prépare à la politique économique de Donald Trump

Donald Trump ne cesse de prévenir : la Chine sera sa grande rivale économique lorsqu'il sera à la Maison Blanche. Ses dernières décisions le prouvent, il a choisi un opposant notoire à Pékin pour être son chef de la diplomatie, ou encore, il promet d'imposer des droits de douane de 60% pour tout produit importé de Chine. Des décisions qui pourraient avoir des impacts sur la santé économique chinoise.

Parfois, pour comprendre, un chiffre vaut mieux qu'une longue explication. Le chiffre, c'est celui-ci : 1 000 milliards de dollars, à savoir le montant de l'excédent commercial de la Chine pour cette année 2024. Cela veut dire qu'elle vend plus qu'elle n'achète, de beaucoup, c'est tout simplement un record mondial. Concrètement, cet excédent commercial démontre l'importance des exportations pour la Chine.

Les États-Unis font partie des principaux partenaires commerciaux de la Chine avec 550 milliards de dollars de produits chinois exportés vers les États-Unis en 2022, malgré des mesures prises par Washington pour limiter le commerce avec Pékin lors du premier mandat de Donald Trump. Il avait déjà durci les règles entre 2016 et 2020. Ces règles sont toujours appliquées mais les autorités chinoises avaient pris conscience du risque que cela pouvait être pour leur économie.

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Des lois anti-sanctions étrangères

Depuis huit ans, la Chine se dote de lois contre les sanctions étrangères. Évidemment, elles sont plus ou moins radicales et elles permettent à Pékin de mettre notamment sur liste noire certaines entreprises étrangères. En cas de sanctions très dures, cela aurait des conséquences réelles sur l'accès aux chaines d'approvisionnement mondiales.

Cela parce que la Chine est un marché très important et que le monde reste très dépendant d’elle. Qu'il s'agisse de composants, de pièces détachées ou même de voitures électriques, la Chine sait faire et elle exporte ou produit pour elle-même.

Les États-Unis sont ainsi en première ligne. Cet exemple le prouve : si d'aventure Washington durcit les règles et taxe à hauteur de 60% comme Donald Trump le souhaite, il est tout à fait envisageable que Pékin réponde en faisant pression sur des groupes américains.

Tesla en étant un, Pékin pourrait mettre des bâtons dans les roues à son développement en Chine. De mauvais augure pour le géant américain de la voiture électrique puisque Tesla est implantée sur le sol chinois et y voit un marché très important. Tesla est un exemple, mais toutes les entreprises américaines globalisées sont concernées.

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Quels leviers d'action pour Pékin ?

La Chine est sur une ligne de crête. Puisque si les États-Unis amplifient leurs mesures protectionnistes, elle va devoir trouver de nouveaux partenaires pour maintenir son excédent commercial. On l'a vu, la Chine doit son salut économique en ses exportations. Alors vers qui se tourner ? L'Union européenne ? Les 27 ont conscience de cette possibilité et justement, ils pourraient durcir les règles d'entrée sur leur marché.

Donc, l'idée pour Pékin est d’intensifier ses échanges commerciaux avec des pays en développement, moins alignés sur les grandes puissances occidentales, en explorant d’autres secteurs que ces industries. La Chine a d’ailleurs largement anticipé cette possibilité. Cette illustration en est la preuve, ce 15 novembre 2024, au Pérou, avec l'inauguration d'un gigantesque port. Valeur de l'opération : 3 milliards et demi de dollars investis par Pékin qui vont lui permettre d'avoir une nouvelle porte d'entrée en Amérique latine.

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COP29: des pistes innovantes pour financer l'aide climatique
14 November 2024
COP29: des pistes innovantes pour financer l'aide climatique

La COP29 se déroule du 11 au 22 novembre à Bakou en Azerbaïdjan. Au cœur des discussions de ce grand rendez-vous pour le climat, ces questions : quel montant pour les pays en développement, et surtout, qui paie ? Les idées sont donc nombreuses pour financer l'aide climatique.

En 2024, l'aide des pays riches pour les pays en développement est de 116 milliards de dollars par an. C'est conforme à ce qui avait été fixé il y a 15 ans à la COP de Copenhague, à savoir atteindre les 100 milliards de dollars d'aide par an à partir de 2020... Cet objectif a d'ailleurs été atteint avec un peu de retard en 2022. Mais les pays en développement demandent plus, évoquant une dette climatique contractée par les pays riches, qui ont contribué au changement climatique depuis plus d'un siècle. Par exemple, l'Inde, le groupe Afrique et le groupe arabe proposent de nouveaux objectifs de financement, de 1 000 à 1300 milliards de dollars par an à l'horizon 2030

Qui va payer ?

C'est là que ça coince. De COP en COP, certains pays se sont enrichis et « changent de camp ». C'est par exemple le cas de la Chine, deuxième puissance économique mondiale, première pollueuse au monde, mais Pékin estime payer assez. Il y a aussi le cas des États-Unis avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Il a répété vouloir couper les financements mondiaux pour le climat. Et puis, il y a l'Europe qui veut contribuer davantage, mais qui n'en a pas les moyens, dans un contexte où les pays du continent adoptent des budgets d'austérité pour juguler leurs déficits.

Il faut donc plusieurs acteurs. Les spécialistes font souvent la comparaison avec un oignon. Chaque épaisseur correspond à une couche de financement. En son cœur, les financements publics. Les couches plus périphériques correspondent à d’autres financements privés !

De multiples formes de financement

On parle de plusieurs taxes, comme celles sur les transactions financières. Ce sont de petites taxes, entre 0,01 et 0,5 % et sont appliquées lorsqu'il y a achat-vente d'actions ou d'obligations. Puisque qu'il y a des milliers de transactions financières par minute, cela pourrait permettre de rapporter un produit fiscal conséquent et utile pour financer l'aide au développement. Le recours à cette option était d'ailleurs inenvisageable il y a quelques années, aujourd'hui, elle est de plus en plus prise au sérieux par les spécialistes et devient une piste concrète.

D'autres taxes sont mises en avant comme, par exemple, la taxe sur les énergies fossiles. Toujours la même stratégie : une sorte d'impôt prélevé lors d'achat de charbon, de pétrole ou gaz. Taxation également sur le transport maritime, secteur très peu taxé. Les armateurs disposent d'un régime fiscal d'exception, d'autant que c'est un secteur qui pollue beaucoup également. Autre possibilité, le secteur aérien avec une sorte de taxe grands voyageurs. Le système fonctionnerait comme celui des Miles de fidélité mais à l'inverse : plus un passager prendrait l'avion, plus le prix du billet augmenterait.

Les super-riches dans le viseur

L'idée d'une ponction annuelle de 2 % sur le patrimoine des milliardaires fait son chemin. Cette taxe est surnommée la taxe Zucman, du nom de l'économiste qui l'a proposée. La mesure peut sembler intéressante car, aujourd'hui, ce sont 3 000 milliardaires de la planète qui échappent largement à l'impôt via de nombreuses stratégies fiscales. Cela pourrait rapporter 250 milliards de dollars par an. L'idée est donc que tout le monde participe au financement de l'aide climatique... D'ailleurs, la COP29 de Bakou sert à trouver une stratégie commune, de discuter de toutes ces options possibles afin que chacun y mette du sien et trouver des financements communs.

Malgré l'opposition de la France, l'accord UE-Mercosur en passe d'être conclu?
13 November 2024
Malgré l'opposition de la France, l'accord UE-Mercosur en passe d'être conclu?

Les agriculteurs français promettent de reprendre leur mobilisation lundi, notamment pour protester contre la perspective d'un traité de libre-échange UE-Mercosur. Pourtant, après un accord politique trouvé en 2019 et près de 25 ans de tractations, la majorité des États de l'Union européenne poussent pour conclure les dernières négociations, si possible avant l'intronisation de Donald Trump le 20 janvier. 

Voitures allemandes d'un côté, bœuf argentin et poulet brésilien de l'autre : le traité de libre-échange UE-Mercosur, négocié depuis près d'un quart de siècle, doit supprimer ou réduire les droits de douane sur de nombreux services, produits agricoles ou encore produits industriels entre les pays membres de l'Union européenne et ceux du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie). Un accord politique avait été trouvé en 2019, afin de créer l'une des plus grandes zones de libre-échange au monde. Pourtant, le texte n'a toujours pas été officiellement adopté, notamment en raison de l'opposition de la France. Face à la perspective de l'arrivée au pouvoir de Donald Trump – il prendra officiellement ses fonctions le 20 janvier – la Commission européenne, poussée notamment par l'Allemagne et l'Espagne, cherche à conclure les négociations. 

Face au protectionnisme de Trump, diversifier les exportations

Le milliardaire américain a promis pendant sa campagne des droits de douane de 10 à 20 % sur les importations aux États-Unis et même de 60 % sur les produits chinois, ce qui pourrait bien déclencher des représailles commerciales. Face à la perspective d'un regain de protectionnisme chez les deux plus grandes économies mondiales, « il y a une impatience des États membres [de l'Union européenne] qui soutiennent cet accord. On va être confrontés sans aucun doute à une guerre commerciale qui va secouer le commerce international. À travers cet accord commercial, il s'agit d'avoir une alliance resserrée avec les pays d'Amérique latine, et de rapprocher des intérêts stratégiques », explique Elvire Fabry, chercheuse senior en géopolitique du commerce à l'Institut Jacques Delors. « La place qu'on ne prend pas en ne signant pas l'accord, c'est la Chine qui la prend », estime la chercheuse du think tank européen.

La Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Amérique du Sud, devançant les États-Unis. Pour les pays du Mercosur, l'intérêt est également de diversifier leurs exportations, ainsi que d'accéder à un marché de 450 millions de consommateurs européens. Une nouvelle session de négociations entre la Commission européenne et le Mercosur est prévue à la fin du mois de novembre.

Dernières négociations sur l'environnement

Les discussions renouées ces dernières semaines ne portent pas sur l'accord politique déjà conclu en 2019, mais sur une annexe au texte. L'UE cherche davantage d'engagements environnementaux de la part des pays du Mercosur. La Commission européenne souhaite inclure comme « clause essentielle » le respect de l'accord de Paris de 2015, dont l'objectif est de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré par rapport à l'ère préindustrielle. De leur côté, les pays du Mercosur négocient les règles des marchés publics pour protéger leurs industries nationales. Le Brésil, par exemple, souhaite des garanties pour son industrie automobile, face à la concurrence des exportations de voitures allemandes.

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Vive opposition au traité en France

Malgré la volonté de l'Allemagne, de l'Espagne et de la Commission européenne d'avancer rapidement, l'accord reste très impopulaire en France. Les agriculteurs prévoient de reprendre leurs mobilisations dès lundi, ce qui coïncidera avec le début du G20 au Brésil, où ils craignent qu'un accord UE-Mercosur soit conclu en marge du sommet. Par ailleurs, plus de 620 parlementaires français de tous bords politiques ont signé mardi 12 novembre une lettre adressée à la Commission européenne pour manifester leur opposition au traité.

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Pourtant, Bruxelles souligne que la France bénéficierait de l'accord pour ses exportations de vin et de produits laitiers. De plus, les quotas de viande importés depuis le Mercosur avec des droits de douane réduits sont faibles par rapport à la production européenne, estime la Commission : ces quotas équivalent à 1,6 % de la production européenne de bœuf et 1,4 % pour la volaille. Des moyennes qui pourront se traduire par des pourcentages plus élevés dans certains pays. La France, soutenue par l'Irlande et les Pays-Bas, cherche à rallier la Pologne et d'autres pays européens à sa cause. Mais « pour le moment, on est encore en dessous du seuil d'une mobilisation suffisante pour bloquer une ratification » au niveau européen si le texte devait être adopté à la majorité qualifiée, pointe Elvire Fabry.

Trump à la Maison Blanche: quelles conséquences économiques pour l'Afrique?
12 November 2024
Trump à la Maison Blanche: quelles conséquences économiques pour l'Afrique?

Commerce, aide au développement, relations économiques, même si Donald Trump semble ignorer le continent lors de ces prises de parole, les répercussions sur l'Afrique de sa politique économique pourraient être plus importantes que lors de son premier mandat. 

Les économies africaines seront-elles affectés par le protectionnisme à la sauce Trump ? L'augmentation des droits de douanes de 10 voire même 20 % aura nécessairement des conséquences. Toutes les importations américaines seront touchées et les produits africains ne devraient pas échapper à la règle.

Les véhicules sud-africains, les diamants du Lesotho, les hydrocarbures comme le pétrole brut du Nigeria ou certains minerais : si Donald Trump applique son programme, les droits de douane augmenteront sur tous ces produits.

Les exportations touchées par le protectionnisme

Si l’on tient compte du poids des exportations dans le PIB des pays, le Lesotho, Madagascar, le Ghana, la Libye et l’Afrique du Sud seraient les plus touchés selon une étude du cabinet indépendant Global Sovereign Advisory publiée quelques semaines avant l'élection. 

En 2017, lors de la première élection de Donald Trump à la Maison Blanche, les mesures protectionnistes ne concernaient qu'un petit nombre de produits. Les effets avaient donc été très faibles pour l'Afrique. Là, encore une fois, si Trump fait ce qu'il dit, ça sera plus dur à supporter.

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L'Agoa dans le viseur ?

Les incertitudes concernent également l'avenir des accords commerciaux et en particulier le principal accord : l'African Growth and Opportunity Act plus communément appelé l'Agoa et qui permet aux pays africains d'exporter vers les États Unis sous conditions.

Donald Trump ne s'en cache pas, il est sceptique sur ces cadres multilatéraux. En 2018 il avait déjà suspendu le droit du Rwanda d'exporter des vêtements via l'Agoa. Une sanction envers Kigali qui avait décidé d'augmenter les droits de douanes sur les importations de fripes. Donald Trump utilise cet accord commercial pour faire pression sur les pays bénéficiaires... qui sont d'ailleurs régulièrement soumis à une réévaluation. 

Le programme arrive à échéance en septembre 2025, et certains experts s'inquiètent. Donald Trump n'a rien spécifié durant sa campagne, mais il pourrait tout à fait décider de modifier l'Agoa qui générait l'année dernière quasiment 50 milliards de dollars d'échanges commerciaux.

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Chine touchée = Afrique impactée

Il y aura aussi des conséquences indirectes, notamment si la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine s'intensifie. Des droits de douanes massifs sont attendus sur les produits chinois vendus aux États-Unis. et l'effet mécanique est le suivant : ralentissement de l'économie chinoise donc les pays africains qui exportent beaucoup vers la chine pourraient être affectés. Là, les économistes parlent de pays, comme l'Angola ou la République démocratique du Congo qui exportent leurs minerais vers la Chine.

Autre incertitude : l'aide au développement américaine sera-t-elle rabotée par le président Trump ? Elle est très importante pour le continent africain, près de 4 milliards de dollars cette année.

Les médias sud-africains se demandent par exemple si le programme américain de lutte contre le VIH se poursuivra. 

En attendant, les chefs d'États africain font de la politique. C'est un concert de félicitations au président élu depuis une semaine. Car si l'Afrique n'intéresse pas Trump... il est primordial de ne pas se fâcher tout de suite.

COP29: les banques et le financement climatique, une vaste hypocrisie?
11 November 2024
COP29: les banques et le financement climatique, une vaste hypocrisie?

Alors que s'ouvre, ce 11 novembre, la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, qui sera principalement axée sur le financement climatique, le rôle des banques dans la transition verte qu'elles disent accompagner est pointé du doigt par certaines ONG. Les participants doivent adopter un nouvel objectif mondial pour remplacer celui fixé en 2009, qui prévoyait que les pays riches mobilisent 100 milliards de dollars (92 milliards d’euros) d’aide annuelle à destination des pays en développement.

Dans un rapport publié à la veille de l'ouverture de cette COP29, l'ONG Reclaim Finance a passé au crible les transactions de 20 grandes banques européennes depuis 2021, et note près de 1000 transactions auprès de majors telles que TotalEnergies, Shell ou BP. 

Si les banques affirment soutenir ces grandes entreprises pétro-gazières pour les accompagner dans leur transition, leurs financements vont majoritairement aux activités fossiles et notamment aux nouveaux projets de terminaux GNL. La parade est simple et s'appelle le financement « corporate », qui revient à financer l’entreprise qui développe le projet et non l'infrastructure. C'est par ce subterfuge que les banques affirment ne participer à aucun projet lié aux hydrocarbures de manière directe alors qu'elles sont impliquées dans nombre de « bombes carbones », ces mégas projets d'extraction de combustibles fossiles.

Les institutions financières se défendent en affirmant que les énergies fossiles continuent de jouer un rôle important dans le mix énergétique mondial, avec une demande croissante, un argument qui est aussi régulièrement avancé par les producteurs d'énergie.

Risque accru pour la finance mondiale

Ces financements comportent pourtant aussi un risque pour le secteur financier lui-même. La banque de France a elle-même publié un rapport dénonçant des conséquences sur les marchés ou encore le crédit. Car le réchauffement climatique qui génère des phénomènes météorologiques de grande ampleur et plus fréquents, on l'a vu récemment en Espagne, déstabilise aussi les tissus économiques locaux et peut fragiliser le système financier via les actifs dont la valeur peut très vite se dégrader. Le secteur financier a donc tout intérêt à s'engager pleinement dans cette transition sous peine d'un contrecoup très dur . 

Des subventions très généreuses 

Il n'y a pas que les banques qui sont mises en cause, les subventions des pays développés aux combustibles fossiles explosent elles aussi.

Ces pays riches ont dépensé six fois plus sur douze ans en subventions pour les combustibles fossiles qu’ils ne se sont engagés dans le financement international contre le changement climatique pour soutenir les pays les plus vulnérables. C'est ce qu'affirme l’ONG ONE dans une étude : l'argent dépensé chaque année par les économies avancées en subventions vers le fossile couvrirait près de la moitié du déficit de financement public international pour répondre aux besoins de financement du climat des économies en développement. À l'exclusion notable de la Chine ... 

L’Azerbaïdjan, hôte de la COP29 cette année, est le pays le pire en la matière, toujours selon cette étude, le pays s’est illustré ces douze dernières années avec des subventions 1 800 fois plus élevées aux combustibles fossiles qu’au financement climatique.

Volkswagen, Michelin, Auchan, les plans sociaux se multiplient en Europe
08 November 2024
Volkswagen, Michelin, Auchan, les plans sociaux se multiplient en Europe

Chez Michelin, la colère des salariés au siège de l'entreprise à Clermont-Ferrand. Une grève en soutien aux usines de Vannes et de Cholet. Après Volkswagen, c'est au tour du numéro un mondial des pneus d'annoncer un plan social. Serait-ce une lame de fond qui touche l'industrie européenne ?

Chez Michelin, les salariés expriment leur colère au siège de l'entreprise à Clermont-Ferrand. Un débrayage initié par la CGT en soutien à leurs collègues de Vannes et de Cholet concernés par des suppressions d'emplois. Après le constructeur de voitures allemand Volkswagen, c'est au tour du numéro un mondial des pneus d'annoncer un plan social. Des annonces qui ont fait l'effet d'une bombe. Serait-ce une lame de fond qui touche l'industrie européenne ?

L’automobile et l’industrie de la chimie en crise

Depuis plusieurs années des crises couvent un peu partout en Europe. À commencer par celle qui touche l'automobile. Volkswagen cherche à réduire ses coûts et à économiser quatre milliards d'euros. Avec à la clé des emplois détruits et des fermetures d'usines. Le premier groupe automobile européen vend moins, notamment en Chine, son principal marché. C'est aussi l'effondrement de l'activité qui est à l'origine de la fermeture avant 2026 de deux sites de Michelin dans l'ouest de la France. 1200 personnes vont perdre leur travail.

Les équipementiers automobiles souffrent aussi. 32 000 emplois détruits en Europe chez les sous-traitants des grands groupes. La faute à la stagnation des ventes, aux prix élevés de l'énergie et à la concurrence chinoise qui provoque par ailleurs l'effondrement de l'industrie de la chimie européenne.

Les difficultés d’Auchan

La crise n'épargne pas la grande distribution. Si Leclerc, Système U ou Intermarché tirent leur épingle du jeu, Auchan est en difficulté. 2 400 postes doivent être supprimés. Durant des années, le groupe pouvait compter sur ses activités à l'international pour essuyer les pertes françaises. Mais après avoir quitté l'Italie en 2019 et la Chine l'année suivante, Auchan s'apprêterait à abandonner sa principale bouée de sauvetage : la Russie. Si la flambée des prix a contribué à augmenter le chiffre d'affaires de la grande distribution, elle a aussi grignoté le pouvoir d'achat des consommateurs. Les clients dépensent moins dans les grandes surfaces.

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La filière sidérurgique en panne

Outre l'automobile, la chimie et la grande distribution, la sidérurgie européenne tire aussi la sonnette d'alarme. La production pâtit de la faiblesse de la demande et de la concurrence asiatique. La crise s'est aggravée cet été avec une faillite des aciéries de Liberty Steel en Pologne et en République tchèque. Elle risque ainsi de se propager à d'autres secteurs : les énergies éolienne et solaire, la construction, l’électroménager, la production de machines, la défense et les équipements techniques.

Les exportations européennes tributaires du marché américain

À cette situation critique pour l'industrie européenne, s'ajoute la menace des droits de douanes que Donald Trump, fraichement élu président, veut imposer aux importations du monde entier. Or, l'UE est de plus en plus dépendante du marché américain pour ses exportations. Ce qui la rend vulnérable aux chocs potentiels de la future politique commerciale des États-Unis.

Donald Trump: le retour du protectionnisme à la Maison Blanche?
07 November 2024
Donald Trump: le retour du protectionnisme à la Maison Blanche?

Le milliardaire réélu président des États-Unis mardi 5 novembre a fait des tarifs douaniers le cœur de sa politique économique. Il menace cette fois de les augmenter considérablement, au risque de déclencher une guerre commerciale de grande ampleur aux risques imprévisibles.

« Les taxes douanières sont la plus grande invention du monde », répète Donald Trump. Son premier mandat avait été marqué par de nouvelles taxes à l'importation sur l'acier, l'aluminium, les panneaux solaires et même les machines à laver. Cette fois il veut aller plus loin encore avec une nouvelle taxe douanière de 10 % sur tous les produits importés. Et il menace d’aller beaucoup plus loin encore. « Je vois vos usines partir en Chine ou au Mexique : ne les laissez pas vous prendre votre industrie automobile. Ils fabriquent ces énormes usines, et ils pensent qu’ils vont pouvoir fabriquer des dizaines de milliers de voitures et les vendre ici ? Je ne les laisserai pas faire », a-t-il promis en septembre dernier dans le Michigan. « Nous allons augmenter les taxes douanières de 200 %, leurs voitures vont devenir invendables aux États-Unis ! »

Donald Trump s’adresse aux ouvriers de l’ancienne « ceinture de l’acier » du nord des États-Unis, devenue la « ceinture de la rouille ». Il prononce son discours à une centaine de kilomètres à peine de Detroit, capitale déchue de l’automobile mondiale devenue le symbole de la désindustrialisation. En revenant à l’étymologie du mot, le protectionnisme pour protéger les industries et les ouvriers américains, Donald Trump fait mouche. En 2020 Joe Biden avait emporté le Michigan avec plus de 150 000 voix d’avance. Cette fois c’est Donald Trump que les électeurs de ce swing-state ont choisi. Le milliardaire ne voit pas le protectionnisme que comme un bouclier, à ces yeux c’est aussi une arme et un moyen de pression. Pour lutter contre l’immigration ou le trafic de drogue, il menace par exemple le Mexique d’imposer de nouvelles taxes douanières arbitraires si Mexico ne contrôle pas mieux ses frontières. Le protectionnisme est aussi une arme dans la guerre d’influence à laquelle se livrent Washington et Pékin. Pendant son premier mandat Donald Trump avait augmenté les taxes sur certains produits chinois à 25 %.

Trump menace la Chine mais aussi les alliés des États-Unis

Il menace désormais de les augmenter à 60 %. Un chiffre qui n’est pas forcément à prendre au pied de la lettre, Donald Trump se vante de lancer parfois des chiffres au hasard comme outil de négociation, mais les termes du débat sont posés. Une mauvaise nouvelle pour l’économie chinoise qui peine toujours à se remettre de la pandémie et des difficultés de son marché immobilier. Pékin est en moins bonne posture face à Trump qu’elle ne l’était lors de son premier mandat. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ne constituera pas pour autant une rupture dans les relations commerciales entre la Chine et les États-Unis. Joe Biden a eu beau se montrer très critique des mesures prises par Donald Trump, il n’est pas revenu sur les tarifs douaniers imposés par son prédécesseur sur 300 milliards de dollars de produits importés. Il en a même ajouté 18 milliards ciblés sur les technologies sensibles et notamment les semi-conducteurs.

L’élection du milliardaire est en revanche regardée avec beaucoup d’appréhensions dans les capitales européennes. « Notre problème ce sont les autres pays qui profitent de nous », répétait Trump en campagne. « Le pire c’est que ceux qui nous traitent le plus mal, ce sont nos soi-disant alliés, je dis soi-disant parce qu’à bien des égards ce ne sont pas des alliés, ils abusent de nous. » Le message est clair, il s’adresse aux Européens mais aussi au Canada ou au Japon : il n’y aura pas de passe-droit. Là encore, il faut attendre de voir au-delà des coups de menton si ces menaces se traduisent concrètement en actes, mais on imagine mal, en cas de fortes augmentations des taxes douanières aux États-Unis, les pays concernés ne pas répliquer en augmentant à leur tour les taxes à l’importation sur les produits américains. À grande échelle, cela s’appelle une guerre commerciale.

L'exemple des machines à laver

Avec quelle conséquence pour l’économie mondiale ? Il est trop tôt pour le dire mais l’hypothèse donne des sueurs froides aux économistes. À plus court terme, le retour du protectionnisme risque de se traduire par une inflation généralisée. Quand l’administration Trump a augmenté les taxes à l’importation sur les machines à laver d’environ 10 % au début de son premier mandat, la mesure a eu en partie l’effet escompté, les fabricants ont investi aux États-Unis, ouvert des usines pour un total de 1800 emplois créés environ. Mais le prix des machines a lavé a augmenté de presque 100 dollars pour les consommateurs. Pire, les sèche-linges qui n'étaient pourtant pas concernés par la nouvelle taxe ont suivi le même chemin. Des chercheurs ont fait le calcul : chaque emploi créé a coûté 815 000 dollars au consommateur ou au contribuable.