Aujourd'hui l'économie
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Aujourd'hui l'économie vous propose un rendez-vous quotidien pour décrypter un fait marquant de l'actualité économique, du lundi au vendredi à 06h16 TU, toutes cibles.

Droits de douane contre le Mexique et le Canada: les raisons du renoncement de Donald Trump
04 February 2025
Droits de douane contre le Mexique et le Canada: les raisons du renoncement de Donald Trump

Les États-Unis suspendent la mise en place de tarif douanier sur tout produit importé du Canada et du Mexique. Ils devaient être de 25 % et qui auraient dû entrer en vigueur ce mardi 4 février. Un accord a été trouvé et le projet a été suspendu pour au moins un mois. Une pause dans l'intérêt de tout le monde. Décryptage.

 

Le Mexique, le Canada et les États-Unis ont une longue histoire commune et sont liés dans le cadre d'un accord de libre-échange. Le Mexique d’abord, ultra-dépendant des États-Unis puisque plus de 80 % de ses exportations y sont destinées. C'est aussi l'un des principaux partenaires commerciaux des États-Unis, les investissements directs étrangers d'entreprises américaines dans le pays sont estimés à 236 milliards de dollars. Le Canada aussi est très lié à son voisin du sud. Même situation que pour le Mexique, huit exportations sur dix sont à destination du sol américain. À l’inverse, le Mexique et le Canada sont d'ailleurs devenus les deux premiers partenaires commerciaux des États-Unis devant la Chine. 

Ménager le consommateur américain 

Pour comprendre pourquoi Donald Trump s'est résolu à ne pas appliquer les fameux droits de douane dont il parle depuis des mois, il faut regarder du côté américain, car ces mesures auraient pu impliquer de nombreuses conséquences dans le quotidien du consommateur américain. Donald Trump lui-même ce week-end affirmait que l'application de ces taxes douanières aurait engendré quelques perturbations économiques mais que « ça en valait la peine ». Un tel scénario aurait provoqué une hausse des prix dans toute la région et des suppressions d'emplois. Les prix des produits importés et du Canada et du Mexique auraient naturellement augmenté. Aujourd'hui donc, le prix d'un kilo de tomates, de concombres ou d'avocats du Mexique ne va pas exploser. Sur ce point-là, les Américains échappent donc à une inflation plus forte. D'après le groupe ING, les mesures du président américain se seraient traduites par une perte de 3 342 dollars pour une famille de quatre personnes. Par ailleurs, il faut aussi préciser que le Mexique et le Canada avaient de leur côté pris des mesures de rétorsion à l'encontre des États-Unis !

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L’intimidation a ses limites 

Donald Trump a donc bluffé pour parvenir à ses fins. En brandissant ces menaces de hausse des tarifs douaniers, il semblait être en position de force. En les suspendant, il a obtenu en contrepartie un déploiement de 10 000 soldats mexicains à la frontière avec les États-Unis pour enrayer le trafic de fentanyl et limiter le passage de migrants. Le Canada, lui, s'est engagé à lutter contre cet opioïde meurtrier. 

À la fin, si l’on suit le narratif proposé par Donald Trump, c’est lui qui a gagné. Pourtant, sa marge de manœuvre était très étroite. S'il avait appliqué ses mesures, il y aurait eu une hausse des prix aux États-Unis. Juste un exemple, produire une voiture aurait coûter plus cher, car beaucoup de pièces sont fabriquées au Canada ou au Mexique. La voiture aurait été vendue plus chère, encore faut-il qu'elle soit achetée. Et surtout, Wall Street a tremblé ce lundi soir. La bourse de New York a fini dans le rouge tant les investisseurs étaient inquiets. Il s'agit donc d'un sursis sur ces taxes pour les produits canadiens et mexicains, car si aucun ne semble pour le moment gagnant, personne n'est finalement perdant. Reste maintenant à savoir si ce sursis va se poursuivre pour devenir la norme ou si Donald Trump ira au bout de sa politique d'intimidation qui pourrait connaitre ses limites ! 

La démocratie américaine à l’épreuve des «broligarques»
03 February 2025
La démocratie américaine à l’épreuve des «broligarques»

Dans son discours d’adieu à la Maison Blanche, Joe Biden avait averti les Américains du danger qui menaçait de voir se former une « oligarchie » à la tête de l’État. Depuis son retour au pouvoir Donald Trump a confié les clés du gouvernement à une poignée de milliardaires.

Qu’ont en commun Howard Lutnick, secrétaire d’État au commerce, Linda McMahon, ministre de l’Éducation, Scott Bessent, secrétaire d’État au Trésor ou encore Warren Stephens, probable futur ambassadeur américain au Royaume-Uni ? Tous sont milliardaires. Si l’on y inclut Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, à la tête d’un Département à l’efficacité gouvernementale créé de toute pièce pour lui, l’administration Trump (dont tous les membres n’ont pas encore été confirmés par le Congrès) devrait compter au moins treize milliardaires. Leur fortune cumulée dépasse 450 milliards de dollars, rivalisant avec le PIB de pays de taille moyenne. Le gouvernement Trump s’annonce comme le plus riche de toute l’Histoire.

« Une oligarchie est en train de prendre forme aux États-Unis », avait prévenu Joe Biden dans un message d’adieu adressé à ses concitoyens. « Une concentration extrême des richesses et du pouvoir aux mains d'un petit groupe d'ultra riches qui menace notre démocratie tout entière ». Alors reprenons les bases, qu’est-ce qu’une oligarchie ? Le mot vient du grec « oligos » qui veut dire « petit nombre » et « archo » qui veut dire « diriger ». Il désigne une forme de gouvernement où le pouvoir est aux mains d’un petit groupe de personnes, par opposition par exemple à une monarchie où le pouvoir est aux mains d’un seul individu, comme un roi.

Le règne des « broligarques »

Voilà pour la définition du dictionnaire. Mais dans son acceptation moderne, le mot fait plutôt référence aux hommes d’affaires qui ont fait fortune après la chute de l’Union soviétique, quand l’État qui possédait tout s’est mis à brader son Empire. Un petit groupe d’hommes qui sans être directement aux commandes ont acquis assez de richesses et de pouvoir pour influer directement sur les prises de décision politiques et économiques du Kremlin. Trois décennies plus tard, le paysage russe a changé mais le mot est resté, désignant une nouvelle génération de riches hommes d’affaires proches de Vladimir Poutine. Au moment de l’invasion de l’Ukraine, ces oligarques ont été visés par les sanctions occidentales au même titre que les membres du gouvernement russe.

Joe Biden ne faisait pas seulement allusion aux milliardaires ayant directement pris un rôle gouvernemental. Son avertissement pointait surtout les grands patrons de la tech : Jeff Bezos, le patron d’Amazon, Mark Zuckerberg à la tête de Meta, Sam Altman derrière la révolution ChatGPT avec OpenAI. Ceux que le public a commencé à surnommer les « broligarques » et qui se sont empressés de prêter allégeance à Donald Trump, en revenant sur leurs programmes internes de promotion de la diversité, par exemple, ou en contribuant généreusement à la cérémonie d’investiture du président américain. Bezos, Zuckerberg et Altman ont tous les trois versés un million de dollars à la fondation Trump à cette occasion.

Plusieurs millions de dollars versés à Donald Trump

Pour s’acheter les faveurs du président américain, Mark Zuckerberg est même allé beaucoup plus loin puisque Meta a accepté de verser 25 millions de dollars de dommages et intérêts à Donald Trump pour se faire pardonner de l'avoir banni de Facebook après l'attaque du capitole le 6 janvier 2021. Et il n’est pas le seul. Juste avant l’élection Donald Trump avait aussi porté plainte contre la chaîne CBS après une interview de Kamala Harris qui lui avait déplu. Trump réclamait un montant absurde 10 milliards de dollars.

D’après le New York Times, les studios Paramount, propriétaires de la chaîne, ont décidé de ne pas aller jusqu’à un procès qu’ils étaient pourtant sûrs de gagner, préférant verser plusieurs millions de dollars à Donald Trump. Pourquoi ? Parce que Paramount vient de racheter SkyDance Media pour 8 milliards de dollars, un deal qui doit encore être approuvé par le régulateur américain.

Le patron de SkyDance Media qui s’avère être le fils du multimilliardaire Larry Ellison, le patron d’Oracle et un proche de Trump. Voici donc un petit groupe d’hommes qui sans être directement aux commandes ont acquis assez de richesses et de pouvoir pour influer directement sur les prises de décision politiques et économiques de la Maison Blanche. Comme quoi il n'y a pas besoin de parler russe.

La démographie ou l'enjeu économique de ces dix prochaines années
31 January 2025
La démographie ou l'enjeu économique de ces dix prochaines années

On s'intéresse ce matin à une thématique qui concerne la planète toute entière : la démographie, à savoir le nombre d'individus qui composent chaque pays, et donc à la fin, le nombre de personnes sur notre planète. Le cabinet de conseils McKinsey a publié un rapport sur cette thématique ces derniers jours car c'est un sujet qu'on pourrait croire de l'ancien monde, mais il ne l'est pas. Il est pris très au sérieux par les responsables politiques du monde entier... Décryptage.

Un exemple tout récent : c'est en France, la ministre du Travail et de la Santé entend lancer un « plan démographique pour 2050 ». L'an passé, les naissances ont légèrement diminué. En 2050, il y aura deux fois plus de personnes âgées de plus 80 ans qu'il n'y en a aujourd'hui.

Aucun continent n'est épargné par cette dynamique 

Oui, car les Terriens et les Terriennes font moins d'enfant. Alors qu'on soit clair, au niveau mondial, il y a un ralentissement du nombre de naissances mais le solde est toujours positif. Selon le Fonds des Nations unies pour la population, le nombre de naissances par femme à l’échelle mondiale a progressivement diminué au cours des 75 dernières années. Il était de 5 en 1950. En 2050 il devrait atteindre 2,1. L'enjeu est de taille pour la croissance mondiale !

Quel rapport entre démographie et économie ?

Si l'on fait moins d'enfants et qu'en parallèle, la population vieillit, ce qui est le cas dans beaucoup de pays développés, cela va avoir des conséquences concrètes. Mécaniquement, ça va entrainer une baisse de la proportion de personnes en âge de travailler. Résultat : la production de richesse et les recettes fiscales vont diminuer. Et comme c'est un vase communicant, qui dit personnes âgées, dit coût lié au vieillissement en raison par exemple des retraites à payer ou des soins de santé à prodiguer. Un coût visible dans les comptes publics des États. D'après l'agence de notation S&P, les déficits budgétaires pourraient exploser d'ici 2060, passant d'une moyenne de 2,4% du PIB mondial aujourd'hui à 9,1%.

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Quelles solutions à apporter à cette dynamique ?

Le nombre de politiques pro-natalistes un peu partout dans le monde prouve qu'il n'y a pas de solution miracle. Juste un exemple, peu connu : en Finlande, la deuxième plus petite ville du pays offrait 1000 euros par mois à un foyer pendant 10 ans à chaque nouveau-né à condition de rester y vivre. C'est un échec, la population de la ville a diminué de 20%. En fait, faire des enfants, c'est une chose, mais il faut que le reste suive, à savoir les politiques de soutien à la famille, les services de garde d'enfants, d'éveil, d'enseignement... Le tout sans mettre une pression sociale aux couples, mais aussi et surtout aux femmes. Et si d'aventure la dynamique changeait aujourd'hui, on ne verrait ses effets que d'ici 20 ans.

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Comment la Syrie peut-elle rebâtir son économie?
30 January 2025
Comment la Syrie peut-elle rebâtir son économie?

Les sanctions à l'encontre de la Syrie s'allègent peu à peu. Dernière en date, la décision de l'Union européenne d'appliquer une feuille de route en ce sens. Car l'économie de la Syrie est en ruines mais elle a les capacités de se reconstruire. Décryptage. 

Tous les indicateurs économiques de la Syrie sont dans le rouge. Le principal, le PIB, le produit intérieur brut, est historiquement bas. D'après la Banque mondiale, entre 2010 et 2021, il a chuté de 54%. L'autre marqueur de la situation économique désastreuse, c'est l'inflation. Depuis le début de la guerre, les prix n'ont jamais cessé d'augmenter, de plus de 5500%. Concrètement, ce qui coûtait une livre syrienne en 2011 en valait 5500 en 2022. 

Cette tendance implique un taux de pauvreté important puisque pratiquement 7 syriens sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté. Cette statistique classe la Syrie parmi les pays où l'insécurité alimentaire est la plus élevée au monde d'après l'ONU car tout manque sur place. Et si pour beaucoup de Syriens, l'arrivée d'un nouveau visage à la tête du pays est synonyme de changement, pour l'heure, et ce ne sont que deux exemples, les fonctionnaires ne sont pas payés et l'électricité n'est accessible que quelques heures par jour. 

Différents leviers 

L’économie syrienne peut, dans un premier temps, trouver son salut dans les forces de son économie syrienne d'avant-guerre. Le pétrole, d'abord. Dans les années 2000, le pays tirait principalement ses revenus de la production pétrolière. Elle est aujourd'hui en déliquescence totale, puisque selon l'administration américaine de l'information sur l'énergie, le nombre de barils produits par jour est passé de 380 000 en 2010 à 90 000 l'an passé. Dans un second temps, on notera aussi l'agriculture, secteur aussi à la peine puisque le conflit a endommagé les infrastructures et les systèmes d'irrigation. D'ailleurs cela a un impact sur la sécurité alimentaire du pays. Sans être exhaustif on retiendra aussi le textile, mais là aussi, les manufactures de coton ont largement été détruites ces 13 dernières années. 

Alléger voire supprimer les sanctions occidentales 

La situation du pays s'explique en partie aussi par les sanctions imposées par les pays occidentaux puisqu'elles limitaient et les importations, et les exportations. Résultat : au moins six millions de personnes ont fui le pays. Reconstruire la Syrie, ça va prendre du temps et ça va coûter beaucoup d'argent, la Ligue arabe parlait en 2021 de 900 milliards de dollars. Mais cette reconstruction passera par un allègement voire par la levée des sanctions avec les ressources naturelles disponibles comme le pétrole qui est une devise forte. 

Le pays devrait aussi compter sur ses ressources humaines, à savoir les Syriennes et les Syriens. En recréant des emplois pour reconstruire la Syrie, ils pourraient être finalement des pierres angulaires à cette renaissance de l'économie syrienne ! 

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L'industrie du luxe à un tournant de son histoire
29 January 2025
L'industrie du luxe à un tournant de son histoire

Le secteur du luxe est à la peine. Le groupe LVMH, fleuron tricolore du secteur, a publié ses résultats de 2024 ce mardi et ils sont mauvais. Les bénéfices du géant du luxe ont nettement chuté : -17%. Illustration bien concrète d'un secteur en pleine métamorphose. Décryptage. 

Pour reprendre le vocabulaire du luxe, la tendance n'est plus au vert, mais plutôt au rouge ces dernières années ! L'an passé, la consommation de produits de luxe a clairement ralenti, à tel point qu'elle s'est contractée de 2%. D'après le cabinet Bain and Company, entre 2022 et 2024, ce sont 50 millions de consommateurs habitués aux articles de luxe qui ont renoncé à ce type d’achat. Baisse de la demande qui se ressent sur le marché, on le constate avec les résultats de LVMH, mais il y a tout de même du positif. Les ventes pour l'année dernière se sont stabilisées à environ 363 milliards de dollars. 

Des consommateurs absents... 

Plusieurs raisons pour expliquer cette situation d'un secteur qu'on pourrait imaginer intouchable. D'abord, la clientèle n'a pas répondu autant présente qu'avant, notamment la clientèle chinoise, puisque ce marché représentait l'année dernière 22% des ventes de produits de luxe. Le pays n'est donc plus le moteur de la croissance du secteur et ça se ressent. On notera aussi que le marché américain est suspendu aux décisions sur les droits de douane envisagés par Donald Trump qui, de jour en jour, deviennent de plus en plus concrets. Et puis les clients consomment différemment. Beaucoup préfèreront une croisière, un séjour dans un hôtel de luxe ou vivre une expérience plutôt qu'acheter un sac en cuir, une montre ou un tailleur haute couture. 

... aux vendeurs qui font les mauvais choix 

De l’autre côté de la balance, les grands groupes ont continué à miser sur l'élasticité des prix. Parce qu’ils vendent de la rareté, certains se sont permis d'augmenter leurs prix, peut-être un peu trop : +54 % entre 2019 et 2024 d'après HSBC. Ce qui coûtait, imaginons, 10 000 euros en coûte aujourd'hui 15 400. Une hyperinflation qui est mal passée auprès des consommateurs, le secteur a ainsi atteint la limite d'un effet économique qui s'appelle l'« effet Veblen ». Concrètement, plus un produit est cher et plus il est demandé. Maintenant, il semblerait que ce ne soit plus le cas. 

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Différentes pistes pour le secteur 

Deux solutions s’offrent aux grands groupes. Soit, se recentrer sur l'ultra luxe avec certains produits iconiques, qui font office de référence, et continuer de s'adresser à une clientèle très fortunée. Soit, parler à une classe moyenne supérieure qui, à travers le monde, prend de plus en plus de place. D'après le cabinet Bain, ce sont plus de 300 millions de nouveaux clients potentiels de cette classe qui vont émerger d'ici à dix ans dans différentes régions du globe comme le Moyen-Orient, l'Inde, l'Asie du Sud-Est ou encore l'Afrique. Le tout évidemment en respectant des critères environnementaux et sociaux, car cet aspect devient un déclencheur d'achat important.  

Même si, pour le moment, la croissance sera lente, elle restera positive. Le cabinet McKinsey table sur une croissance annuelle estimée entre 1% et 3% jusqu'en 2027. Le temps pour les grands groupes d'ajuster leurs stratégies et de retrouver des couleurs ! 

Les câbles sous-marins, enjeux stratégiques pour les États et les entreprises
28 January 2025
Les câbles sous-marins, enjeux stratégiques pour les États et les entreprises

Ce week-end, un câble sous-marin a été endommagé en pleine mer Baltique entre la Suède et la Lettonie. Les autorités suédoises ont appréhendé, hier lundi, un bateau bulgare dans le cadre d'une enquête pour « sabotage aggravé » car ces câbles sous-marins sont stratégiques. Décryptage. 

Comme souvent, quoi de mieux que des chiffres pour vous faire une idée ? Plus de 500 câbles sous-marins sont aujourd'hui déployés tout autour de la planète. Mis bout à bout on arrive à environ 1,5 millions de kilomètres. C'est évidemment beaucoup, à peu près 38 fois le tour de la Terre. Dans ces câbles, il passe tout un tas d’informations. De la télécommunication, des discussions en temps réel, des images, des vidéos, bref, tout ce que l'on peut trouver aujourd'hui sur nos ordinateurs, dans nos téléphones et dans nos télévisions. On y trouve aussi des données, évidemment essentielles et confidentielles, pour les grandes entreprises et les forces militaires.

C'est simple, 99 % des communications passent par ces câbles sous-marins d'à peine dix centimètres d'épaisseur. 

Historiquement, ils appartiennent dans la majeure partie des cas à des consortiums, c'est un peu comme des copropriétés dans les immeubles. On parle ici d'alliance entre plusieurs acteurs comme des États ou des opérateurs de télécommunication. Ils fournissent ensuite l'accès à ces câbles à des clients moyennant rémunération. Mais le secteur a évolué et aujourd'hui il est porté dans l'écrasante majorité des cas par les GAFAM : Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft notamment sont de nouveaux entrants dans le marché.  

À cela on peut ajouter — et ce n'est pas négligeable – que ces câbles sont toujours plus puissants, que les technologies évoluent très vite. Typiquement, un câble immergé il y a cinq ans est déjà surpassé par celui qui l'a été aujourd'hui. 

Des autoroutes de l’info 

Du fait de la quantité de données qui transitent, ces câbles sont devenus des actifs essentiels qu'il faut protéger. Les câbles sous-marins sont ainsi des enjeux majeurs de sécurité, de souveraineté informationnelle, mais aussi économique.

De ce fait, ils font l'objet de toutes les attentions, mais pas à l'abri pour autant d'accidents : chaque année, on répertorie entre 150 et 200 incidents ou défaillance. Cela peut être des glissements de terrains sous-marins mais surtout, 80 % de ces incidents sont liés à un facteur humain, en général pas malveillant. On parle là de pêcheurs qui accrochent les câbles avec leurs filets ou des ancres marines qui traînent et qui les arrachent. Mais ces dernières années, on a assisté à une hausse des tensions géopolitiques et . On a vu ressurgir des actes de piraterie ou de malveillance. Des bateaux, y compris de pêche, sont soupçonnés de sabotage volontaire. C'est un épiphénomène certes, mais il est de plus en plus pris au sérieux.  

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Plusieurs programmes ont été lancés par l'Union européenne ou par l'OTAN pour assurer la surveillance des infrastructures sous-marines. Mais il y aura toujours un risque ou une zone d'ombre car à 1000 mètres et plus de profondeur, difficile de surveiller chaque centimètre de câble !

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Les plateformes de streaming à l'assaut de l'intelligence artificielle
27 January 2025
Les plateformes de streaming à l'assaut de l'intelligence artificielle

L’intelligence artificielle prend de plus en plus de place dans le milieu de la musique. Le sujet mobilise tous les acteurs du secteur, des artistes aux productions en passant par les plateformes de streaming. L'une d'elles, Deezer, estime qu'un titre sur dix importé sur le site est généré en partie ou intégralement par l'IA. Décryptage. 

C’est désormais d’une simplicité redoutable. Avec quelques mots ou des extraits d'autres morceaux crées par l'humain, il est possible de créer un morceau grâce à l'intelligence artificielle. Une simple recherche internet et une simple demande « créer une chanson en français avec RFI Matin présenté par Andréane Meslard », le site Suno nous a proposé plusieurs versions, en une vingtaine de secondes. Ces créations deviennent monnaie courante dans le secteur. Des bandes originales pour le cinéma aux morceaux de fonds pour des vidéos, voire des chansons entières, le nombre de créations est exponentiel. D'après une étude de la SACEM, la société en France qui défend les intérêts des musiciens, le marché de l'IA générative en matière de musique devrait atteindre plus de 3 milliards de dollars dans le monde d'ici trois ans. Selon cette même étude, un créateur sur trois l'a déjà utilisée dans son travail. 

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Sujet fondamental 

L’enjeu derrière l’intelligence artificielle dans la musique, c’est de mieux rémunérer les artistes. Aujourd'hui, il suffit de mettre en ligne une chanson pour prétendre à une rémunération. La machine se perfectionne d'ailleurs puisqu’il est de plus en plus difficile de savoir si tel ou tel titre est le fruit de l'intelligence artificielle ou de la créativité humaine. La concurrence est donc déloyale entre les vrais artistes, qui composent, écrivent, jouent et chantent avec moi, par exemple, qui ai simplement demandé à l'ordinateur de me créer une chanson.  

Une chanson sur dix mises en ligne par jour sur Deezer est générée en partie ou intégralement par l'IA, ce qui représente tout de même 10 000 morceaux par jour. Le groupe français entend prendre les devants avec la création d'un logiciel maison repérant ces morceaux pour mieux encadrer leur diffusion et la rémunération qui va avec ! 

Pourquoi les géants pétroliers pourraient nuire aux ambitions de Donald Trump
24 January 2025
Pourquoi les géants pétroliers pourraient nuire aux ambitions de Donald Trump

C’est l'une des ambitions de Donald Trump : doper l'extraction de pétrole et de gaz aux États-Unis durant son mandat. Son leitmotiv : « Drill, baby, drill », traduit par « Fore, bébé, fore ! » Mais Donald Trump pourrait vite avoir des difficultés à mettre en pratique ce projet. Décryptage. 

Le locataire de la Maison Blanche le promet, les États-Unis vont « forer à tout-va ». Le ton de ses quatre années au pouvoir est donc donné. Sa stratégie pour rendre l'Amérique encore plus grande va donc passer par les énergies fossiles. Il est par ailleurs important de le rappeler, la production de gaz et de pétrole pèse très lourd dans l'économie américaine. C'est simple, les États-Unis sont les premiers producteurs de pétrole brut au monde. En 2024, ce sont 13,2 millions de barils qui y ont été produits par jour. C'est un record qui devrait d'ailleurs être dépassé cette année pour atteindre les 13,5 millions. Le pays n'a jamais autant produit de pétrole, mais Donald Trump veut aller encore plus loin. Le milliardaire Scott Bessent, qui a été nommé secrétaire au Trésor, table sur une augmentation de plus de 3 millions de barils par jour d'ici à trois ans. 

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Inquiétude du marché mondial 

Les États-Unis produisent déjà beaucoup, mais Donald Trump a de nombreux arguments pour augmenter cette production. Il souhaite tout d’abord remplir les réserves stratégiques du pays. Ensuite, il veut être en position de force pour exporter son pétrole et son gaz dans le monde entier. Le président américain explique aussi que si des sites d'extraction ouvrent, cela va créer de l'emploi et la demande face à l'offre importante de gaz ou de pétrole américain va faire baisser les prix.  

Mais le cœur du souci, c'est que la production est assez conséquente pour absorber la demande du marché. Les membres de l'Opep+, Organisation des pays exportateurs de pétrole, souffrent du surplus de production. Le risque, c'est que l'offre pourrait être trop abondante. C'est l'une des bases de l'économie, quand l'offre est supérieure à la demande, mécaniquement les prix diminuent. Les majors pétrolières et gazières pourraient donc, tout simplement, refuser d'appuyer sur l'accélérateur. Elles vont agir dans leur intérêt et forer quand ce sera rentable... 

Des mesures d’incitation 

À cela, il faut ajouter qu'extraire du gaz et du pétrole, c'est coûteux. L'étude, la création, l'ouverture d'un site d'extraction est un investissement non négligeable, qui pour le moment ne vaut pas le coup. Pour le moment, même s'il va être plus simple administrativement de mener ces opérations, dans les faits rien n'indique que les entreprises vont se positionner. Donald Trump entend convaincre les grands du secteur en supprimant les programmes de subventions aux énergies renouvelables, en mettant fin aussi aux règlementations portant sur la pollution des véhicules ou les aides pour l'achat de voitures électriques.  

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Des mesures qui vont inciter à reconsommer du fossile, du moins, qui pourraient changer la donne. Surtout, certaines entreprises pétrolières vont sûrement aussi jouer la montre et se faire discrètes. Il faudra aussi compter sur le climat géopolitique international, la guerre en Ukraine et la question du fossile russe notamment. Donald Trump n'est président que pour quatre ans, les investissements pour les géants du secteur, eux, sont souvent irréversibles !

Donald Trump et les cryptomonnaies: quand le business est aussi politique
23 January 2025
Donald Trump et les cryptomonnaies: quand le business est aussi politique

Donald Trump a lancé sa cryptomonnaie. Son nom, le Trump Coin. Mise en service quelques heures avant son investiture, cette cryptomonnaie soulève de nombreuses interrogations. Comment analyser cette initiative ? Décryptage. 

Commençons par le commencement. Le Trump Coin, c'est un jeton virtuel à l'effigie de Donald Trump. C'est un peu comme s'il vendait des tasses ou des t-shirts avec son visage dessus finalement. Attention à ne pas confondre avec le BitCoin qui pour le coup sert à effectuer des paiements. Là, ce Trump Coin n'a pas utilité de paiement. Sa valeur repose uniquement sur la personnalité du président américain et donc aussi sur sa popularité ! 

Le TrumpCoin n’a pas de valeur fixe. Comme toute cryptomonnaie, elle fluctue de minute en minute, en fonction de la demande. Le seul montant qui a été fixé c'est lorsque les jetons ont été émis c’est 7 dollars l'unité. Immédiatement, ils ont été pris d'assaut pour atteindre les 75 dollars l'unité. Mais la subtilité est là: seulement 200 millions de jetons ont été mis sur le marché sur le milliard qui doit l'être d'ici trois ans.  

Quel est l’intérêt de cette crypto ? 

Plusieurs raisons de créer et de posséder du TrumpCoin. Déjà, pour Donald Trump, avoir une source de liquidités supplémentaire. L'occasion aussi pour lui de monnayer et son image et son pouvoir finalement pour augmenter sa fortune. Pour les acheteurs, l'intérêt est d'abord symbolique. Beaucoup d'entre eux sont de simples fans de Donald Trump et donc faire partie de cette aventure c'est renforcer le sentiment de proximité avec lui. Pour d'autres, c'est évidemment et surtout spéculatif, l'occasion de gagner un peu d'argent en revendant ce Trump Coin. 

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Mais il y a surtout un enjeu politique derrière tout cela. Initialement opposé à ce système, Donald Trump a revu sa copie pour la simple et bonne raison qu'il y a beaucoup d'argent dans le milieu. Durant sa campagne, il a même été soutenu par de grands noms du secteur. Il s'agit là de les rassurer et de faire partie du même monde qu'eux. D'ailleurs, dans sa logique de dérégulation du système, Donald Trump a promis que son administration serait favorable aux cryptomonnaies ! 

De nombreuses craintes 

On parle de Donald Trump mais aussi et surtout du président des États-Unis d'Amérique. Ces jetons, ils sont à son effigie. Aucune mention de son statut actuel. C'est subtil mais c'est légal. Dans les faits, il existe un débat sur l'existence de conflits d'intérêts potentiels, même si légalement cela semble compatible et admissible. En revanche, le risque c'est que s'il vend trop vite ses jetons et qu'il cause des pertes importantes aux personnes qui en ont acheté, il pourrait y avoir des actions en justice contre lui de personnes qui considèreraient avoir été trompées. Du côté des défenseurs des cryptomonnaies, on est aussi très dubitatif et beaucoup estiment que ce n'est pas une bonne publicité pour le secteur. Quoi qu'il en soit, comme le veut la formule anglosaxonne, business is business, as usual

Comment le Mexique se prépare aux mesures de Donald Trump
22 January 2025
Comment le Mexique se prépare aux mesures de Donald Trump

C’est l’une des bêtes noires de Donald Trump: le Mexique. Au sud des États-Unis, à la frontière, le président américain y a déclaré l’état d’urgence. Le Mexique est également la cible de droits de douane importants. La période semble compliquée pour le pays. Décryptage.

La tête haute, face caméra, la présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, reste confiante. « Il faut garder la tête froide » a-t-elle expliqué ce mardi 21 janvier face aux premières mesures annoncées par Donald Trump. Pourtant, derrière ce relativisme de la présidente de gauche nationaliste, il y a urgence pour le Mexique, car Donald Trump entend taxer à hauteur de 25% tout produit mexicain importé sur le sol américain, avec une entrée en vigueur dans moins de dix jours, le 1er février. 

Pour le Mexique, les impacts de cette mesure seront très importants car le pays est ultra dépendant des Etats-Unis. Plus de 80% des exportations mexicaines y sont destinées. Il s'agit là de voitures, de camions et de produits électroniques. On notera aussi que le Mexique est l'un des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis. Les investissements directs étrangers d'entreprises américaines sont estimés à 236 milliards de dollars. Dernière illustration en date, Amazon a annoncé il y a dix jours y investir cinq milliards pour la construction d'un centre de données ! 

Le Plan Mexico 

Pourtant, le Mexique et les États-Unis sont liés dans le cadre d'un accord de libre-échange: l’ACEUM, accord commercial ente les États-Unis, le Canada et le Mexique. Donald Trump entend le mettre à mal, d'autant qu'il doit être renégocié dans un an, en 2026. Cet accord a d'ailleurs vu le jour durant son premier mandat, remplaçant l'ALENA, l'accord de libre-échange nord-américain. Le Républicain le considérait comme le « pire traité commercial jamais signé » par son pays.  

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Plusieurs options sont ainsi sur la table de Claudia Sheinbaum. Elle ne s’alarme pas, elle a un plan: le Plan Mexico, présenté la semaine dernière. L'ambition, c'est de faire résister l'économie mexicaine en se recentrant sur ses capacités et ses opportunités, et surtout, en ne comptant pas sur les États-Unis. Deuxième solution, soigner ses relations avec les autres pays. Exemple tout récent avec la signature d'un accord commercial avec l'Union européenne la semaine dernière également. Et puis Claudia Sheinbaum bien que sous pression entend elle aussi la mettre sur les États-Unis. En représailles, elle envisage des tarifs douaniers plus importants, avec cet objectif de mettre en danger des entreprises américaines dépendantes de produits mexicains. 

Quelle réaction de Donald Trump ? 

Mais au-delà de l’aspect économique et financier, il y  a aussi la question des Mexicains immigrés aux États-Unis. Il ne faut pas l'omettre, cette diaspora est un pilier économique du Mexique. Les travailleurs mexicains installés aux États-Unis ont envoyé l'an dernier près de 66 milliards de dollars à leur pays d'origine. Ces transferts de fonds sont ainsi essentiels au PIB mexicain. De fait, le Mexique et sa présidente Claudia Sheinbaum sont clairement dans un rôle d'équilibriste. Elle le sait, il faut savoir tenir tête à Donald Trump, c'est un businessman, habitué à d'âpres négociations. Encore faut-il qu'il veuille négocier ! 

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