Afrique économie
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Maroc-Sénégal-Côte d'Ivoire-Guinée... le train-train du petit commerce transafricain
26 December 2024
Maroc-Sénégal-Côte d'Ivoire-Guinée... le train-train du petit commerce transafricain

Du Maroc partent des habits traditionnels, des produits cosmétiques… Du Sénégal, de Guinée, de Côte d’Ivoire sont exportés souvent des produits alimentaires. À l'origine de ce petit commerce entre le royaume chérifien et les pays d'Afrique subsaharienne, il y a des marchands dont le business dépend des difficultés à franchir les frontières. 

De notre correspondant au Maroc,

Il parle en darija, le dialecte marocain, ponctué de quelques mots de français, le tout avec l'accent sénégalais. « Je commence à maîtriser un peu les prix en darija. Ça permet d'attirer le client ! Je m'appelle Khadim Gningue, je suis sénégalais, je suis au Maroc depuis trois ans. »

Et depuis trois mois, Khadim, 28 ans, est vendeur au Habous, un quartier réputé pour ses boutiques d'artisanat : « Il y a beaucoup de francophones qui viennent acheter, des Sénégalais surtout, des Ivoiriens, des Camerounais. Ils achètent beaucoup de produits, ceux à base d'argan notamment. Il y a des grossistes, il y a des petits revendeurs, mais aussi des gens qui viennent pour prendre des souvenirs. »

Des valises de marchandises

Parmi les best-sellers, il y a aussi « les caftans, très demandés pour les cérémonies, les mariages... Ça marche bien. Les Sénégalais par exemple aiment beaucoup la mode marocaine ». Et pour transporter ces marchandises, une solution s'est mise en place ces dernières années. Des transitaires informels font la navette par avion et proposent de louer leurs valises : « Ils collectent les marchandises pour remplir deux ou trois valises de 23 kilos. Ceux qui veulent faire transporter des objets les payent au kilo. Il y a aussi le transport terrestre, mais c'est beaucoup plus long, une à deux semaines. »

Les transitaires ne repartent pas les mains vides de leur pays d'origine. Miel, beurre de karité... Certains produits sont très prisés au Maroc. Le royaume compte par ailleurs une importante diaspora venue d'Afrique subsaharienne.

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« Avec ce visa, qu'est-ce qu'on va devenir ? »

Dans la médina de Casablanca, Sita Diakité propose sur son étal de l'alloco, de l'attiéké qu'elle ramène de Côte d'Ivoire. « Je fais des allers-retours. J'achète la marchandise à Abidjan, une fois de retour au Maroc, je prends des djellabas, des caftans que je vais ramener à Abidjan… Mais avec ce visa, qu'est-ce qu'on va devenir ? » Depuis le 1ᵉʳ septembre, à la demande de la Côte d'Ivoire, le Maroc a réintroduit le visa pour les Ivoiriens. Le commerce de Sita est menacé : « On fait comment maintenant ? On est foutus ? Ils demandent trop de papiers ​​​​​​​! »

Dans une région du monde encore trop peu intégrée économiquement, le petit commerce entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne dépend aujourd'hui de la capacité des transporteurs à traverser les frontières.

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Ndao Hanavao, le laboratoire malgache qui transforme les déchets en créations design
24 December 2024
Ndao Hanavao, le laboratoire malgache qui transforme les déchets en créations design

Réutiliser algues invasives et plastiques pour créer et entreprendre : Ndao Hanavao forme des jeunes de la rue à Madagascar. Depuis 2018, ce laboratoire allie innovation, design et autonomie professionnelle.

Masque à filtre vissé sur le visage et combinaison de protection ajustée, Alpha Julien est en train de filer la laine selon la technique apprise auprès des designers franco-britanniques de la Polyfloss Factory venus le former à Tana. « Là, je verse les paillettes de plastique broyé dans la machine, c’est des morceaux de plastique qui viennent des tubes de médicaments. Moi, je verse le plastique dans la machine. Vous voyez ce plastique, il commence à fondre. Quand il a fondu, ensuite, je récupère avec une perceuse pour avoir la laine. C’est comme une machine à barbe à papa en fait ! »

Former des entrepreneurs du design

Comme Alpha, issu de la toute première promotion, ils sont une vingtaine, triés sur le volet, à avoir rejoint l’aventure Ndao Hanavao. Un projet financé par Rubis Mécénat, que coordonne Domi Sanji avec conviction.

« L'objectif, c'est de former des jeunes issus de milieux très très très défavorisés de Tana – dans le sens où ils sont pour la plupart d’anciens mendiants ou sans-abri -, sur les questions de design à travers la préservation de l'environnement en même temps. »

Pendant trois ans, des designers mondialement connus sont venus former ces jeunes à des techniques particulières pour qu’ils conçoivent, à partir de déchets plastiques collectés dans les décharges publiques de la capitale, de beaux objets utilitaires : abat-jours, tapis, sacs, doudounes. « Et donc à côté de cette formation purement technique en design, ils bénéficient aussi d'une formation en entrepreneuriat, de formations beaucoup plus commerciales, de gestion de clients. Ils bénéficient d'autres formations, comme des cours de français qu'on a là aujourd'hui, pour qu'ils puissent présenter leur entreprise, leur travail. Parce que l'objectif, c'est que, une fois qu'ils sortent du Lab, qu'ils puissent créer une entreprise viable et pérenne ».

Le design comme tremplin vers l’autonomie

Avec trois autres camarades, Alpha Julien et Franck Razafindraibe ont ainsi créé R’Art Plast en 2020 et poursuivent le processus de création entamé durant leurs quatre années au Lab.

« Ça, c’est les cartons qui vont partir à l’étranger. Des lampes, des abat-jours, des vide-poches, des céramiques. Je suis fier parce que nous sommes les producteurs de tout ça. Je me sens créateur, je peux faire un objet design. Je ne serais pas comme ça si je n’avais pas fait la formation ».

Une incroyable aventure humaine, sociale, environnementale et économique. Une aventure où le design est devenu la clé de voûte de l’autonomisation de jeunes issus de la rue, que rien ne prédestinait à un avenir entrepreneurial et créatif.

En Côte d’Ivoire, les débuts prometteurs de la culture de champignons
23 December 2024
En Côte d’Ivoire, les débuts prometteurs de la culture de champignons

Une vingtaine de petits producteurs commercialisent des champignons en Côte d’Ivoire, en particulier du champignon de palmier et des pleurotes. Reportage à Bonoua, dans le sud-est du pays, où les champignons, cultivés grâce à un investissement minimal, commencent à plaire au consommateur.

De notre envoyée spéciale, à Bonoua, dans le sud-est de la Côte d'Ivoire

« Vous voyez ça, là ? Ce sont des champignons qu’on va récolter demain », montre Ophélia Koffi, qui encadre la champignonnière. L’atmosphère doit être humide et fraîche pour permettre aux champignons de bien se développer. Les agricultrices, rassemblées en petit collectif, entreposent et conditionnent leurs déchets agricoles, en particulier des épluchures de manioc, à partir desquelles elles feront pousser les pleurotes. « Elles mettent les semences et puis elles disposent sur ces étagères, pendant 45 jours. Quand le substrat est blanc comme du lait, ça veut dire qu’il est arrivé à maturité. On commence les arrosages et après quatre ou cinq jours, les champignons commencent à sortir. »

Économie circulaire

Les champignons produits, au moins 10 tonnes par an, sont ensuite vendus frais, au marché ou au supermarché, ou déshydratés par Ophélia Koffi dans sa petite unité de transformation à Yaou, tout près de Bonoua. Elle produit une variété de tisanes, ainsi qu’une préparation de champignons déshydratés sur le modèle d’une grillade traditionnelle ivoirienne, le choukouya, en remplaçant la viande par cette protéine végétale.

Cette passionnée s’est lancée dans la myciculture, il y a 10 ans et elle entrevoit un bel avenir au secteur, d’autant que les déchets sont recyclables. « Après [la récolte des] champignons, les résidus sont de l’engrais naturel. On peut utiliser ces résidus pour le maraîcher : la tomate, le gombo, l’aubergine. Donc, on est dans une économie circulaire : rien ne se perd, tout se transforme dans la myciculture ». Culture hors-sol, dont on peut donc maîtriser la température, le champignon peut être produit toute l’année. « S’il y a une pénurie de viande, anticipe-t-elle, ne vous inquiétez pas, vous allez prendre du champignon et vous avez de la protéine ! ».

Choukouya de protéine végétale

Il faudra certes un peu de temps avant de changer les habitudes de consommation des Ivoiriens. Mais les champignons d’Ophélia Koffi font déjà des adeptes. « Franchement, j’adore le choukouya de champignons, ça sort de l’ordinaire », s’exclame Josiane Asso Lobar, qui a redécouvert les pleurotes grâce à cette recette. En Afrique, on n’a pas pour habitude de consommer le champignon, reconnaît-elle. Si on cueille les champignons, on les met dans la sauce, généralement. Mais là, on a la possibilité de manger les champignons sous d’autres formes », se réjouit-elle. 

Avec Ophélia Koffi, ils sont 25 producteurs à se partager ce marché émergent. Ils s’efforcent désormais de se structurer en union, pour faire naître la filière champignons en Côte d’Ivoire.

La Mauritius Investment Corporation dans le viseur du nouveau gouverneur de la Banque de Maurice
22 December 2024
La Mauritius Investment Corporation dans le viseur du nouveau gouverneur de la Banque de Maurice

Le nouveau gouverneur de la Banque de Maurice entend restaurer l'intégrité de l'institution, après les irrégularités commises par l'ancienne administration. Rama Sithanen, en poste depuis un mois, nommé après les élections législatives de novembre, examine de près les comptes d'une filiale privée, créée par la Banque centrale pendant la pandémie du Covid.

De notre correspondant à Port-Louis, 

En juin 2020, dans le contexte de la pandémie et pour soutenir les entreprises en difficulté, la Banque de Maurice a créé la Mauritius Investment Corporation. Cette entité, mal perçue par le FMI, avait pour objectif de soutenir les entreprises en difficulté. Cependant, certains en auraient profité pour se remplir les poches ou favoriser des industriels proches de l’ancien pouvoir politique.

Cette filiale privée disposait d’un fonds de 2 milliards de dollars, dont l’origine, cependant, était floue. Le nouveau gouverneur de la Banque de Maurice a apporté des clarifications à ce sujet, un mois après sa prise de fonction.

« De très bons économistes affirment encore que la Banque de Maurice a converti 2 milliards de dollars pour obtenir 80 milliards de roupies. Ce n'est pas du tout le cas, affirme Rama Sithanen. Il s'agit d'une simple création monétaire. Je peux vous assurer que la Banque centrale n'a procédé à aucune conversion de devises. L'argent a été créé électroniquement, par une simple frappe sur un clavier ».

La création monétaire a provoqué l'inflation et déprécié la roupie. Sur le principe, les économistes mauriciens considèrent cette mesure comme une solution de dernier recours, un remède de cheval pour sauver les industries durant la pandémie. Cependant, les modalités du fonds de 2 milliards de dollars interrogent. Est-ce vraiment le rôle d'une Banque centrale de créer une entité privée comme la Mauritius Investment Corporation ? Devait-elle réaliser des opérations privées telles qu'investir dans l'immobilier, acheter des actions et émettre des obligations ?

« C’est diluer le rôle de la Banque de Maurice »

Le nouveau gouverneur de la Banque centrale a son avis sur ces sujets : « Il existait un contexte particulier qui justifiait une intervention de la Banque centrale. Cependant, je ne suis pas convaincu qu'investir dans l'immobilier ou les actions fassent partie de ses missions principales. C’est diluer le rôle de la Banque de Maurice. Or, sa principle mission est la stabilité des prix, la santé financière du pays, la valeur de la roupie et un développement économique équilibré ».

En mai dernier, le FMI a recommandé à la Banque centrale de Maurice de se désengager de cette entité privée controversée. Pour leur part, les nouveaux dirigeants politiques mauriciens sont discrets au sujet des méthodes peu orthodoxes de l’ancienne administration de la Bank of Mauritius, invoquant le secret bancaire et la préservation de l’image de Maurice.

« Ce qui a mal tourné, c’est que la Banque de Maurice, qui devrait faire l’expansion monétaire, a utilisé des moyens très opaques, pas transparents du tout, pour imprimer de l’argent et utiliser cet argent pour favoriser des petits copains et des industries peu viables », estime l’économiste Kee Chong Li Kwong Wing. Résultat, les comptes de la Banque de Maurice se sont dégradés et nécessitent, selon les experts, une recapitalisation. Parallèlement, la Banque a saisi les autorités compétentes afin d'enquêter sur de potentielles malversations financières commises par l'ancienne administration.

Au Tchad, pas de solution face aux prix élevés du ciment
19 December 2024
Au Tchad, pas de solution face aux prix élevés du ciment

Au Tchad, la population trouve trop élevé le prix du sac de ciment, produit localement tout comme importé. Un sac de ciment de 50 kg se vend entre 8 500 et 11 500 francs CFA, soit 130 à 176 euros. Il est importé parfois du Maroc, du Nigeria ou du Cameroun, car l’usine de Baoré, au Tchad, n’arrive pas à produire comme il se devrait à cause de la crise économique. Avec ce prix élevé, beaucoup de Tchadiens n’arrivent pas à construire de maisons modernes. 

Avec notre correspondant à Ndjamena,

À Sabangali, dans le 3ᵉ arrondissement de Ndjamena au Tchad, Chérif a arrêté son chantier de construction depuis bientôt un an. Pour cause, la cherté des matériaux de construction en général et le ciment en particulier. « J’ai commencé le chantier depuis 2020. Et le sac, dans notre quartier, ici, varie de 9 000 à 12 000 FCFA le sac de 50 kilos par exemple, donc on ne sait à quel saint se vouer », se plaint-il.

Sur les réseaux sociaux ces derniers temps, les consommateurs ne cessent de critiquer le gouvernement tchadien. Ils demandent une réduction sur le prix du sac de ciment de 50 kg pour qu’il passe à 3 500 FCFA. Brahim Dadi, fonctionnaire tchadien, fait partie de ces requérants : « Ma demande a été plus insistante pour aider toute la population tchadienne à construire en dur. Aujourd’hui, le sac de ciment vendu à 8 600 FCFA à Ndjamena est vendu entre 15 000 et 22 000 FCFA en province. »

À écouter dans 8 milliards de voisinsBéton, ton univers impitoyable

Le ciment « made in Tchad » victime de la crise économique

L’arrivée en 2011 dans le Mayo-Kebbi Ouest de l’usine de la société nationale de ciment de Baoré (Sonacim) devait normalement répondre à ces préoccupations, car elle était censée ravitailler 700 tonnes par jour, soit 200 000 tonnes par an. Malheureusement, cette usine est presque mourante, elle n’arrive pas à produire le ciment « made in Tchad » à cause de la crise économique depuis 2016. « L’usine fonctionnait à perte puisqu’elle avait cassé les prix de vente de ciment. De 5 250, on est arrivé à 4 850 pour le PC 32,5. Et le PC 42,5, au lieu de 6 250, on a réduit à 5 250 le sac. Pour le moment, on n’a pas de stock dans notre silo parce qu’on est en crise », explique Benoit Koye Ndaye, le directeur adjoint de l’usine.

Les commerçants sont conscients de pratiquer des prix trop élevés. Cependant, ils pointent du doigt les tracasseries routières et les transports. « Si nous achetons cher et nous vendons moins cher, ça ne nous aide pas. Quand les grossistes nous amènent le sac à 8 300 FCFA, ils ont déjà mis dedans le [coût du] transport », détaille Abdel, vendeur dans le quartier Habbéna.

De nombreux Tchadiens demandent aux autorités d’exonérer de taxe la production de ciment et de subventionner les produits liés au processus de production. Cela permettrait selon eux de proposer des couts acceptables, comme au Cameroun voisin où un sac de ciment de 50 kg s’achète entre 3 500 FCFA et 5 000 FCFA ou au Nigeria qui le commercialise entre 2 500 FCFA et 3 000 FCFA.

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RDC: le Katanga se met à la culture du cacao pour diversifier ses ressources
18 December 2024
RDC: le Katanga se met à la culture du cacao pour diversifier ses ressources

Cultiver le cacao et la vanille, c’est nouveau dans la région du Katanga, en RDC. Plus de 50 000 plantules de cacao seront à terme plantées sur un champ d’expérimentation de deux hectares. Le projet, initié par une société à capitaux congolais, est en partie motivé par le niveau élevé des cours de la fève brune. Il s’agit aussi de vulgariser ces cultures pérennes dans la région du Katanga, où malgré la richesse minière, les populations sont pauvres.

Dans la plantation de la société Avantu services, à 43 km à l’est de Lubumbashi, Kim Mwape, âgé d’une vingtaine d’années, est l’un des paysans qui entretiennent des centaines des plantules de cacao. « Là, nous sommes en train d’enlever les feuilles mortes sur les plantes, explique-t-il. Si on les laisse, les feuilles vertes risquent aussi de sécher. C’est la première fois que je vois du cacao ».

Dans cette concession toute nouvelle, 20 hectares de cacao et deux hectares de vanille sont déjà emblavés. L’objectif est de cultiver 100 hectares de cacao pour diversifier l’économie de la région, principalement tournée vers les mines. « Nous avons compris que les mines s’épuisaient, observe Joe Mapasa, le directeur général d’Avantu services. Il y a quelques années, de l’aéroport jusqu’à Tumbwe, on avait 53 sociétés minières, chaque société employait pas moins de 100 personnes. Aujourd’hui, il n’en reste que trois. Si nous tournons l’économie vers l’agriculture comme celle du cacao et du café, je crois que tout le monde aura de quoi s’occuper parce que ça, c’est inépuisable. »

Ne plus toucher à la forêt

Mais il faut se conformer aux nouvelles exigences des pays importateurs. L’Union européenne s’apprête à interdire l’importation du cacao s’il provient de terres déboisées. L’Office national des produits agricoles du Congo, l’Onapac, accompagne les agriculteurs. « Nous sommes en train de montrer à la face du monde que les cultures sous contrôle de l’Onapac contribuent efficacement à l’équilibre écologique, souligne Pierre Pitro, ingénieur de l’office. Le cacao est planté sous les arbres. Et la communauté riveraine ne pourra plus toucher à la forêt pour brûler les arbres ou les couper pour faire la braise ».

Dans quatre ans environ, ces agriculteurs auront leur première récolte. Le directeur d’Avantu services, également directeur d’une usine de traitement de l’eau, entrevoit un bel avenir pour la transformation et la commercialisation du cacao congolais. « Moi-même, je suis dans l’industrie légère, et donc nous comptons transformer ce cacao, affirme Joe Mapasa. Le reste, nous allons l’exporter parce qu’il y a une forte demande. La production de la Côte d’Ivoire a chuté, aujourd’hui, ils n’ont plus de terre. La RDC doit récupérer cette place ! ».

Le chemin est encore long. Si certains villages et fermiers du Katanga se tournent vers la culture du cacao, la RDC a, selon l’Onapac, exporté 56 000 tonnes de cacao en 2023, loin du million de tonnes de la Côte d’Ivoire.

Tunisie: développer le tourisme culturel dans la région nord-ouest de Testour
18 December 2024
Tunisie: développer le tourisme culturel dans la région nord-ouest de Testour

En Tunisie, les cartes de la pauvreté et du tourisme se superposent en négatif. Plus on s’éloigne des régions littorales et du tourisme balnéaire, plus les indicateurs de développement dégringolent. Face à ce constat, une association tunisienne, Museum Lab – essentiellement financée par des fonds européens – tente de mieux faire connaître le patrimoine culturel et le potentiel touristique du nord-ouest de la Tunisie.

Dans les ruelles de Testour, à 80 km au sud-ouest de Tunis, grenades, fromages et crêpes locales font la joie des visiteurs du week-end. Étrangers et Tunisiens sont venus explorer la fameuse Via Bagrada, du nom latin de la vallée de la Medjerda.

L’association Museum Lab vient de lancer une application recensant les sites, les activités ou encore les tables d’hôtes et les hébergements de la région. Parmi les haltes qu’elle veut rendre incontournables : le site archéologique de Thignica. « C’est un nom lybique ou néo-punique qui a été latinisé », explique sur place le guide, Mohamed Halouani. Il s’agit de 50 hectares de ruines, en partie ensevelies et à découvrir. « Il n’y a même pas une pancarte pour expliquer, déplore un touriste. La visite est aussitôt interrompue par le gardien du site qui met quelques minutes à reconnaître l’autorisation du guide.

Formations en médiation culturelle

Rattrapés par la bureaucratie tunisienne jusque sur un site antique, les organisateurs veulent pourtant continuer de croire dans le désenclavement de la région. « Ces cinq dernières années, on a formé des jeunes en médiation culturelle qui auront ainsi un outil générateur de revenus, souligne Safa Chérif, la directrice du projet Via Bagrada chez Museum Lab. Sur les trois dernières années, à El Kef, on est parvenus à former plus de 70 bénéficiaires de ce genre de formations. »

Alors que Testour est la capitale de la grenade en Tunisie, qu’on appelle « romana » en arabe, Lamia Chékir Thabet, expert mandaté par l’Onudi pour accompagner le développement de projets créateurs d’emplois sur le terrain, œuvre à faire du fruit une des vitrines de la région. « Les acteurs et les opérateurs dans la région travaillaient pendant la saison, entre septembre et novembre, et après plus rien du tout et on s’est dit que c’était dommage que ce produit-phare de la région ne devienne pas un véritable moteur de développement économique. On a donc réuni tous ces acteurs et créé le concept : "Romana tour à Testour". »

Circuit à vélo, en kayak, expositions, sites archéologiques, routes des fromages ou de l’huile d’olive, des projets se multiplient et confluent tous vers un même objectif : sortir d’un tourisme encore centré principalement sur une offre balnéaire, dans un pays qui a attiré 9 millions de touristes l’an dernier.

Sénégal: quelle est la marge de manœuvre pour la renégociation des contrats stratégiques? [2/2]
16 December 2024
Sénégal: quelle est la marge de manœuvre pour la renégociation des contrats stratégiques? [2/2]

Point majeur des promesses de campagne des nouvelles autorités au Sénégal : la renégociation des contrats stratégiques (pétrolier, gaziers, miniers).  Pour ce faire, une commission a été mise en place au mois d’août qui est en charge d’examiner ces contrats afin de proposer les « correctifs nécessaires à la sauvegarde de l’intérêt national ». Mais de quelles marges de manœuvre disposent les autorités ?

Les renégociations pourraient porter sur des points très concrets. « Nous savons clairement que le gouvernement aurait besoin de ressources financières pour pouvoir investir sur son développement ou bien certaines priorités, souligne Aïda Diop chargée de programme principale au Natural Resource Governance Institute. De ce fait, la renégociation pourrait porter, par exemple, sur tout ce qui a trait avec la fiscalité. Il pourrait essayer de revoir certaines dispositions fiscales pour pouvoir maximiser peut-être la rente côté de l'État, cela pourrait aussi être tout ce qui a trait avec les clauses liées à l'aspect contenu local. »

Des négociations qui devraient d’abord débuter à l’amiable à la demande de l’État. En cas de litige ou d’irrégularités constatées, le Sénégal peut alors engager des procédures. « L'État, s'il constate par exemple qu'il y a eu des irrégularités graves sur la conclusion d'un contrat, peut initier une procédure d'arbitrage pour rechercher l'annulation de ces contrats-là », explique Mamadou Gacko avocat au barreau de Paris, spécialiste des questions d’arbitrage international. Des procédures qui peuvent être initiées « devant la Chambre de commerce international qui est à Paris, ça peut être devant le centre international des résolutions des différents liés aux investissements qui est à Washington », précise encore l’avocat qui exerce au sein du Cabinet DLA Piper.

Quels moyens pour la commission ?

Mais pour cela, l’État va devoir se doter de dossiers très bien ficelés. Le Sénégal dispose de ses experts et de son personnel administratif et ministériel. Il peut également faire appel à des forces extérieures. « Il y a notamment au sein de la Banque africaine de développement, une instance qui s'appelle la facilité africaine de soutien juridique qui a été mise en place par la banque et dont l'objet est précisément, entre autres, d'assister les États lorsqu'ils sont en phase de négociation ou de renégociation de contrat avec des investisseurs étrangers », souligne Mamadou Gacko.

« Évidemment, l'État doit consacrer les ressources nécessaires à ce processus pour en tirer le meilleur bénéfice. Cela implique de recruter, si nécessaire, des cabinets d'experts, des cabinets d’avocats qui vont venir fournir un appui sur des éléments précis de la négociation et apporter à l'État des ressources supplémentaires dont il ne dispose pas nécessairement en interne », ajoute-t-il encore. Sollicitées, les autorités sénégalaises n’ont pas précisé les budgets et moyens prévus pour le fonctionnement de la commission.

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Sénégal: comment préparer la renégociation des contrats stratégiques ? [1/2]
15 December 2024
Sénégal: comment préparer la renégociation des contrats stratégiques ? [1/2]

Promesse de campagne des nouvelles autorités au Sénégal : la renégociation des contrats stratégiques (pétrolier, gaziers, miniers…).  Pour ce faire, une commission a été mise en place au mois d’août qui est en charge d’examiner les contrats afin de proposer les « correctifs nécessaires à la sauvegarde de l’intérêt national ». Car avant de renégocier, des prérequis sont nécessaires.

Si la renégociation des contrats est monnaie courante, ce processus doit d’abord s’appuyer sur une commission dont les contours de la mission sont bien définis et qui pourra brosser la réalité de la situation. « D'aucun pense que les contrats du Sénégal ne sont pas bien négociés. Mais est-ce que c'est le cas ? », questionne Aïda Diop chargée de programme principale au Natural Resource Governance Institute. L’évaluation devrait ainsi permettre de déterminer si oui ou non, certains éléments des contrats n’ont pas été bien négociés sur la fiscalité ou l’embauche de main d’œuvre sénégalaise. « Cette évaluation préalable devrait être le fondement même du bien-fondé de la nécessité de renégociation », souligne-t-elle.

Autre élément à prendre en compte, le bénéfice temps-coût de l’engagement d’une négociation, voire d’une procédure, souligne encore Aïda Diop. « On sait qu'en général, si on annonce le souhait de vouloir négocier, ça peut jouer. Les investisseurs vont peut-être attendre d'avoir une plus grande clarté de la perspective. Et donc tout cela va impacter, détaille la spécialiste. Et on sait que par exemple, d'après toujours les évaluations, que chaque année de retard [sur un projet] a un impact significatif sur, par exemple, les prévisions budgétaires ou bien même par exemple la dette, etc. »

Se préparer aux procédures d'arbitrage

Mamadou Gacko travaille au sein du cabinet DLA Piper. Il est avocat au barreau de Paris, spécialiste des questions d’arbitrage international. Toute action doit être minutieusement préparée en cas de procédures d’entreprises qui se sentiraient lésées. « L'État doit faire très attention avant d'initier ce levier-là. Parce que dès lors que le contentieux démarre naturellement, l'investisseur aura aussi des demandes à présenter et ça peut se retourner contre l'État si la procédure n'est pas très bien préparée en amont », met-il en avant.

« Ces risques sont notamment de subir des procédures d'arbitrage si l'investisseur estime avoir subi une discrimination, par exemple. Ou avoir été injustement traité par l'État et que ces droits, du coup garantis par des conventions internationales, n'ont pas été respectées. Et c'est dans ces procédures-là, ces investisseurs peuvent rechercher une compensation de leur préjudice et cela peut coûter des millions, voire des milliards à l'État si cette procédure aboutit favorablement à l'investisseur », poursuit l’avocat.

Par ailleurs, ces deux experts alertent sur la nécessaire communication autour du processus : à la fois pour rassurer les investisseurs, mais aussi gérer les attentes des Sénégalais.

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Les NFT, un passeport pour les œuvres des artistes africains
12 December 2024
Les NFT, un passeport pour les œuvres des artistes africains

Rendez-vous incontournable de l’art contemporain africain, la Biennale de Dakar, clôturée le 7 décembre, a pour la première fois dédié un pavillon aux œuvres digitales. Sécurisées par un NFT, un certificat d’authenticité numérique, ce crypto-art séduit de plus en plus d’artistes et de collectionneurs sur le continent.

Linda Dounia crée surtout des œuvres digitales et, à ses débuts, elle s’est heurtée à un manque d’opportunités pour les faire connaître à l’international. « Quand j’ai commencé ma pratique de l’art numérique, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas beaucoup d’espaces qui pourraient comprendre ce que je fais et qui pourraient le médiatiser », se souvient la jeune artiste sénégalaise. Il n’y a pas un grand marché pour ce médium-là en Afrique. » Elle regarde alors quelles sont ses options. « J’aurais pu émigrer quelque part, mais je ne voulais vraiment pas faire ça. J’ai entendu parler des NFT et je me suis penchée dessus. Un ami était déjà dedans, on en a parlé, et j’ai décidé de me lancer. »

Art digital, mais aussi peinture et photo

Linda Dounia se tourne donc vers les NFT (Non-Fungible Token ou jeton non fongible), c’est-à-dire des certificats de vente numériques qui garantissent l’authenticité et la traçabilité de l’œuvre. Cette ouverture sur le monde lui permet de conclure des partenariats avec des grandes galeries, comme Christie’s, ou des clients comme l’entreprise américaine IBM.

Elle est l’une des onze artistes qui ont été exposés dans le pavillon NFT à la Biennale de Dakar. À ses côtés, d’autres artistes digitaux, mais aussi des peintres ou des photographes. « J’ai voulu prendre cet éventail d’artistes et de disciplines pour montrer que les NFT sont applicables absolument à tout, explique Anna-Alix Koffi, directrice de création franco-ivoirienne et commissaire du pavillon. Le NFT, c’est le contrat que vous donnez, donc une œuvre est NFT du moment qu’elle est “mintée”, qu'on lui a accolé un certificat électronique. Tout ce qui est physique peut être aussi NFT. »

Visa pour l’autonomie des artistes

Avec ce pavillon, la commissaire veut promouvoir ce mode de vente auprès des artistes africains qui se heurtent parfois à des difficultés pour voyager. « Avoir son visa pour se rendre à une biennale, à une foire ou à son exposition, on peut penser que c’est élémentaire, mais ça ne l’est pas, souligne Anna-Alix Koffi. Beaucoup sont bloqués et restent là, les œuvres sont plus mobiles que les artistes. ». Anna Alix Koffi voit donc les NFT comme un visa pour l’autonomie des artistes.

Grandes galeries et petits collectionneurs

Côté collectionneurs, certains sur le continent s’intéressent aux NFT depuis plusieurs années. Le développement des NFT leur permet de trouver des œuvres d’artistes émergents à des prix raisonnables. « C’est super pour les petits collectionneurs, pour les gens qui commencent, ou les jeunes qui s’intéressent à l’art, observe Kenza Zouari, galeriste et collectionneuse tunisienne. Pour un collectionneur, ce qui est intéressant, c'est le challenge derrière. Ok, j’achète cette œuvre, mais comment est-ce que je la montre ? Comment est-ce que je l’expose ? Est-ce que j’investis dans un écran ou est-ce que je l’imprime ? » Avec les NFT, les artistes peuvent vendre leurs œuvres en direct sur des plateformes en ligne. Mais des intermédiaires restent souvent nécessaires pour faire un travail de pédagogie.

 

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