Olivia Mangue, l’élégance africaine et européenne qui fait bouger les lignes
12 April 2025

Olivia Mangue, l’élégance africaine et européenne qui fait bouger les lignes

100 % création

About

Olivia Mangue, designer de mode et entrepreneuse gabonaise, a un parcours atypique qui l'a menée de la couture familiale à la création de sa marque, MOA Création. Nous l'avons rencontrée lors de la dernière édition du Yas Fimo 228, où elle a présenté une collection intitulée Élégance Résiliente. Cette collection aux teintes de blanc, noir, rose et orange symbolise l'espoir, la force et la détermination dans la lutte contre le cancer.

Les vestes, pantalons et jupes ornées de raphia et de perles ajoutent une touche artisanale. Olivia Mangue rend ainsi hommage à la résilience des femmes et en participant à la 12ème édition du Yas Fimo 228 de Lomé, un monde sans cancer, la fondatrice de MOA Création sensibilise également le public à la lutte contre le cancer.

La création est à la première place. Je suis vraiment à fond dans tout ce qui est mode et je peux dire que cela prend une place importante parce qu'aujourd'hui, personnellement, la création cela passe avant tout.

Olivia Mangue, designer de mode et fondatrice de la marque MOA Création : « L'histoire qui est derrière le nom de la marque, c'est mon histoire parce que MOA c'est mon nom et mes deux prénoms, donc Mangue, Olivia, Apolline. Cela veut aussi dire Model of Africa. »

Olivia Mangue est née à Libreville, au Gabon. Elle a exercé en entreprise dans le domaine des ressources humaines, mais passionnée par la mode dès son enfance et le mannequinat à son adolescence, quand elle décide de se lancer dans l'entrepreneuriat, elle choisit de vivre de sa passion : la mode. La créatrice gabonaise installée à Brest, en Bretagne, dans le nord-ouest de la France, a été influencée par sa mère couturière. 

« Ma mère est couturière, j'ai appris la couture avec elle quand j'étais toute petite. J'ai aussi appris un peu toute seule, en autodidacte. Et depuis l'année dernière, je fais une école de mode à Paris. Je suis à la Couture Brigade où j'ai appris le modélisme et la couture, cette année, je suis en année de stylisme. Un vêtement de luxe avec des finitions de luxe, c'est complètement différent. Ce n’est pas le même univers. Quand je me suis lancée, je faisais des vêtements sans pour autant prêter attention aux finitions. Chose qui est très importante. En faisant cette école, justement, j'ai pu acquérir ces compétences, notamment sur des finitions à la main, avec des coupes. C'est vraiment important. C'est bénéfique pour moi parce que je vais emmener la marque dans un autre niveau. J'ai décidé de lancer MOA Création comme je confectionnais des vêtements pour moi et mon entourage appréciait ce que je faisais. À chaque fois, ils me demandaient "tu as acheté ce vêtement où ?" Je répondais : "c'est moi qui l'ai dessiné et confectionné." C'est comme cela que je me suis dit "pourquoi ne pas sauter le pas et m’y mettre à fond ?" C'est ainsi que j'ai créé MOA Création », raconte-t-elle.

En autodidacte, Olivia Mangue explore la couture et développe ses compétences. Elle s'inspire des années 80 etpropose l'union de l'élégance africaine et européenne. Gabon, Côte d'Ivoire, France, Sénégal ou Ghana. La créatrice gabonaise veut faire connaître son travail au plus grand nombre. Mais c'est à Abidjan qu'elle a ouvert son atelier.

« Je travaille beaucoup avec des artisans locaux, notamment en Côte d'Ivoire, parce que j'ai une demande de clientèle qui ont des robes assez spécifiques, donc, il faut faire des tissus sur mesure dans les ateliers, en Côte d'Ivoire. C'est beaucoup de bouche à oreille, puisque les autres stylistes veulent tout garder pour eux. C'est compliqué de tomber sur de bons artisans. Aujourd'hui, j'ai un bon réseau au niveau de la Côte d'Ivoire, ce n’est pas mon pays, c'est vrai, mais j'ai beaucoup plus d'opportunités dans ce pays que chez moi. Après, au niveau de la demande, plus la demande est grande, plus nous avons du mal à suivre pour la production parce que les quatre couturiers travaillent individuellement. Je suis en train d'essayer de m'orienter un peu à l'étranger. Notamment en Turquie pour la confection des tissus directement avec les designers, afin de l’expédier dans l’atelier en Côte d'Ivoire pour que cela soit fait sur place », explique-t-elle.

Le succès entraîne également des défis de production, notamment lors de collaborations. La demande croissante pour ses vêtements a mis en lumière la nécessité de renforcer la chaîne de production de MOA Création pour répondre aux attentes. 

« J'avais collaboré avec une coach très influente sur les réseaux C'était ma première collaboration, le plus gros défi, c'était de répondre à la demande. Je pensais avoir quelques commandes, mais c'était énorme ! Il y avait tellement de demandes que je n'ai pu répondre qu’à une partie. Elle avait porté l'une de mes créations et j'avais eu tant de demandes que je me suis retrouvé vraiment à court de pouvoir produire. Les quatre couturiers, à l'atelier, ne sont pas assez efficaces pour pouvoir répondre à une telle demande, surtout s'il faut expédier assez rapidement. Il faut remédier à ce problème en travaillant sur ce point-là pour l’améliorer à l'avenir », affirme-t-elle.

Olivia Mangue lance MOA Création en 2020, une marque avec laquelle elle cherche à redonner confiance aux femmes. « MOA Création, c'est une marque qui veut valoriser le continent africain. C'est pour cela que c’est aussi Model of Africa. Aujourd'hui, nous ne sommes pas reconnus dans le milieu de la mode en Europe. Pour avoir participé au défilé à Paris, par exemple, il n'y a pas beaucoup de designers, beaucoup de créateurs africains. Pour moi, les valeurs de MOA Création c'est de mettre en avant la mode africaine et aussi d'accompagner des femmes. Des femmes, par exemple, qui n'ont pas confiance en elles, qui aimeraient avoir confiance en elles. Parce que dans ma formation, je suis aussi des cours de stylisme pour pouvoir relooker des femmes qui ont perdu confiance en elles et qui aimeraient rebondir », précise-t-elle.

Olivia Mangue aspire à former de nouveaux talents en Afrique en maintenant des standards de qualité élevés et à faire évoluer l'industrie de la mode sur le continent. « Moi, mon but, c'est de former d'autres personnes, parce que je me dis que si j’acquière quelque chose de bon, c'est mieux aussi de l'enseigner à d'autres. J’ai MOA Création, mais à la longue, avec les formations que je ferai, puisque je vais en faire d'autres, ce serait pour former des jeunes en Afrique. Afin d’arriver à un niveau avec lequel nous pourrions avoir des usines de fabrication comme en Turquie ou en Chine. En Afrique, il n'y en a pas ou presque pas. Tu as des petits ateliers où tu as quelques personnes, mais des usines de fabrication, il n'y en a pas. En Afrique, il y a des formations avec lesquelles tu vas chez un couturier, tu vas apprendre à couper un tissu. Tout le monde peut le faire, mais faire un vêtement prêt à porter haut de gamme, je ne pense pas. Parce que cela demande une rigueur et des finitions différentes qu'un vêtement prêt à porter que tu vas retrouver dans la moindre boutique du quartier. C'est cette culture que nous n’avons pas encore vraiment en Afrique. Mon objectif, ce sera à la longue justement de former ces personnes pour que nos créations puissent se retrouver un jour sur des plateaux, sur des tapis rouges, à Paris ou ailleurs dans le monde », détaille-t-elle.

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