L'océan en bijoux: Jolan Trécherel et Karbon s'engagent pour un futur durable
31 May 2025

L'océan en bijoux: Jolan Trécherel et Karbon s'engagent pour un futur durable

100 % création

About

La France et le Costa Rica co-organisent la 3eme Conférence des Nations unies sur l’Océan. Elle se tiendra à Nice, du 9 au 13 juin prochain. 100% création vous propose de découvrir le parcours engagé de Jolan Trécherel, un entrepreneur breton passionné. Fondateur de Karbon, une marque de bijoux avec du carbone recyclé issu des voiliers de course au large, il sublime et valorise des déchets de carbone en bijoux et œuvres d’art.

À la base, je suis un bureau d'études/techniques, je fais le dessin en 3D, des plans. J'ai toujours voulu lier l'entrepreneuriat au sport. C'est des rencontres, des fois, c'est le hasard. Je veux lier ces évènements sportifs, la technique, raconter des histoires, aller sur des événements et c’est des aspects que je n'avais pas envisagés auparavant

Jolan Trécherel, fondateur de Karbon, une marque de bijoux avec du carbone recyclé

J'ai appris récemment par ma mère qui fait des cours de breton, que Karbon veut dire carbone en breton.

Né à Quimper, Jolan Trécherel a beaucoup voyagé en Europe, en tant que sportif de haut niveau en voile. Il a suivi des études d’architecte naval spécialisé en matériaux composites, notamment en carbone. Il a exercé son métier en Nouvelle-Zélande, puis à son retour en France, il travaille 10 ans en bureau d’études avant de lancer en parallèle son projet Karbon.

Une démarche innovante de récupération et de valorisation des chutes de carbone provenant des voiliers de course, notamment ceux ayant participé au Vendée Globe. « C'est une fierté de pouvoir, sur une demande d'un skipper ou d'une écurie, et de me dire "Ils me font confiance" pour valoriser une pièce qui a fait le Vendée Globe, le tour du monde, gagné une course et de trouver des solutions pour éviter que ces pièces n’aillent à la poubelle. Valoriser encore plus ses pièces et les transformer en œuvre d'art. C'est la demande "peux-tu me créer huit objets pour mes partenaires provenant de mon bateau qui a fait le Vendée Globe ?" Prolonger l'histoire de ces pièces, offrir à ces partenaires qui ont cru en lui et investi dans son projet et ces éléments permettent de proposer une pièce qui va aller sur le bureau des partenaires. Cette pièce qui a fini quatrième ou cinquième du Vendée Globe. Un bel objet. Pas juste un déchet. Nous avons quelque chose de valorisé en pièces magnifiques. »

Karbon voit le jour en 2014. Jolan Trécherel, toujours architecte naval, fait évoluer progressivement ce projet jusqu’à la création de la marque en 2022. Une marque développée en Bretagne, près de l’océan. 

« Nous avons conns avec moins d'écuries, mais des écuries plus prestigieuses sur des projets beaucoup plus haut de gamme. »struit notre écosystème localement, principalement en Bretagne. Nous avons aussi des partenaires d'écuries de course au large françaises et internationales. La première chute, que j'ai reçue il y a très longtemps et que j’ai travaillée, c'est une toute petite chute du bateau de Vincent Riou. Petit à petit, nous avons développé des projets avec Sébastien Simon, avec Boris Herrmann, le skippeur allemand qui a été notre premier partenaire sur le long terme et nous travaillons toujours ensemble. Pour Boris, nous avons utilisé des chutes de carbone de fabrication du bateau, des chutes qui n'ont pas navigué, mais aussi des pièces qui ont pu casser en mer, comme des foils, des mâts. C'est à partir de ce moment que la marque s'est fait connaître dans le milieu de la course au large. Nous avons travaillé avec des trimarans qui font le tour du monde et d’autres partenaires français en course au large. Dernièrement, nous travaillo

En récupérant le carbone destiné à la poubelle, Jolan Trécherel lui redonne une nouvelle vie en créant des bijoux, des œuvres d’art ou des pièces haut de gamme. Mais ces pièces racontant une histoire forte quelle que soit leur taille.

« Nous avons eu au début commencé par des bijoux les plus petits possibles, parce que nous avions peu de matière. Aujourd'hui, nous en avons presque trop parce que nous sommes sollicités par des équipes, des chantiers, des circuits de voile à l'international. Nous avons des demandes de pièces qui vont jusqu'à quatre mètres. Cela dépend des projets et de la matière récupérée. Par exemple, pour Boris Herrmann, nous avions des chutes de fabrication, donc, du tissu qui n'était pas encore cuit parce que le carbone, il faut le cuire pour le rendre solide. En collaboration avec l'équipe, nous avons créé une collection destinée au marché allemand pour Boris, c'était des petits objets qui devaient rester en entrée de gamme selon le cahier des charges de l'équipe. Pour d'autres projets un peu plus prestigieux, nous pouvons récupérer un morceau de mât, un foil et ce sont des pièces qui sont quand même très belles esthétiquement, qui ont des formes impressionnantes, nous ne les découpons pas, nous allons créer des œuvres d'art. C'est un développement de la marque en objet d'exception, joaillerie et œuvre d'art. »

Le travail du carbone recyclé nécessite de trier et de sélectionner la matière, ainsi que de développer des outillages spécifiques.

« C'est une matière assez complexe à travailler et encore plus à partir de chutes. Nous sélectionnons le carbone. Nous n’avons pas forcément les propriétés mécaniques du carbone, de la résine, donc, nous sommes obligés de trier, sélectionner, réchauffer. Cela peut être du carbone périmé, abîmé. Nous avons créé un tout un système en interne pour tout le cycle de valorisation de la matière. L’outillage a été créé petit à petit, parce que personne ne le faisait. À part construire des bateaux, construire des voitures de course, personne ne valorisait le carbone en si petite taille, dimension. Nous avons créé notre propre outillage avec les financements d'une banque en Alsace pour nous permettre d'investir dans des machines spécifiques à ce développement. »

En collaborant avec des partenaires de l’univers de la course au large et en s’inspirant de la nature océanique (baleines, corail, formes marines), l’approche de Jolan Trécherel de va au-delà du simple recyclage : elle témoigne de l’importance de prolonger la vie des matériaux, de respecter la mer et de valoriser l’histoire humaine et sportive autour d’une performance.

Mais ce n’était pas une évidence. « Je me suis posé la question au début de dire, d’assumer, de faire savoir que nous travaillions les chutes de carbone ? On m'avait dit "non ! du carbone usagé, ce n’est pas bien, pas valorisant, il faut du carbone neuf !" Moi, je n'étais pas d'accord. Peut-être que c'était un peu trop tôt parce qu’après la période Covid-19, il y a eu une remise en question pour tout le monde. Ce qui était important, c'était prolonger l'histoire de la pièce. Sublimer la matière, nous savions le faire, mais prolonger l'histoire sportive de la pièce, c'est cela qui était intéressant. En comparaison de deux bijoux identiques, la personne va choisir la pièce qui a une histoire, qui a couru à travers les océans. C’est cette histoire qui plait, qui attire les sponsors, les marques, les écuries. Nous savons sublimer et prolonger l'histoire. Nous savons combiner les deux. »

 

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