< Job 29

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[1] Job prit de nouveau la parole sous forme sentencieuse et dit:
[2] Oh! que ne puis-je être comme aux mois du passé, Comme aux jours où Dieu me gardait,
[3] Quand sa lampe brillait sur ma tête, Et que sa lumière me guidait dans les ténèbres!
[4] Que ne suis-je comme aux jours de ma vigueur, Où Dieu veillait en ami sur ma tente,
[5] Quand le Tout-Puissant était encore avec moi, Et que mes enfants m'entouraient;
[6] Quand mes pieds se baignaient dans la crème Et que le rocher répandait près de moi des ruisseaux d'huile!
[7] Si je sortais pour aller à la porte de la ville, Et si je me faisais préparer un siège dans la place,
[8] Les jeunes gens se retiraient à mon approche, Les vieillards se levaient et se tenaient debout.
[9] Les princes arrêtaient leurs discours, Et mettaient la main sur leur bouche;
[10] La voix des chefs se taisait, Et leur langue s'attachait à leur palais.
[11] L'oreille qui m'entendait me disait heureux, L'oeil qui me voyait me rendait témoignage;
[12] Car je sauvais le pauvre qui implorait du secours, Et l'orphelin qui manquait d'appui.
[13] La bénédiction du malheureux venait sur moi; Je remplissais de joie le coeur de la veuve.
[14] Je me revêtais de la justice et je lui servais de vêtement, J'avais ma droiture pour manteau et pour turban.
[15] J'étais l'oeil de l'aveugle Et le pied du boiteux.
[16] J'étais le père des misérables, J'examinais la cause de l'inconnu;
[17] Je brisais la mâchoire de l'injuste, Et j'arrachais de ses dents la proie.
[18] Alors je disais: Je mourrai dans mon nid, Mes jours seront abondants comme le sable;
[19] L'eau pénétrera dans mes racines, La rosée passera la nuit sur mes branches;
[20] Ma gloire reverdira sans cesse, Et mon arc rajeunira dans ma main.
[21] On m'écoutait et l'on restait dans l'attente, On gardait le silence devant mes conseils.
[22] Après mes discours, nul ne répliquait, Et ma parole était pour tous une bienfaisante rosée;
[23] Ils comptaient sur moi comme sur la pluie, Ils ouvraient la bouche comme pour une pluie du printemps.
[24] Je leur souriais quand ils perdaient courage, Et l'on ne pouvait chasser la sérénité de mon front.
[25] J'aimais à aller vers eux, et je m'asseyais à leur tête; J'étais comme un roi au milieu d'une troupe, Comme un consolateur auprès des affligés.